Analyse de « J’aime l’araignée et j’aime l’ortie » de Victor Hugo dans Les Contemplations
Victor Hugo commence son poème en montrant qu’il est un poète romantique. Il aime des êtres qui sont détestés par les autres et se positionne en défenseur : “J'aime l'araignée et j'aime l'ortie, Parce qu'on les hait”.
Ces êtres misérables ne sont pas respectés par les autres alors qu’ils ont des rêves eux aussi, comme tout autre être vivant. Cette haine que porte tout le monde face aux êtres misérables détruit leurs rêves et leur confiance : “Et que rien n'exauce et que tout châtie Leur morne souhait”. Grâce à l’enjambement sur le 4ème vers, on ressent la colère du poète et il transmet ce sentiment au lecteur.
Le thème de la fatalité est présent dans ce poème. Victor Hugo montre le destin tragique des araignées, qui sont considérés comme de “Noirs êtres rampants”. Les araignées, représentant la totalité des êtres misérables est décrite de manière péjorative, avec des adjectifs dépréciatifs “maudites, chétives, rampants”. Ces êtres misérables sont victimes de leurs propres pièges et ne peuvent pas s’en sortir. Une fois dans la misère, il est très difficile de s’en sortir, et le poète montre cela en faisant allusion à une araignée captive de sa toile. Cette strophe a une structure identique à la précédente : il y a un parallélisme, accentuant le côté misérable des araignées et des orties.
Victor Hugo utilise un vocabulaire de la tragédie et le registre tragique afin d’accentuer le fait que la misère est une fatalité : “Ô sort ! fatals noeuds !”.
Victor Hugo montre que les misérables sont fuis car ils sont le reflet de l’enfer dans lequel ils vivent, et qui terrifie les gens : “Parce qu'elles ont l'ombre des abîmes, Parce qu'on les fuit”. Victor Hugo présente les criminels comme des victimes puisque c’est la société qui pousse les pauvres au vol et à la prostitution, et la justice injuste qui transforme les voleurs en meurtriers, comme il le développe dans ses romans Les misérables, Claude Gueux et le dernier jour d’un condamné : “Parce qu'elles sont toutes deux victimes De la sombre nuit…” Ce poème est donc en résonance avec l’oeuvre de Hugo toute entière.
Victor Hugo ne parle plus de lui même, mais s’adresse à nous, lecteurs du poème. L’apostrophe “passants” séparé par une virgule ainsi que l’usage de l'impératif montre cela. Le registre pathétique montre la compassion du poète : “plante obscure” “pauvre”. Il utilise d’ailleurs les caractéristiques des araignées et de l’ortie, jugées par le monde, afin de dramatiser davantage le poème. Il y a une gradation ascendante, tout d’abord, Victor Hugo parle de la laideur, puis de la douleur pour arriver à la dimension spirituelle : “Plaignez la laideur, plaignez la piqûre, Oh ! plaignez le mal !”.
Victor Hugo montre que l’amour est nécessaire et forge l'identité d’une personne. En effet, le poète fait référence à la mélancolie et dévoile à nouveau son aspect romantique : “Il n'est rien qui n'ait sa mélancolie”. Victor Hugo insiste sur le fait que tout le monde a besoin d’amour pour vivre : “Tout veut un baiser”. Il se positionne en tant que poète messianique en relayant le message du Christ “Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés”. Victor Hugo montre que tout être humain mérite d'être aimé, dans la misère ou dans la prospérité : “Dans leur fauve horreur, pour peu qu'on oublie De les écraser”
Victor Hugo nous demande d’être moins orgueilleux, car au moindre geste de tendresse, un être habituellement rejeté reconnaîtra l’amour et se sentira aimé : “Pour peu qu'on leur jette un oeil moins superbe”. Même les criminels ont besoin d’amour : “Tout bas, loin du jour, La vilaine bête et la mauvaise herbe Murmurent : Amour !” Afin de rendre cette strophe émouvante, Hugo fait un jeu de tournure de phrases et de ponctuation. L’enjambement sur l’avant dernier vers donne un effet de rapidité avant la pause provoquée par la césure à l'hémistiche afin de mettre en valeur le mot “Amour”.
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