Le Jeu de l'amour et du hasard, analyse de l'acte I, scène 6

Le Jeu de l'amour et du hasard, analyse de l'acte I, scène 6

Introduction

 

"Le Jeu de l'amour et du hasard", pièce de Marivaux publiée en 1730, est une comédie en trois actes écrite en prose. Créée pour le théâtre Italien de l'hôtel de Bourgogne, elle s'adressait à un public aisé et se jouait l'après-midi. La pièce met en scène des personnages typiques de la comédie, tels qu'Arlequin, figure emblématique de la commedia dell'arte, et aborde des thèmes classiques comme le mariage et la découverte amoureuse à travers le déguisement. Les trois actes illustrent les différentes étapes de cette découverte. À travers des personnages comme Orgon, petit noble, et Silvia, jeune fille moderne désireuse de choisir son époux, Marivaux reflète la société de son époque, bien que la liberté accordée à Silvia par son père ne corresponde pas entièrement à la mentalité de l'époque, où les filles étaient généralement soumises à l'autorité paternelle. Cette liberté sert principalement à enrichir l'intrigue.

 

Dans la scène que nous allons étudier, Silvia et Dorante, déguisés, se rencontrent pour la première fois, chacun croyant avoir affaire au domestique de l'autre, créant ainsi un quiproquo. Nous nous interrogerons sur la manière dont ces jeunes futurs amants vont se comporter durant cette première rencontre sous le déguisement, et observerons la naissance de leur amour.

 

I. L'effort d'un jeu de rôle qui n'est pas toujours réussi

 

Les deux personnages s'efforcent de bien jouer leur rôle de domestique, adoptant des noms fictifs, un tutoiement et des expressions familières. Cependant, leur travestissement est peu crédible, volontairement pour ne pas devenir de vrais domestiques, et involontairement, car ils ne parviennent pas à abandonner leur langage précieux, marqué par l'usage du subjonctif imparfait et des demandes de remerciement.

 

II. Révélation des sentiments

 

Au début, Silvia et Dorante sont distants. Silvia, notamment, érige des barrières, tandis que Dorante joue le jeu avec plus d'aisance. Leurs apartés, en particulier ceux de Silvia, révèlent leurs sentiments naissants. Leur langage, bien que soutenu, est empreint d'un plaisir évident, trahissant un intérêt mutuel. Leur embarras, notamment celui de Silvia, et le jeu de séduction de Dorante, marquent cette scène.

 

III. Jeu de travestissement

 

Pour paraître crédibles en domestiques, ils adoptent un langage et des comportements typiques, tout en essayant de se démarquer des valets ordinaires. Leur langage est riche en phrases à double sens et en exclamations, révélant leur étonnement et leur admiration mutuels. Cependant, ce jeu ne suffit pas à masquer complètement leur véritable identité, car ils tiennent à se distinguer des vrais valets.

 

IV. La progression des sentiments

 

Silvia, bien qu'attendant qu'on lui fasse la cour, maintient une distance entre eux, tandis que Dorante semble plus enclin à la séduire. Les apartés de Silvia révèlent son trouble et son déni de ses sentiments. L'amour propre des deux personnages les pousse à une certaine retenue, chacun hésitant à se dévoiler complètement. Cependant, la naissance de leur amour est évidente, comme le montrent les compliments et la sympathie qu'ils expriment l'un pour l'autre, malgré leurs tentatives de détourner la conversation.

 

Conclusion

 

Malgré le quiproquo créé par leur double travestissement, Silvia et Dorante découvrent des sentiments réciproques et une attirance mutuelle. Leur incapacité à se séparer l'un de l'autre, malgré leur intention initiale de découvrir leur véritable promis, souligne la force de leur lien naissant. Le spectateur, connaissant la vérité sur leur identité, peut apprécier pleinement l'ironie et la complexité de leur interaction.

Écrire commentaire

Commentaires: 0