Analyse de L'horloge de Baudelaire

Analyse de L'horloge de Baudelaire

Commentaire composé

Dans ce poème, Baudelaire explore la condition humaine à travers une représentation dramatique du temps, mettant en lumière l'obsession de la fuite du temps, l'accélération inexorable de celui-ci, et la lutte perpétuelle entre l'homme et le temps.

 

**I. Une représentation dramatique du temps**

 

1. **La présence obsessionnelle de la fuite du temps**

 

Dès le début, le poème aborde la fuite du temps avec une intensité dramatique. L'horloge est personnifiée en un "dieu sinistre, effrayant, impassible", et son tic-tac incessant devient une menace constante : “Trois mille six cents fois par heure, la Seconde Chuchote: Souviens-toi! -”. Cette répétition obsédante de "Souviens-toi" en différentes langues ("Remember! Souviens-toi! prodigue! Esto memor!") souligne l'universalité de cette préoccupation humaine face au temps qui s'écoule.

 

2. **L'accélération du temps**

 

Le poème illustre également l'accélération du temps, où le plaisir s'évanouit rapidement, comparé à une "sylphide au fond de la coulisse". L'image du jour qui décroît et de la nuit qui augmente symbolise la mort qui se rapproche, tandis que le sablier se vide inéluctablement. L'approche de l'heure de la mort est soulignée par le vers “Tantôt sonnera l'heure”.

 

**II. La portée philosophique du poème**

 

1. **Le combat entre l'homme et le temps**

 

Le poème met en scène un combat entre l'homme et le temps, symbolisé par l'alternance des rimes féminines et masculines. Le temps est décrit comme un monstre dévorant chaque instant de plaisir accordé à l'homme, soulignant la lutte constante et inégale entre l'humanité et le temps.

 

2. **La toute-puissance du Temps**

 

L'horloge est élevée au rang de divinité, renforçant l'idée de la toute-puissance du temps. La personnification du temps en un démon qui "pompe la vie" des hommes et la glossolalie du poète, signe de possession démoniaque, intensifient cette image. Le temps est décrit comme un joueur avide qui gagne toujours, illustrant l'inéluctabilité de la mort et la vanité de la lutte humaine contre le temps.

 

3. **Une allégorie de la condition humaine**

 

Le poème devient une allégorie de la condition humaine, où les hommes sont pris dans l'étau du temps. La vie humaine est limitée, en contraste avec l'éternité du temps. Baudelaire reproche aux hommes de gaspiller leur temps précieux en frivolités, les exhortant à extraire "l'or" de chaque minute. Le repentir, même à l'heure de la mort, est dépeint comme futile : “Où le Repentir même [...] te dira Meurs, vieux lâche! il est trop tard!”

 

**Conclusion :**

 

A travers ce poème, Baudelaire capture l'essence de la condition humaine face au temps : une lutte constante et désespérée contre une force inéluctable et toute-puissante. Le temps, personnifié en un dieu sinistre ou un démon vorace, symbolise l'angoisse universelle de la mortalité et l'obsession humaine de la fuite du temps. Cette représentation dramatique du temps souligne la fragilité de l'existence humaine et l'importance de chérir chaque instant de la vie.


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