Analyse sur Georges Perec, Les Choses, de « Ils auraient aimé être riche » à « leurs grandes rêveries impossibles n’appartenaient qu’à l’utopie ».

Analyse sur Georges Perec, Les Choses, de « Ils auraient aimé être riche » à « leurs grandes rêveries impossibles n’appartenaient qu’à l’utopie ».

Comment Georges Pérec met-il en évidence les mirages de la société de consommation ?

 

Le couple appartient à la classe moyenne et se sent coincé entre deux mondes : « Pour ce jeune couple, qui n’était pas riche, mais qui désirait l’être, simplement parce qu’il n’était pas pauvre, il n’existait pas de situation plus inconfortable ». Ils se sentent à l’étroit dans leur vie : « leur logement exigu ». Ils ont l’impression que seul l’argent pourrait faire leur bonheur alors que le bonheur ne peut se trouver qu’en soi-même : « Leurs plaisirs auraient été intenses ». Ils vont jusqu’à penser que la richesse les aurait rendus vivants puisqu’ils se sentent en dehors de ce qu’ils pensent à tort être la vraie vie : « Ils l’auraient respirée [la richesse] ». Le rythme haché produit par la succession de phrases courtes dans la description de leur perception de la richesse souligne la frustration du couple en mimant leur respiration coupée par l’émotion. L’emploi de l’irréel du passé : « Ils auraient aimé être riches » souligne l’impossibilité de réaliser leur rêve : « Mais l’horizon de leur désir était impitoyablement bouché ; leurs grandes rêveries impossibles n’appartenaient qu’à l’utopie ». Les beaux quartiers de Paris sont représentés comme un lieu de tentation diabolique, comme si les jeunes gens étaient prêts à vendre leur âme au diable pour s’y intégrer : « Paris entier était une perpétuelle tentation ». « les offres fallacieuses, et si chaleureuses pourtant, des antiquaires » sont une référence au roman La Peau de Chagrin de Balzac, au moment où le personnage de Raphaël qui a perdu tout son argent au jeu, passe un pacte avec l’antiquaire, incarnation du diable, afin de faire fortune, sans savoir que le prix à payer est celui de sa vie. Les deux personnages peints ici par Georges Perec sont littéralement dévorés par leurs ambitions matérielles qui leur font progressivement perdre leur humanité.

 

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