Analyse du sonnet "Mais si faut-il mourir" de Jean de Sponde
Poème
Mais si faut-il mourir, et la vie orgueilleuse,
Qui brave de la mort, sentira ses fureurs,
Les Soleils hâleront ces journalières fleurs,
Et le temps crèvera cette ampoule venteuse.
Ce beau flambeau qui lance une flamme fumeuse,
Sur le vert de la cire éteindra ses ardeurs,
L’huile de ce Tableau ternira ses couleurs,
Et les flots se rompront à la rive écumeuse.
J’ai vu ces clairs éclairs passer devant mes yeux,
Et le tonnerre encor qui gronde dans les Cieux,
Où d’une ou d’autre part éclatera l’orage,
J’ai vu fondre la neige et ses torrents tarir,
Ces lions rugissants je les ai vu sans rage,
Vivez, hommes, vivez, mais si faut-il mourir.
Jean de Sponde
Commentaire composé
Comment dans ce sonnet baroque, Jean de Sponde met-il en garde l’homme contre la vanité de l’existence humaine ?
I) Un sonnet baroque
a) Le thème de la mort
“Mais si faut-il mourir” le poète rappelle au lecteur qu’il faut mourir afin d’aller au paradis avec Dieu.
Le thème de la mort est présent dans les deux premiers vers grâce aux termes “mort” et ``mourir" placés avant la césure à l’hémistiche qui les met en valeur.
L'allitération en [r] tout le long du poème rappelle la mort et la difficulté à se détacher de la vie.
“ Et les flots se rompront à la rive écumeuse.” Pour les baroques, l’eau évoque les sentiments. La peur de la mort s'arrêtera lorsqu'il sera mort.
“Et le temps crèvera cette ampoule venteuse” le verbe “crever” rappelle la mort et l'”ampoule venteuse” est la vie.
L’emploie de verbes conjugués au futur de l'indicatif montre que le poète se projette au moment de la mort.
“Ce beau flambeau qui lance une flamme fumeuse,
Sur le vert de la cire éteindra ses ardeurs” La flamme s'éteindra comme la vie.
b) La fuite du temps
“Sur le vert de la cire éteindra ses ardeurs” l’image de la cire et de la bougie évoque la fuite du temps, la cire de la bougie qui fond peu à peu comme le temps passe petit à petit. “J’ai vu fondre la neige” comme pour l’image de la cire, la neige qui fond est un symbole du temps qui passe.
Le poète utilise des verbes conjugués au futur de l’indicatif et au passé composé. Cela donne l’impression que le temps passe très vite puisqu’il n’utilise que rarement le présent de l’indicatif.
“Et les flots se rompront à la rive écumeuse.” l’image de l’eau et de liquide peut faire penser au temps qui passe.
II) Une vanité
a) Parallèle avec la peinture
“L’huile de ce Tableau ternira ses couleurs” Le nom commun “Tableau” est employé avec une majuscule au “t”, ce qui insiste sur ce terme.
Les vanités sont populaires dans la période baroque, les artistes représentés souvent des tableaux avec des crânes de squelette, des bougies,... pour évoquer la mort. L’image de la bougie est aussi utilisée : “Sur le vert de la cire éteindra ses ardeurs”.
b) La mise en garde
“Mais si faut-il mourir” le narrateur met en garde le lecteur à deux reprises sur la vanité de la vie humaine pour que celui-ci ne s'attache pas trop à la vie.
“Et le temps crèvera cette ampoule venteuse."La vie est comparée à une ampoule venteuse, le poète nous rappelle que la vie n’est pas éternelle..
L’emploi de verbes conjugués au passé composé permet au poète d'affirmer ce qu’il pense, ce qui lui donne plus de crédibilité.
“Ces lions rugissants je les ai vu sans rage” Cela signifie qu’il faut se détacher de ses sentiments concernant la vie sur terre.
“Vivez, hommes, vivez, mais si faut-il mourir” “vivez” est un verbe àl'imperatif employé à deux reprises, le poète conseille aux hommes de profiter de la vie en gardant à l’esprit que la vie est éphémère.
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