La philosophie moderne et la mort
Pour la philosophie moderne (Heidegger, Sartre, Hegel…) on ne peut dissocier la mort et la vie. Par exemple au niveau biologique, la mort des cellules permet leur renouvellement. Au niveau de l’histoire il y a mort de l’individu mais survie de l’humanité. Vladimir Jankelevitch dans La Mort, dit qu’on peut banaliser la mort, en faire un événement extérieur à la vie mais dans certains cas, la mort qui ne m’atteint pas c’est la mort du point de vue du « on », ce sont les statistiques, les morts à l’autre bout du monde. Par contre, dit-il, il y a la mort du point de vue du « tu », c’est-à-dire la mort d’un être proche qui n’est plus un fait extérieur à ma vie, elle modifie mon existence. Il y a enfin la mort du point de vue du « je » qui est le fait qu’on ne peut penser notre existence en dehors de la mort. Heidegger se demande pourquoi la conscience de la mort qualifie notre existence : « L’animal ne meurt pas, il périt », seul l’homme a la capacité d’anticiper sa mort, de savoir qu’il va mourir. Avoir conscience de la mort c’est avoir conscience que notre vie est exposée au temps qui est irréversible. Lorsque nous agissons nous nous choisissons, c’est ce qu’on appelle la responsabilité, certains actes comme les injures ne peuvent pas s’effacer, de la même façon que lorsqu’on plante un clou dans un mur, sin on enlève le clou, le trou reste dans le mur. « L’homme est exposé à la mort comme la maison au soleil du midi » dit Heidegger. Vivre c’est être exposé à la possibilité de la mort. L’exclusion, la folie sont des morts dans la vie. Etre c’est pouvoir ne plus être. Rien n’est jamais définitif. L’expérience humaine se caractérise par ce sentiment de vulnérabilité. La conscience de l’urgence de la vie, de la nécessité de vivre autrement est liée à la conscience de la mort, c’est une structure de notre existence.
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