Analyse linéaire du poème "Schinderhannes" d'Apollinaire

Analyse linéaire du poème "Schinderhannes" d'Apollinaire

Dans son poème "Schinderhannes", extrait du recueil "Alcools", Guillaume Apollinaire offre une œuvre riche en images et en sonorités, mêlant légèreté rythmique et profondeur thématique. La structure du poème se compose de huit quatrains en octosyllabes, avec des rimes croisées (abab), conférant au texte un rythme à la fois léger et rapide, qui contraste avec la gravité de certains thèmes abordés.

 

Le premier tableau du poème situe le lecteur dans un cadre qui rappelle les histoires de Robin des Bois, avec des forêts et des brigands. L'expression « s’est désarmé » suggère un moment de repos, une pause dans l'action. Un élément inhabituel surgit avec la présence d'une « brigande », qui hennit comme un cheval, ajoutant une touche surréaliste à la scène. Le « joli mai » évoque le printemps, saison traditionnellement liée à l'amour et à la renaissance.

 

Dans la deuxième partie, la bande est décrite de manière peu flatteuse, avec des termes comme « mal foutu » et des postures disgracieuses. Cette description crée un contraste saisissant avec les images enfantines et légendaires typiques des contes. Le personnage de « Jacob Born le mal foutu » est doté d'un épithète, rappelant la tradition des grands guerriers historiques.

 

La troisième partie du poème met en scène une demoiselle à l'attitude mondaine, qui rote mais prétend avoir le hoquet, créant une dissonance dans l'atmosphère du poème, une « fausse note » dans ce qui pourrait être une mélodie du bonheur.

 

Dans les quatrième et cinquième parties, les personnages chantent en célébrant le vin, devenant presque lyriques dans leur éloge. Apollinaire imite ici le style des faubourgs parisiens, avec des expressions populaires et une certaine vulgarité, illustrant la joie simple et brute de vivre.

 

Cependant, le ton change dans la sixième partie, devenant moins souriant et plus lourd. La vulgarité et les expressions populaires dominent, reflétant à nouveau le ton des faubourgs parisiens.

 

La septième partie marque un retour à la réalité plus sombre avec l'évocation d'un assassinat à venir. Apollinaire fait référence au Rhin, élément récurrent dans ses poèmes du cycle rhénan. La poésie se transforme, passant de l'éloge du vin à celle du meurtre, tout en conservant une référence au mois de mai, désormais teinté de mélancolie.

 

La dernière partie du poème joue avec la syntaxe pour surprendre le lecteur, mélangeant scènes de repas et d'assassinat, et se terminant sur une note d'ambiguïté.

 

En conclusion, "Schinderhannes" est une œuvre complexe qui caricature à la fois les héros romantiques et la légende rhénane. Apollinaire démontre que la poésie peut se nicher partout, même dans les aspects les plus sombres de la réalité. Le poème est un mélange de différents styles poétiques, reflétant la complexité et la diversité de l'œuvre d'Apollinaire.

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