Analyse du Prologue de « Une saison en enfer » de Rimbaud

Analyse du Prologue de « Une saison en enfer » de Rimbaud

Problématique : Comment avec cette introduction qui ouvre le recueil Une saison en enfer, Rimbaud affiche ses intentions de dérouter et de surprendre en rejetant la Beauté, allégorie de la poésie classique ?

Dans ce poème liminaire du recueil Une saison en enfer, Arthur Rimbaud rejette la poésie classique en écrivant en prose tout en y insérant des effets poétiques.

On remarque une allitération en [f] dans la phrase “J'ai appelé les fléaux, pour m'étouffer”. Le [f] renvoie ici à l’étouffement de Rimbaud. Il y a aussi une allitération en [s] dans la phrase “m'étouffer avec le sable, avec le sang” qui évoque la souffrance qu’il ressent. Finalement, il utilise une gradation dans la phrase “Ô sorcières, ô misère, ô haine” .

Arthur Rimbaud s’exprime aussi de manière dramatique dans cette introduction, ce qui rappelle le théâtre. Par exemple, dans la phrase “Ô sorcières, ô misère, ô haine, c'est à vous que mon trésor a été confié !”, il parodie le Cid de Corneille, plus précisément le moment où Don Diègue dit “ô rage ! ô désespoir, ô vieillesse ennemie ! N’ai-je donc tant vécu que pour cette infâmie ?” 

Ce texte comporte aussi des lignes de dialogues donnant un effet théâtral: “Ah ! j'en ai trop pris : - Mais, cher Satan, je vous en conjure, une prunelle moins irritée !”

Finalement, ce texte est aussi un préambule de récit autobiographique car Rimbaud y retrace son histoire ainsi que ses différentes préférences en matière de poésie. Premièrement, il parle de son enfance paisible et heureuse dans la phrase “Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s'ouvraient tous les cœurs, où tous les vins coulaient”. Puis, dans la phrase “Je me suis enfui” Rimbaud renvoie à la fugue de chez lui ainsi qu’à son détachement de la poésie classique. La deuxième partie est beaucoup plus sombre que la description paisible de son enfance. Cette description représente l’adolescence sordide de Rimbaud.

Une fois adolescent, il fugue de chez lui car il n’adhère pas à la philosophie de ses parents. Cette fugue arrive au moment même où il rejette la poésie classique. Dans la phrase “Un soir, j'ai assis la Beauté sur mes genoux. - Et je l'ai trouvée amère. - Et je l'ai injuriée.”, la Beauté représente la poésie classique qui déplaît à Rimbaud.

Il ne s’inspire pas des muses comme ses contemporains mais préfère dédier son art à des entités plus sombres: “Ô sorcières, ô misère, ô haine, c'est à vous que mon trésor a été confié !” 

Rimbaud semble perdre la raison une fois qu’il atteint l’adolescence. Dans ce poème, il se dispute avec le diable, mais étant donné que Rimbaud était athée, le diable représente ici le côté noir de son esprit : "Tu resteras hyène, etc...," se récrie le démon qui me couronna de si aimables pavots”. Il exprime aussi des tendances suicidaires dans ce passage, preuve de sa santé mentale déficiente : “J'ai appelé les bourreaux pour, en périssant, mordre la crosse de leurs fusils. J'ai appelé les fléaux, pour m'étouffer avec le sable, avec le sang.”

Rimbaud réalise, par moments, la gravité de son immoralité. Il rejette même ses propres oeuvres car il les trouve trop exagérées, trop décadentes : “je vous détache des quelques hideux feuillets de mon carnet de damné.” Rimbaud trouve le courage de combattre ses démons intérieurs (“Mais, cher Satan, je vous en conjure, une prunelle moins irritée !”), ce qui symbolise un possible renouveau.

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