Analyse de Spleen IV, Quand le ciel bas et lourd de Baudelaire

Analyse de Spleen IV, Quand le ciel bas et lourd de Baudelaire

Commentaire composé

Introduction

 

Charles Baudelaire, dans son œuvre "Les Fleurs du Mal", explore souvent des thèmes sombres et profonds. Un de ses poèmes les plus emblématiques, illustrant parfaitement le concept de spleen, transforme un poème romantique en une tragédie. Ce poème, par son imagerie et sa structure, dépeint un combat intérieur où la mort et la mélancolie prédominent. Nous allons examiner comment Baudelaire utilise la métaphore filée de la prison et le malaise grandissant du poète pour créer une œuvre tragique.

 

I) La métaphore filée de la prison

 

Dès les premiers vers, Baudelaire instaure une atmosphère oppressante et enfermante. Le ciel lui-même devient un couvercle lourd, écrasant l'esprit du poète. Cette image du ciel comme un couvercle illustre la sensation d'enfermement et d'immobilité. L'horizon, qui devrait symboliser l'ouverture et la liberté, se transforme en une frontière intransigeable, versant un jour noir et désespérant. La terre, au lieu d'être un espace de vie, devient un "cachot humide", renforçant cette idée de prison. L'Espérance, personnifiée en une chauve-souris, se heurte aux murs et aux plafonds pourris, symbolisant l'impossibilité de s'échapper de cette prison mentale. La pluie, avec ses traînées immenses, évoque les barreaux d'une cellule, et les araignées tissant leurs toiles dans les cerveaux représentent une autre forme de captivité, celle de l'esprit.

 

II) Le malaise grandissant du poète

 

Le poème dépeint un malaise croissant, où le poète se trouve pris dans un tourbillon de souffrance et de désespoir. Le ciel bas et lourd, pesant sur l'esprit, symbolise un fardeau inéluctable. L'horizon embrassant tout le cercle crée un paysage état d'âme, reflétant la détresse intérieure du poète. L'Espérance, transformée en chauve-souris, évoque un espoir vain et désespéré. Les allitérations et les sonorités accentuent cette sensation de douleur et de confinement. La transition de la prison extérieure à celle de l'esprit souligne l'isolement et la solitude du poète. Les cloches qui sautent avec furie et les esprits errants sans patrie qui gémissent traduisent un monde intérieur tourmenté et chaotique. La dernière strophe, avec ses images de corbillards et d'Angoisse plantant son drapeau noir, symbolise la capitulation finale du poète face à ses démons intérieurs.

 

Conclusion

 

Baudelaire, dans ce poème, illustre magistralement la tragédie du spleen baudelairien. La métaphore filée de la prison et le malaise grandissant du poète créent une atmosphère de désespoir et de fatalité. Le poète, en lutte constante contre ses démons intérieurs, finit par succomber à l'angoisse, illustrant ainsi la profondeur de sa souffrance et de son isolement. Ce poème est un exemple poignant de la manière dont Baudelaire transforme le romantisme en tragédie, reflétant sa vision sombre et désenchantée du monde.


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