Analyse de « Mai » de Guillaume Apollinaire dans Alcools

Analyse de « Mai » de Guillaume Apollinaire dans Alcools

I) Une promenade sur le Rhin

a) L’évocation du paysage

Guillaume Apollinaire situe son poème en Allemagne sur les bords du Rhin : “Le mai le joli mai en barque sur le Rhin”. Le paysage est fleuri et est dominé par le mouvement de la population. Ce beau paysage nous est décrit de manière péjorative. Le poète fait une antithèse, en nous décrivant le mois de mai comme “joli” puis en nous parlant des fleurs comme “flétris”, “tombées” ainsi que les ânes qui “trainent” la roulotte des tziganes.

 

b) L’évocation du mouvement

Dans ce poème, le mouvement est toujours présent, et est symbolique. Tous les personnages sont en mouvement, pour montrer que le temps passe et que les actions s'enchaînent, sans fin : “Sur le chemin [...] menés par des tziganes”,”en barque sur le Rhin”. Les tziganes sont des gens du voyage, ils ont une roulotte, tirée par des animaux qui eux mêmes avancent sur le chemin.  Le mouvement nous donne des informations sur le narrateur, on a l’impression qu’il reste figé, paralysé, devant ce monde bruyant. Le narrateur nous parle de tout ce qu’il voit, comme s'il se mettait lui même dans la peau de chaque personnage.

 

c) Un poème lyrique

Guillaume Apollinaire a voyagé jeune en Allemagne, et on a l’impression qu’il retrace son expérience à travers ce poème : “dans les vignes rhénanes”. Le poète, ayant eu des problèmes avec une femme, veut aussi nous transmettre son vécu dans ce poème. Apollinaire a eu une mauvaise expérience avec une femme, qui a bousculé  sa vie, comme le vent du Rhin bouscule les fleurs. C’est un poème lyrique puisque le poète évoque une femme qu’il a aimée et qui l’a quitté : “Les pétales tombés des cerisiers de mai Sont les ongles de celle que j’ai tant aimée”.

 

II) Une méditation sur la fuite du temps

a) La métamorphose du paysage

Ce poème a une structure particulière, il ne contient pas de ponctuation à l’exception du point d’interrogation dans la question rhétorique. En effet, cette absence de ponctuation montre que l’auteur enchaîne les descriptions de manière floue, et on doit les organiser nous-mêmes, en faire un dessin cohérent. La personnification du saule pleureur souligne le chagrin du poète : “Qui donc a fait pleurer les saules riverains ?”. Avec la métaphore “Les pétales tombés des cerisiers de mai Sont les ongles de celle que j’ai tant aimée” et la comparaison “Les pétales flétris sont comme ses paupières”, Apollinaire métamorphose le paysage en une vision de la femme aimée. Cependant cette image n’est pas positive puisqu’elle évoque un amour qui appartient au passé.

 

b) Un paysage état d’âme

Le paysage reflète les émotions du poète. Ainsi, le mois de mai n’est pas présenté de manière positive, contrairement à ce que l’on attendrait : “flétri” et secoué par “le vent du Rhin”.  Dans ce paysage, tout le monde avance, est en mouvement (la barque, les tziganes sur le chemin), contrairement au poète, qui est figé par son chagrin d’amour dont il n’arrive pas à faire le deuil. Désespéré, le poète compare son coeur à une ruine : “Le mai le joli mai a paré les ruines De lierre de vigne vierge et de rosiers”. Le printemps recouvre son chagrin mais ne l’efface pas : “Qui donc a fait pleurer les saules riverains ?”. L’eau symbolise les émotions, donc ce voyage sur le fleuve du Rhin est une introspection douloureuse.

 

c) L’évocation de la fuite du temps

Les vers libres suggèrent à la fois l’écoulement des flots du fleuve et la fuite du temps. Tout d’abord, “les ruines”, thème romantique repris ici par Apollinaire, représentent son coeur dévasté. Les ruines évoquent aussi la fuite du temps parce qu’elles sont les vestiges d’un passé ancien et révolu comme son amour. Les “pétales flétris” montrent les effets négatifs du passage du temps. “Le vent” a emporté loin de lui la femme qu’il aimait, laissant le poète inconsolable sur le bord du “chemin”.

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