Analyse de Pierre et Jean de Maupassant, "Les Phares" (Chapitre 2) De "Ayant fait encore quelques pas..." à "...comme on serait tranquille, peut-être !"
Dans cet extrait de "Pierre et Jean" de Guy de Maupassant, la promenade nocturne de Pierre au bord du Havre est dépeinte avec une profondeur descriptivement riche, révélant les tourments intérieurs du personnage à travers un cadre extérieur minutieusement détaillé. La structure du texte, oscillant entre description du paysage et réactions personnelles, souligne comment l'ambiance du spectacle nocturne influence l'état d'esprit de Pierre. Le mouvement du texte, initié par une description dominée par l'imparfait et évoluant vers des réactions de Pierre au passé simple et au style direct, traduit un va-et-vient entre l'observation du monde extérieur et la réflexion intérieure.
La focalisation interne adoptée par Maupassant permet de plonger dans la perspective de Pierre, qui, par ses observations spatiales précises et ses verbes de perception, nous fait partager son expérience sensorielle et émotionnelle. Ce tour d'horizon, où Pierre embrasse l'espace du nord-ouest au sud-est, symbolise non seulement une exploration physique de son environnement, mais aussi une quête introspective, cherchant à comprendre et à résoudre les problèmes qui le tourmentent.
La tonalité poétique du texte, mise en exergue par l'attention aux harmonies et aux jeux de lumière des phares, évoque un tableau impressionniste. Maupassant joue sur les couleurs et les mouvements de lumière, créant un paysage à la fois esthétiquement attrayant et chargé de sens. La description détaillée des phares, avec leur clignotement rythmique et leurs couleurs variées, s'apparente à une œuvre d'art visuelle, reflétant les fluctuations de l'humeur de Pierre.
Le paysage décrit dans l'extrait acquiert une dimension symbolique significative, représentant le paysage intérieur de Pierre. Les personnifications des phares et de la mer, qui semblent dialoguer avec lui, suggèrent sa recherche d'un guide ou d'une solution à ses dilemmes. Les termes fantastiques et monstrueux employés pour décrire le paysage reflètent les conflits internes de Pierre, faisant écho aux "monstres" qui résident en lui.
Enfin, le texte met en lumière la dualité de Pierre, partagé entre différents sentiments et pensées. La fin de l'extrait montre un moment de réconciliation provisoire, où le calme de la mer apporte un réconfort temporaire à Pierre, tout en laissant présager une suite tumultueuse. Cette promenade est un répit de courte durée pour lui, la mer représentant à la fois un lieu d'évasion infini et un espace reflétant ses propres tourments intérieurs. En conclusion, Maupassant utilise la description du paysage nocturne pour explorer de manière subtile la psychologie complexe de Pierre, tissant une relation intime entre l'environnement naturel et l'état émotionnel du personnage.
Dans ce texte de Maupassant, l'auteur utilise la description pour explorer la dualité intérieure de son personnage, Pierre, et le paysage qui l'entoure. Le texte se caractérise par sa nature descriptive, oscillant entre mouvement et immobilité, tout en reflétant la complexité des pensées et des émotions de Pierre.
I. Un texte à dominante descriptive
- a) Mouvement du texte
Dès le début, le texte se met en mouvement avec l'arrêt de Pierre pour contempler la rade. L'allitération en [c] évoque le clignotement des phares et le clapotis de l'eau, créant une ambiance vivante et dynamique. L'utilisation de l'imparfait pour décrire le paysage contraste avec le passé simple lorsqu'il s'agit de Pierre, marquant une distinction entre l'observation extérieure et la réflexion intérieure.
- b) Structure des parties descriptives
Maupassant crée une hypotypose saisissante, où la nature est décrite avec une précision qui transporte le lecteur au bord de cette rade. La progression de la description du paysage, des phares à la mer, puis au ciel, dépeint un panorama complet, reflétant la contemplation de Pierre.
- c) Tonalité
L'allitération en [l] confère au texte une douceur et une lenteur poétique, rappelant un tableau. L'allitération en [c] renforce cette idée, suggérant le travail d'un peintre impressionniste, et offrant une vision poétique de la rade.
II. La portée symbolique de la description : le paysage intérieur de Pierre
- a) Les personnifications
Les phares, décrits comme des "cyclopes monstrueux", symbolisent la quête de Pierre pour un guide dans son dilemme intérieur. La personnification des villes et des étoiles ajoute une dimension vivante au paysage, reflétant les conflits internes de Pierre.
- b) Un univers fantastique et monstrueux
Les images de grandiosité dans la description des phares évoquent un univers fantastique et reflètent la petitesse de l'homme face à l'immensité du monde. Cette grandeur sert de métaphore aux conflits internes de Pierre.
- c) De la dualité à la réconciliation provisoire
L'antithèse entre mouvement et arrêt symbolise la dualité de Pierre, tout comme l'oxymore entre "droite" et "démesurée". L'antithèse entre les couleurs vives et la mer obscure, ainsi que l'anaphore de "sans un bruit", illustrent cette dualité qui mène finalement à une réconciliation, où la lumière des phares se mêle à l'obscurité de la mer et la clarté du ciel nocturne.
En conclusion, Maupassant utilise la description pour non seulement peindre un tableau vivant du paysage, mais aussi pour explorer la psychologie complexe de Pierre. La dualité entre la lumière et l'obscurité, le mouvement et l'immobilité, reflète les conflits intérieurs de Pierre, qui finalement trouve un moment de réconciliation et de paix au bord de l'eau.
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