Le temps est-il le malheur de la conscience ?

Le temps est-il le malheur de la conscience ?

Ce sujet pose le problème du bonheur. Hegel définit le bonheur comme l’accord de la conscience avec elle-même, ce qui provoque l’unité du sujet, la souffrance étant liée à la contradiction. Des philosophes comme Pascal montrent que le temps est l’expression du malheur de la conscience. En effet nous vivons tous les moments du temps au présent, passé et avenir. Le présent est toujours le même et jamais le même. Les souvenirs évoluent, les projets se renouvellent. « Le présent n’est jamais notre fin » écrit Pascal dans Les Pensées. Soit nous nous perdons dans les regrets, la nostalgie, soit nous ne parvenons pas à profiter des moments heureux parce qu’ils sont auréolés d’angoisse. Nous hypothéquons le présent par un avenir incertain : « Nous errons dans des temps qui ne sont pas les nôtres » écrit Pascal dans Les Pensées. D’autre part Heidegger rappelle que l’homme est le seul être à pouvoir anticiper sa mort.

Pourtant, l’homme peut maîtriser le temps en maîtrisant sa mémoire. Il y a une force vitale de l’oubli car si l’on n’oublie les rancunes et les regrets on ne peut éprouver le bonheur (Nietzsche dans Les considérations inactuelles). Le présent ne se réduit pas à sa représentation mathématique, il n’est pas ce qui est mais ce qui se fait démontre Bergson. Par exemple mon présent est le résultat de mes actions, de mon travail. Le présent peut être le dépassement de conflits passés, comme la sublimation dans l’art.

De la même manière, l’idée de la mort qui structure l’existence humaine ne la limite pas de façon absolue. « Vivre c’est être exposé à la possibilité de la mort » écrit Heidegger. Il y a toutes sortes de morts dans la vie : l’exclusion, la folie, la séparation… C’est ce sentiment de précarité qui caractérise l’existence humaine mais c’est pour échapper à ce sentiment de précarité que l’homme est voué à la passion, il a besoin d’oublier la mort, de dépasser sa finitude. Sartre montre bien dans ses œuvres que c’est dans le risque et la passion que nous éprouvons le plus de joie, c’est paradoxalement en risquant notre vie que nous oublions notre mort. Le bonheur relève de la volonté. La quête de l’unité pour le sujet humain se confond avec l’effort qu’il fait pour maîtriser son devenir.

Écrire commentaire

Commentaires: 0