L'homme nie la nature et sa propre nature par le travail et l'éducation

L'homme nie la nature et sa propre nature par le travail et l'éducation

On ne peut pas séparer l’éducation et le travail car l’éducation mène au travail, et qu’elle est aussi la conséquence du travail. Education et travail sont l’apanage de la condition humaine.

Pour Georges Bataille, l’homme est un animal dénaturé parce qu’il se caractérise par une double négation de sa nature : le travail et l’éducation qui font bien partie de la culture et qui sont une des spécificités de la nature humaine : le naturel est transformé par la culture. L’homme change le monde naturel par le travail. Il transforme la nature non seulement pour satisfaire ses besoins utilitaires (« L’homme produit ses moyens d’existence » dit Marx). Bataille ajoute : «  en changeant le milieu naturel il compose le monde humain ». Il faut faire une distinction entre le produit du labeur qui se consomme et la production des œuvres qui se caractérisent par la durée (édifices religieux, institutions politiques, œuvres techniques comme les barrages électriques, œuvres d’art). L’homme a besoin de se trouver dans un monde qui lui est familier. Il a besoin de beauté autour de lui pour être heureux.

L’homme nie sa propre nature par l’éducation. Kant écrit dans son Traité de pédagogie : « L’homme n’a pas d’instinct, il faut qu’il se fasse lui-même le plan de sa conduite ». L’instinct est un ensemble de comportements innés, héréditaires, caractéristiques de l’espèce (l’araignée se sert de son corps comme d’un instrument à tisser), « l’animal a une hérédité alors que l’homme reçoit un héritage… une génération éduque l’autre ». L’enfant à la naissance est un candidat à l’humanité, il a autant besoin d’amour que de nourriture. Freud montre que dès les premières semaines du nourrisson les désirs se greffent sur les besoins fondamentaux de son existence : les besoins animaux, et très vite le besoin de manger s’associe au désir de présence de la mère. La satisfaction d’un besoin vital pour l’homme n’est jamais purement biologique : à partir de la satisfaction de ses besoins l’enfant apprend à aimer et à communiquer.

Le travail et l’éducation sont liés : l’instruction c’est l’apprentissage d’un savoir manuel et intellectuel qui aboutit à un métier. On ne peut se prononcer sur l’antériorité du travail ou de l’éducation, est-ce que c’est la religion qui a poussé l’homme à travailler ? Le philosophe se démarque de la conception religieuse : un homme tout fait sorti du Créateur qui obéit au commandement de Moïse. Rousseau montre bien qu’on ne peut pas imaginer un premier homme avec certitude, qu’aussi loin qu’on puisse remonter c’est l’homme engendré par un autre homme et que l’état de nature de Rousseau est une hypothèse. Ce que nous pouvons affirmer c’est que l’humanité se caractérise par le travail et l’éducation, l’animal peut utiliser des outils, l’homme fabrique des outils pour faire d’autres outils. De la même manière, même si l’homme ne se conduit jamais selon un idéal de justice, il en a la possibilité parce que l’homme a une conscience instinctive, mais surtout la possibilité de se représenter lui-même. L’homme est capable d’être son propre législateur. Ce qui caractérise sa nature c’est d’être à cheval sur la nature et la culture. Merleau-Ponty dit : « Il est impossible de superposer chez l’homme une première couche de comportements que l’on appellerait naturels et un monde culturel et spirituel fabriqué ». C’est-à-dire qu’on ne peut séparer sa nature innée de ce qu’il en fait. Lucien Malson dit « Avant la rencontre d’autrui et du groupe, l’homme n’est rien que des virtualités aussi légères qu’une transparente vapeur. Toute condensation suppose un milieu, c’est-à-dire le monde des autres. »

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