Analyse de « Rêvé pour l’hiver » dans Les Cahiers de Douai de Rimbaud

Analyse de « Rêvé pour l’hiver » dans Les Cahiers de Douai de Rimbaud

I) Une rêverie sentimentale

Dans les deux premiers quatrains le poète exprime son sentiment de bien être à travers sa rêverie sentimentale. En effet l’utilisation des mots “repose”, “coussins moelleux” et “Nous serons bien” renvoient à un sentiment confortable. De plus l’utilisation des mots “wagons roses” et “coussins bleus” renvoient à un rêve aux couleurs fantaisistes. Cependant ce beau rêve est vite rompu par le deuxième quatrain qui parle  des “monstruosités” qu’il y a en dehors du wagon qui lui, symbolise le rêve. Ici le poète crée une séparation entre les deux quatrains et le wagon et l'extérieur. Ce deuxième quatrain renvoie à l’innocence et au côté enfantin que le poète donne à la femme qu’il semble vouloir protéger de la “vrai vie”.

II) L'éloge de la sensualité

Dans les deux tercets le poème prend une tournure sensuelle à travers un érotisme vécu par le jeu : “Puis tu te sentiras la joue égratignée… Un petit baiser, comme une folle araignée,” La description de la “ folle araignée” pour décrire le jeu entre les deux amants qui tentent de la “chercher”  garde le côté enfantin et innocent de ce sonnet. 

III) Un poème sur l’adolescence

Ce poème a l’apparence d’un sonnet par sa composition en deux quatrains et deux tercets mais il n’en n’est pas un, avec l’alternance des rimes abab dans les quatrains, les octosyllabes (“De démons noirs et de loups noirs”) et les les hexasyllabes (“Dans chaque coin moelleux”) placés  au milieu des alexandrins (“L'hiver, nous irons dans un petit wagon rose” ). Le voyage en train symbolise le passage de l’adolescence à l’âge adulte, il est également matérialisé par le rythme irrégulier du poème qui alterne les enjambements (“Un nid de baisers fous repose Dans chaque coin moelleux.”) et les passages hachés (“Tu fermeras l'oeil, pour ne point voir, par la glace, Grimacer les ombres des soirs”). Le rêve évoqué est très enfantin avec la peur des monstres et des loups. Aussi l’érotisme est-il à peine suggéré et très tendre, vécu sous forme de jeu : “Et nous prendrons du temps à trouver cette bête Qui voyage beaucoup…”. 

Conclusion : Le poète crée ici deux mondes distincts. Il décrit le « coin moelleux » de la voiture et se concentre sur la douceur et le confort du voyage qu'il partage avec sa compagne. L'intérieur de la voiture est un monde dédié à la romance où le poète et sa compagne peuvent se livrer à leurs sentiments passionnés l'un pour l'autre. Ce monde chaleureux contraste fortement avec le monde en dehors de la voiture où les "ombres du soir" courent le long du train. L'extérieur est froid, menaçant et rempli de démons et de loups. Le rêve hivernal du titre est concentré dans la voiture. Le monde extérieur froid disparaît lorsque le poète est avec sa compagne. Ils prennent le temps de flirter parce que cela leur permet de rester dans le monde intérieur rassurant et chaleureux de la voiture et d'ignorer le monde effrayant et froid à l'extérieur.

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