Résumé détaillé de "La Dispute" : l'étude des sentiments naturels par Marivaux
"La Dispute" de Marivaux est une pièce en un acte, créée en 1744. L'œuvre aborde des questions philosophiques et sociologiques, notamment celle de savoir lequel, de l’homme ou de la femme, est le premier à être infidèle dans une relation amoureuse. Marivaux met en scène une expérience où plusieurs jeunes hommes et femmes, isolés de la société dès la naissance, sont exposés pour la première fois aux réalités de l'amour et de la tentation. Voici un résumé acte par acte de cette pièce complexe et intrigante.
Prologue :
Le prologue de la pièce expose la situation initiale. Le prince et Hermiane, son amante, discutent de la question de la fidélité dans les relations amoureuses. Hermiane est persuadée que les hommes sont plus infidèles, tandis que le prince soutient que les femmes le sont davantage. Pour résoudre cette querelle, le prince révèle qu’un grand seigneur a fait isoler depuis leur naissance quatre jeunes gens (deux hommes et deux femmes) dans un cadre naturel, éloignés de tout contact humain. L’expérience doit montrer qui, de l’homme ou de la femme, trahit en premier dans l’amour.
Acte unique :
La pièce entière se déroule en un seul acte, dans lequel se succèdent plusieurs scènes où l'on observe le comportement des jeunes sujets de cette expérience.
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L'ouverture de l'expérience : Les deux serviteurs du prince, Carise et Mesrou, sont chargés de surveiller ces jeunes gens. Ils s’apprêtent à libérer ces quatre individus pour qu’ils se rencontrent pour la première fois et découvrent les émotions qui accompagnent les relations amoureuses. Chaque sujet a été élevé seul, sans savoir qu’il existait d’autres êtres humains, ni d’autres membres du sexe opposé.
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L'entrée d'Églé : Églé, l'une des jeunes femmes, est la première à être libérée de son isolement. Lorsqu’elle découvre son reflet dans une source, elle est fascinée par sa propre beauté. C'est une scène essentielle, car elle souligne l'innocence et l’auto-découverte de cette jeune fille, qui ne sait même pas ce qu'est la vanité ou la coquetterie.
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Églé rencontre Azor : Peu après, Églé rencontre Azor, l’un des deux jeunes hommes. Ils se regardent avec surprise et admiration, et peu à peu, une attraction naît entre eux. Mais cette première rencontre, malgré l’attirance immédiate, est marquée par une curiosité naïve. Ils ne comprennent pas encore ce qu’ils ressentent.
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Azor et Églé : la première infidélité : Plus tard, Églé se détourne d'Azor lorsqu’elle rencontre un autre jeune homme, Mesrin. Elle est rapidement séduite par ce nouveau visage, laissant Azor derrière elle, montrant ainsi la première trahison amoureuse. Elle trahit son premier amour, même si ses sentiments sont encore bruts et inexpérimentés.
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La rencontre d’Adine et Mesrin : Adine, la deuxième jeune femme, fait de même lorsqu’elle rencontre Mesrin. Fascinée par lui, elle abandonne Azor, qui lui avait également témoigné un intérêt. Ainsi, Adine montre que, comme Églé, elle peut rapidement changer d’objet d’affection, renforçant l’idée que les sentiments humains sont changeants et instables.
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Les infidélités réciproques : Les jeunes gens passent de l’un à l’autre, trahissant leurs premiers élans amoureux avec une légèreté qui paraît naïve, mais qui met en lumière la fragilité des sentiments humains. Chacun, homme ou femme, est à la fois séduit et séducteur, trahi et traître, rendant la question initiale de la fidélité difficile à trancher.
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L’observation finale du prince et d’Hermiane : À la fin de l'expérience, le prince et Hermiane tirent des conclusions opposées. Le prince affirme que les femmes sont plus infidèles, en se basant sur les actions d’Églé et d’Adine. Hermiane, de son côté, pense que les hommes ne valent pas mieux, car Mesrin et Azor ont eux aussi succombé à la tentation. Ils se rendent compte que la question reste irrésolue et que l'inconstance semble être une caractéristique humaine partagée par les deux sexes.
Conclusion :
"La Dispute" de Marivaux est une pièce qui, sous une apparence légère, interroge profondément la nature humaine et les relations entre les sexes. Les personnages, bien qu'isolés de la société, reproduisent des comportements qui reflètent la complexité des sentiments amoureux : la jalousie, la séduction, l'infidélité. Marivaux ne donne pas de réponse tranchée à la question posée dans le prologue, préférant laisser au spectateur la tâche de réfléchir sur les conclusions à tirer.
L'expérience théâtrale proposée par Marivaux est à la fois une exploration philosophique des origines du comportement humain et un jeu de miroir pour les spectateurs du XVIIIe siècle, invités à se reconnaître dans les actions de ces personnages primitifs, quasi expérimentaux.
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