Analyse de Correspondances de Baudelaire
Poème
Correspondances
La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.
Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
II est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
- Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,
Ayant l'expansion des choses infinies,
Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,
Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.
Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal
Commentaire composé
Comment dans ce poème Baudelaire décrit-il le monde de façon synesthésique afin de définir la fonction du poète ?
Ce poème est un sonnet. Les deux quatrains posent le cadre du poème, c’est-à-dire l’idée d’une nature sacrée et hermétique. Les rimes embrassées apportent un sentiment d’apaisement. Les tercets permettent de nous envoûter grâce au développement de la synesthésie qui nous transporte du monde des perceptions (“les parfums, les couleurs, les sons”) au monde des idées en nous montrant que nous faisons partie de l’harmonie de la nature.
I) Une perception synesthésique du monde
“Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.” : Baudelaire nous propose une synesthésie qui permet de faire une sorte de miroir entre ces trois perceptions sensorielles. Cela montre que l’homme est en symbiose avec la nature.
“Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants, Doux comme les hautbois, verts comme les prairies” : Ces vers renvoient à la nature simple et fraîche de l’homme. Cependant, Baudelaire veut montrer que la nature humaine est double puisque l’homme est aussi un être culturel et religieux : “- Et d'autres, corrompus, riches et triomphants, Ayant l'expansion des choses infinies, Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens, Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.”
Les enjambements mettent en valeur les mots “symboles” et “confondent” afin de valoriser la synesthésie et de renforcer l’harmonie.
Les sonorités sont là pour renforcer la synesthésie. On observe une allitération en [s] qui, associée au symbole de la Nature, rend le poème doux et apaisant.
II) La fonction du poète
“La Nature est un temple où de vivants piliers” : On observe ici une verticalité qui montre que le poète a la volonté de se rapprocher de Dieu. La nature est un lieu sacré.
“Laissent parfois sortir de confuses paroles ;” : Le poète a pour fonction ici d'interpréter ce que dit Dieu : c’est un poète messianique qui une mission de transmission de la parole de Dieu.
“L'homme y passe à travers des forêts de symboles” : C’est un poème symboliste et les symboles sont les arbres. On observe encore la fonction d'interprétation des messages venant du ciel. Le poète est celui qui sait interpréter les signes divins pour les communiquer aux hommes ordinaires.
“Qui l'observent avec des regards familiers.” : La nature divinisée et personnifiée observe le poète avec bienveillance.
Écrire commentaire