Introduction

 

Dans le chapitre II de "Bel-Ami" de Guy de Maupassant, l'auteur dépeint avec acuité les relations entre la presse et la politique, tout en inscrivant son récit dans le mouvement réaliste. Ce chapitre offre une analyse critique des interactions entre journalistes et politiciens, révélant les dessous parfois peu reluisants de ces deux mondes. Maupassant, à travers une écriture précise et incisive, met en lumière les mécanismes de pouvoir et d'influence qui régissent la société de son époque.

 

I. Les relations entre presse et politique

 

1. Violence

 

Maupassant décrit les attaques répétées de la presse envers les hommes politiques avec un champ lexical de l’attaque, soulignant la nature conflictuelle de cette relation. L'utilisation d'anaphores, d'un rythme binaire et de la personnification de l'attaque (« L’attaque…virulente ») renforce cette idée. L'expression « flanquer un abattage », empruntée à l'argot, illustre le langage cru et direct employé dans le journalisme de l'époque. La presse est présentée comme un critique acerbe des hommes politiques, décrits de manière dégradante : sans connaissances sérieuses, comparés à des champignons, symboles de parasites et de profiteurs. L'ironie est également un outil utilisé par Maupassant, comme le montrent les expressions « joli homme de chef lieu », « il en pousse par centaines » et « rude diplomate », qui sont des antiphrases, hyperboles et oxymores, respectivement.

 

2. Connivences

 

Les interactions entre journalistes et politiciens sont également marquées par des connivences. Les hommes politiques, représentés par « un sénateur, un député, un magistrat, un général », cherchent les faveurs des journalistes, illustrant la complicité et les intérêts partagés entre ces deux sphères. L'hypocrisie est palpable dans leurs « démonstrations de joie excessives », mettant en évidence une certaine superficialité dans ces relations.

 

II. Le Réalisme

 

Le réalisme, mouvement littéraire du XIXe siècle, se caractérise par sa volonté de représenter la société de manière fidèle et détaillée, en opposition au romantisme. Maupassant, en tant que réaliste, s'attache à décrire minutieusement la société de son époque, en mettant l'accent sur les classes moyennes, ouvrières et bourgeoises, et en témoignant du déclin de la noblesse.

 

1. Le reflet de la société

 

Dans "Bel-Ami", la bourgeoisie occupe une place centrale. Georges du Roy, personnage principal, est un bourgeois typique de cette époque. Maupassant fournit une multitude de détails pour ancrer son récit dans la réalité : noms de personnages (« Georges du Roy du Cantel », « le père Walter », « Boisrenard »), lieux (« La Vie française », « rue Fontaine »), et figures importantes (« le député Laroche-Mathieu », « comte de Vaudrec »). Ces éléments contribuent à la crédibilité et à la richesse du tableau social qu'il peint.

 

2. Le reflet de l’histoire

 

Le roman s'inscrit également dans un contexte historique précis, celui de la Troisième République. Le champ lexical de la politique est omniprésent : la Chambre, politique, ministère, préfecture, député, magistrat… Maupassant évoque l'importance croissante de la presse, depuis la création du premier journal quotidien en 1836 et l'évolution des techniques d’impression. Cette évolution a permis une diffusion massive des journaux, faisant de la presse un acteur influent de la société du XIXe siècle.

 

Conclusion

 

Dans ce chapitre de "Bel-Ami", Maupassant offre une critique incisive des relations entre la presse et la politique, tout en s'inscrivant dans la tradition réaliste. Il dépeint une société où la presse joue un rôle crucial, non seulement en tant que moyen de communication, mais aussi comme instrument de pouvoir et d'influence. Cette analyse des interactions entre journalistes et politiciens révèle les complexités et parfois les aspects sombres de la société de la fin du XIXe siècle.