Introduction

 

Dans "Fêtes galantes", écrit en 1869 alors que Paul Verlaine n'avait que 25 ans, l'auteur s'inspire des tableaux d'Antoine Watteau pour créer un univers poétique où se mêlent raffinement et mélancolie. Ces poèmes, à l'instar des peintures de Watteau, dépeignent des scènes galantes empreintes d'un raffinement précieux. Toutefois, loin d'être superficielles, ces œuvres sont imprégnées d'une mélancolie subtile et d'une ambiguïté intrigante. Nous allons explorer comment Verlaine parvient à allier fantaisie et ambiguïté dans ses poèmes.

 

I. La fantaisie

 

Dans "Fêtes galantes", Verlaine fait revivre les personnages de la commedia dell'arte, un genre théâtral né en Italie au XVIème siècle et popularisé en France au XVIIème siècle. Ces personnages, tels que Colombine, Pierrot, Léandre, Cassandre et Arlequin, sont emblématiques de ce monde de conventions où chacun joue un rôle stéréotypé.

 

Colombine, la séductrice frivole, est au centre de l'attention, poursuivie par ses prétendants. Pierrot, avec sa candeur et sa légèreté, contraste avec Léandre, le jeune amoureux niais, alourdi par son amour. Cassandre, le vieillard libidineux, est dépeint de manière moins menaçante grâce à une allitération en [s], tandis qu'Arlequin, avec son costume multicolore et son masque noir, incarne la ruse et l'intelligence.

 

Le rythme des vers dans "Fêtes galantes" est complexe et différent de la noblesse traditionnelle de l'alexandrin. Les ruptures rythmiques, les allitérations, les assonances et les jeux de mots contribuent à créer une atmosphère de folle gaieté, où les personnages semblent pris dans un tourbillon de danse et de légèreté.

 

II. L'ambiguïté

 

Colombine, au cœur de ce poème, incarne parfaitement l'ambiguïté. Elle est à la fois innocente et coquette, sensuelle et méchante. Cette dualité se retrouve dans le mélange de gaieté et de tristesse qui imprègne le poème. D'un côté, il y a la légèreté et l'insouciance de la commedia dell'arte, mais de l'autre, une tristesse et une amertume croissantes se font sentir, surtout vers la fin du poème.

 

Les personnages, bien qu'animaux de la fête, semblent être affectés par leur condition de marionnettes, soumis à un destin inéluctable. Verlaine, se déclarant "saturnien", envisage une issue malheureuse pour ces personnages, emprisonnés dans leurs erreurs et leurs désirs. Cette vision tragique est renforcée par l'interpellation des astres, qui semblent détenir les réponses aux questions existentielles de l'auteur.

 

Conclusion

 

"Fêtes galantes" de Verlaine est un poème riche en rythme et en musicalité, où l'émotion et la musique se mêlent pour créer une atmosphère unique. Ce ton intime, caractéristique des fêtes galantes, suggère une vision impressionniste du monde, où la fantaisie se mêle à l'ambiguïté pour révéler la complexité des émotions humaines.