Le poème Harmonie du soir de Charles Baudelaire est un texte qui aborde plusieurs thèmes chers à l’auteur, tels que le vertige, la synesthésie, le spleen et la dimension religieuse. Composé de quatre quatrains formés d’alexandrins, il utilise la forme fixe orientale du pantoum, qui consiste en une reprise des vers 2 et 4 de chaque strophe pour les placer aux vers 1 et 3 de la suivante. Cette structure apporte une harmonie régulière et lancinante, qui renforce l’effet vertigineux du texte.

Le vertige est présent dès les premiers vers, avec l’utilisation des deux rimes en "oir" et "ige", qui créent une impression de tournoiement. Les différentes sensations évoquées dans le poème (vue, ouïe, odorat) se répondent et s’entremêlent, créant des synesthésies qui illustrent les correspondances entre les sens, un thème cher à Baudelaire. Le chiasme présent au vers 4 ("Valse mélancolique et langoureux vertige") reflète l’effet de tourbillon d’images et de sensations qui envahit le poète.

Cependant, le tournoiement agréable tourne rapidement au malaise, reflétant le spleen baudelairien. L’antithèse entre ombre et lumière est présente, avec une association de l’ombre au néant et des ténèbres, et de la lumière au passé et au souvenir de la femme aimée. Cette dualité est une constante chez l’auteur, qui exprime ainsi son désenchantement face au monde.

Enfin, le texte présente une dimension religieuse, avec l’utilisation de termes tels que "ostensoir", "reposoir" ou "encensoir". Cette dimension sacrée renforce la valeur du sentiment amoureux, qui se pare ici de mystère et de transcendance.

En conclusion, Harmonie du soir est un poème qui évolue à travers différents thèmes et impressions. La forme fixe du pantoum, associée aux rythmes et aux sonorités, renforce l’harmonie régulière qui contraste avec le vertige et le spleen. La synesthésie et la dimension religieuse ajoutent une dimension supplémentaire au texte, qui révèle toute la richesse de la poésie de Baudelaire.