Analyse linéaire de Incendies, scène 2, “Dernières Volontés”, de Wajdi Mouawad

Analyse linéaire de Incendies, scène 2, “Dernières Volontés”, de Wajdi Mouawad, 2003

Introduction

Dans le panorama du théâtre contemporain, Wajdi Mouawad, né au Liban en 1968, est un auteur et metteur en scène qui a révolutionné les conventions classiques du drame, faisant écho à des enjeux tels que la crise personnelle et la crise familiale. Ces thèmes, essentiels pour préparer le bac de français, sont fortement illustrés dans son œuvre "Incendies". Émigré au Québec avec sa famille à l'âge de dix ans en raison de la guerre civile, Mouawad est devenu une figure majeure de la scène théâtrale internationale et a été nommé directeur du Théâtre national de La Colline à Paris en 2016.

 

Dans "Incendies", il plonge le public dans l'histoire émouvante d'une mère, Nawal, qui laisse un testament à ses deux enfants, Jeanne et Simon, leur demandant de retrouver leur père et leur frère inconnu. Cette quête d'identité conduit à une révélation tragique : leur père et leur frère sont la même personne. 

 

L'extrait que nous étudions se situe juste après la scène d'exposition, où Hermile Lebel, notaire et ami de Nawal, lit le testament aux enfants endeuillés. À la mort de leur mère, après qu'elle a passé les cinq dernières années de sa vie dans un silence total, Simon et Jeanne sont confrontés à une crise familiale et personnelle majeure. Leur mère leur demande de retrouver leur père et leur frère, dont ils ignoraient jusqu'alors l'existence. Cet extrait, situé au début de la pièce, met en scène Simon déchiré par la colère et l'incertitude. Le décès de sa mère ébranle ses certitudes, ouvrant une crise personnelle et familiale.

 

I- Exhortation à l'insensibilité 

II- Une crise identitaire 

 

Problématique: 

En quoi la colère extrême de Simon à la lecture du testament relève-t-elle d’un règlement de compte avec sa mère?  

I- Exhortation à l’insensibilité

L'annonce du testament déclenche un véritable incendie émotionnel chez Simon, une explosion de sentiments violents qui bouleversent l'ordre établi, une situation commune dans le parcours "crise personnelle, crise familiale" du bac de français. L'extrême colère de Simon s'exprime par des phrases syncopées, un témoignage de son émotion vive. Derrière cette colère se révèle la tristesse d'un fils ayant perdu sa mère et découvert un secret choquant. Il s'efforce de contenir ses larmes, tentant de se persuader lui-même de ne pas pleurer.

 

Le choix de Simon d'utiliser un langage grossier démontre l'intensité de sa colère. Il affecte une indifférence envers la mort de sa mère et la repousse, refusant ses obligations familiales et de faire le deuil. Il rejette également l'opinion des autres face à son indifférence, refusant de reconnaître le lien de filiation. Ceci manifeste une crise familiale et personnelle profonde.

 

La question se pose alors : à qui Simon s'adresse-t-il exactement ici ? La construction syntaxique, emprunte d'oralité, offre presque un aspect comique. Simon justifie son refus de la tristesse en insinuant que sa mère n'aurait jamais éprouvé de peine ou de pitié pour ses enfants. 

 

Il dépeint sa mère comme un être insensible, ce qui explique sa colère et son refus de pleurer. Simon s'efforce de rester insensible, à se transformer lui-même en "brique", une attitude paradoxale puisqu'il reproche précisément à sa mère cette insensibilité. Pourtant, sa colère vive ne cesse de révéler sa sensibilité et sa peine. Il rejette la figure de la mère et son histoire.

 

Le notaire tente de calmer Simon et de défendre la mémoire de Nawal, jouant un rôle de conciliateur. Il veut prouver à Simon et à Jeanne que leur mère les a bien reconnus comme ses enfants, malgré leurs doutes. Une discordance notable apparaît dans les niveaux de langage utilisés par les personnages.

II- Crise identitaire

Simon manifeste son indifférence et son désintérêt en interrompant le notaire, comme l'indique l'aposiopèse de la réplique précédente. Sa colère est trop forte. En débutant avec la lecture du testament, la scène aborde la question de l'héritage et des souvenirs, amenant un paradoxe qui exprime une crise identitaire pour le bac de français, centré sur le parcours "crise personnelle, crise familiale". 

 

Le notaire tente en vain de s'appuyer sur des éléments concrets, attestant de la volonté de transmission de Nawal. Pourtant, il est de nouveau interrompu par Simon. 

 

Simon rejette l'héritage de sa mère, reflétant une nouvelle fois sa colère et sa souffrance. Il refuse de ressentir de l'émotion et accuse presque sa mère de vouloir le manipuler.

 

Il cite les demandes de sa mère contenues dans le testament, indigné par la découverte de l'existence de son frère. Le fait que sa mère demande à ses enfants de retrouver leur frère et leur père, qu'ils n'ont jamais connus, intensifie la colère de Simon. Il fait preuve d'ironie avec l'adverbe "si" et l'adjectif "urgent", alors que le mythe d'Œdipe, avec le motif de l'abandon et de la quête des origines, résonne en filigrane. Cet intertexte sera confirmé plus tard avec la thématique de l'inceste.

 

Simon exprime l'amertume qu'il ressent envers une mère qu'il estime n'avoir pas joué son rôle, qu'elle les a, d'une certaine manière, abandonnés. L'ironie est évidente dans la subordonnée circonstancielle. La construction syntaxique de la phrase mime la séparation, accentuant la crise familiale.

 

Simon n'accepte pas l'idée d'une mère qui s'est réfugiée dans le silence à la fin de sa vie et qui n'a pas utilisé l'expression "mes enfants" dans son testament. Derrière la colère de Simon, on perçoit sa tristesse, son émotion, sa blessure. Il se sent oublié, non reconnu par sa mère, illustrant ainsi une crise identitaire.

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Commentaires: 2
  • #1

    lucie (mercredi, 10 avril 2024 15:47)

    incroyable

  • #2

    sarah (jeudi, 25 avril 2024 14:35)

    pouvez vous donner un plan avec des sous partie svp