Commentaire composé du poème Une nuit qu'on entendait la mer sans la voir de Victor Hugo

Texte
UNE NUIT QU'ON ENTENDAIT LA MER SANS LA VOIR
Quels sont ces bruits sourds ?
Ecoutez vers l'onde
Cette voix profonde
Qui pleure toujours
Et qui toujours gronde,
Quoiqu'un son plus clair
Parfois l'interrompe... -
Le vent de la mer
Souffle dans sa trompe.
Comme il pleut ce soir !
N'est-ce pas, mon hôte ?
Là-bas, à la côte,
Le ciel est bien noir,
La mer est bien haute !
On dirait l'hiver ;
Parfois on s'y trompe... -
Le vent de la mer
Souffle dans sa trompe.
Oh ! marins perdus !
Au loin, dans cette ombre
Sur la nef qui sombre,
Que de bras tendus
Vers la terre sombre !
Pas d'ancre de fer
Que le flot ne rompe. -
Le vent de la mer
Souffle dans sa trompe.
Nochers imprudents !
Le vent dans la voile
Déchire la toile
Comme avec les dents !
Là-haut pas d'étoile !
L'un lutte avec l'air,
L'autre est à la pompe. -
Le vent de la mer
Souffle dans sa trompe.
C'est toi, c'est ton feu
Que le nocher rêve,
Quand le flot s'élève,
Chandelier que Dieu
Pose sur la grève,
Phare au rouge éclair
Que la brume estompe ! -
Le vent de la mer
Souffle dans sa trompe.
Victor Hugo, "Les voix intérieures"
Commentaire composé
En quoi ce poème est-il représentatif de l’esthétique romantique ?
I) Le paysage état d’âme
“Quels sont ces bruits sourds ?” : Le poème commence avec une question rhétorique qui reflète la pensée de Victor Hugo, qui est préoccupé par le sort des marins.
On retrouve un champ lexical des sons inquiétants dans la première strophe : “bruits sourds”, ”voies profondes”, “gronde”, “pleure”. De plus, il y a une allitération en “r” qui renforce le sentiment d’angoisse et de peur que ressent le poète.
Dans la première strophe, on retrouve également une personnification de la mer et du vent, la mer a une voix grave alors que le vent a une voix aigue. Ces deux voix sont perçues comme effrayantes.
“Comme il pleut ce soir !” : La pluie évoque les larmes versées par le poète romantique. Ce qui montre sa sensibilité au malheur des autres.
“Le ciel est bien noir, La mer est bien haute ! On dirait l'hiver ; Parfois on s'y trompe... -” : Ces vers montrent que les saisons sont inexistantes pour les marins puisque pour eux, c’est toujours l’hiver, le danger, la mort.
“Le vent de la mer Souffle dans sa trompe” : Ces vers sont repris tout au long du poème tel un refrain, pour insister sur la personnification du vent.
II) Un poème épique
“Oh ! marins perdus !” : Le poète éprouve de la compassion et se lamente sur le sort des marins.
“Au loin, dans cette ombre Sur la nef qui sombre, Que de bras tendus Vers la terre sombre !” : Le poète décrit l’horrible situation des marins, qui sont en train de se noyer.
“Le vent dans la voile Déchire la toile Comme avec les dents !” : La personnification du vent se poursuit avec une métamorphose en monstre.
“Là-haut pas d'étoile !” : Le poète nous donne l’impression que même Dieu a abandonné les marins, ce qui montre qu’il n’y a plus d’espoir pour eux. Cela contribue à la dramatisation de la scène racontée.
“L'un lutte avec l'air, L'autre est à la pompe.” : On assiste à un combat : les marins se battent avec le vent. Cela insiste sur l’absence d’espoir puisque l’Homme ne peut pas vaincre la nature.
“Chandelier que Dieu Pose sur la grève, Phare au rouge éclair” : Le phare est ici personnifié et sa lumière est comparée au salut. Le poète montre aussi que Dieu essaye de sauver les marins en mettant des phares sur leur chemin comme des cierges dans une église.
Ainsi, dans ce poème épique, le chef de file du romantisme, Victor Hugo, démontre que l’homme ne peut pas se sauver par ses oeuvres mais qu’il peut recevoir un miracle et être sauvé par sa foi.
Écrire commentaire
Aissat fatima (dimanche, 02 février 2020 15:33)
Je veux une carte montagne sur la poète