Analyse de Adieu ! de Apollinaire

Analyse de Adieu ! de Apollinaire

Lorsqu'on lit la lettre d'adieu que Guillaume Apollinaire écrivit à sa compagne Lou, le 4 février 1915, on est frappé par la précision de certains détails et la nébuleuse qui entoure d'autres. On sait que la scène se déroule à Nîmes, une ville située dans le sud de la France, que la date est précise et que l'auteur a "acquis de zan" pour faire plaisir à sa bien-aimée. Cependant, le voyage de Louise "au Nord" reste mystérieux, de même que l'origine de la personne qui parle lorsqu'elle dit "on va renter". Quant à l'expression "une... deux... trois...", elle reste floue et laisse le lecteur sur sa faim.

Malgré cela, la lettre est dominée par la joie. Apollinaire célèbre l'amour, que rien ne semble pouvoir altérer. Il écrit que leur amour est libre et brave toutes les circonstances, qu'il ira jusqu'au bout du monde, et qu'il est fidèle. Le poète utilise également des marques de tendresse pour sa bien-aimée, l'appelant "Lou", "ma chérie" et "mon cœur".

Cependant, l'amour est également menacé. Le titre même de la lettre, "Adieu", annonce une séparation définitive. Apollinaire évoque une heure fatale qui semble impliquer un sacrifice, voire un suicide. Malgré ces éléments tragiques, l'amour apparaît comme un jeu léger sur les sentiments.

La lettre est également un jeu en elle-même. Elle est écrite sous forme d'acrostiche, rappelant les enluminures du Moyen-Âge. Les vers 3 et 12 sont identiques, de même que les vers 8 et 14. La reprise de l'expression "une... deux... trois..." installe un rythme, presque comme une chanson. Les rimes en "-ie" dans les vers 4 et 6 ("chérie" et "vie") font presque penser à une plaisanterie. La précision inutile de la localisation de Nîmes dans le Gard renforce cette impression.

En fin de compte, la lettre d'Apollinaire à Lou est un témoignage touchant d'un amour inconditionnel et passionné, qui brave tous les obstacles et toutes les menaces. Elle est également un exemple de l'art de jouer avec les mots et les formes, dans une époque où la poésie était en pleine effervescence. En somme, elle est un petit joyau de la vie quotidienne, qui continue à émouvoir les lecteurs près d'un siècle plus tard.

Introduction

 

"Adieu", extrait du recueil "Poèmes à Lou" d'Apollinaire, se distingue par sa forme acrostiche, où chaque début de vers forme le mot "Lou". Ce poème, révélateur de la recherche artistique d'Apollinaire visant à fusionner différents arts, offre une exploration intime et complexe des sentiments amoureux, mêlant quotidien et lyrisme.

 

I. Evocation de la vie quotidienne

 

1. Précision et flou :

 

Le poème "Adieu" se caractérise par un mélange de précision et de flou. D'une part, Apollinaire emploie des détails concrets pour ancrer le poème dans la réalité : la mention de "Nîmes", la date précise du "4 février 1915", et la description minutieuse d'actions quotidiennes comme l'achat de "zan". D'autre part, il introduit des éléments plus vagues, tels que la description imprécise du "voyage au Nord" de sa bien-aimée, l'origine indéterminée de "on va rentrer", et l'énumération énigmatique "Une… deux…trois…", qui laisse le lecteur dans l'incertitude.

 

2. Dominé par la joie :

 

Malgré ces ambiguïtés, le poème est imprégné d'une joie palpable. Le plaisir associé au bonbon "zan", l'attente des lettres, et la "nuit blonde" personnifiée et éclairée par la vie quotidienne, tout concourt à une évocation moderne et joyeuse de la vie quotidienne, célébrant l'amour dans ses aspects les plus quotidiens.

 

II. Célébration de l’amour :

 

1. Force inaltérable :

 

Apollinaire célèbre un amour inconditionnel et inaltérable, un "amour libre" qui transcende les circonstances et les frontières, se déclarant fidèle "jamais" et "jusques au bout du monde". Cette fidélité est soulignée à travers le poème, du vers 3 au vers 12.

 

2. Marques de tendresse :

 

Le poète exprime sa tendresse par des appellations affectueuses : "Lou", "ma chérie", "mon cœur", renforçant l'intimité et la chaleur de ses sentiments.

 

3. Amour menacé :

 

Cependant, le titre "Adieu" suggère une séparation définitive, et l'évocation d'une "heure fatale" au vers 13 laisse entrevoir un possible sacrifice ou suicide. L'amour, bien que passionné, est teinté d'éléments tragiques, apparaissant comme un jeu léger mais profondément émouvant.

 

III. Lettre - jeu :

 

1. Dans la forme acrostiche :

 

La forme acrostiche du poème rappelle les enluminures médiévales, soulignant l'amour du poète et apportant une fraîcheur à l'expression de ses sentiments.

 

2. Dans la forme chanson :

 

La répétition des vers 3 et 12, ainsi que celle du vers 8 au vers 14, et l'utilisation récurrente des chiffres "Une… deux…trois…" instaurent un rythme chantant, presque musical.

 

3. Presque dans la plaisanterie :

 

Apollinaire joue avec les mots, faisant rimer "artillerie" avec "chérie" et incluant des détails apparemment superflus comme "Nîmes dans le Gard", ajoutant une touche d'humour et de légèreté.

 

Conclusion

 

"Adieu" d'Apollinaire est un poème charmant et frais, lyrique dans son expression de sentiments personnels, tout en évitant le pathos. Les émotions, bien que contenues, sont palpables, modulées par la forme générale du poème et le jeu autour du nom "Lou". L'amour y est célébré comme une valeur suprême, mais une inquiétude latente se fait sentir, tissant un filigrane d'émotion complexe à travers le texte.

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