Analyse de Une vie de Maupassant

Analyse de Une vie de Maupassant

Analyse de l'incipit, De «Jeanne, ayant fini ses malles, s'approcha de la fenêtre, mais la pluie ne cessait pas.» à «dégourdir son ignorance à l'aspect de l'amour naïf, des tendresses simples des animaux, des lois sereines de la vie»

Comment cet extrait d’incipit, à travers la description des personnages et le jeu sur les focalisations, présente-t-il le point de vue de Maupassant ?

 

 I) Les personnages

1) Jeanne

   «Jeanne, ayant fini ses malles, s'approcha de la fenêtre, mais la pluie ne cessait pas.»- la première phrase de l’incipit est une prolepse de la vie de Jeanne. Le regard par la fenêtre symbolise l’ennui lié à l’attente et la pluie, ses futures larmes.

 

 «L'averse, toute la nuit, avait sonné contre les carreaux et les toits.»- prolepse qui annonce les futures larmes de Jeanne

 

 «Le ciel bas et chargé d'eau semblait crevé, se vidant sur la terre, la délayant en bouillie, la fondant comme du sucre.»- Prolepse de l’espoir déçu et des idées de Jeanne qui s’écrouleront au fur et à mesure que l’action se développera dans le roman. La bouillie peut symboliser les relations humaines qui se dégradent dans le roman, notamment celle avec son mari.  Le sucre  symbolise les illusions douces de Jeanne qui fondent en se confrontant à la réalité.  

 

 «Des rafales passaient pleines d'une chaleur lourde.»- Les rafales symbolisent les désillusions violente de Jeanne qui la feront souffrir comme autant de gifles.  

 

 «si le temps ne s'éclaircissait pas»- prolespe de la vie de Jeanne qui ne va jamais s'éclaircir.

 

 «et pour la centième fois depuis le matin elle interrogeait l'horizon»- prolepse du futur de la vie de Jeanne qui passera son temps à attendre et à s’ennuyer.

 

    «Puis elle s'aperçut qu'elle avait oublié de mettre son calendrier dans son sac de voyage.»- le calendrier symbolise les jours qui lui sembleront interminables lorsque Jeanne attendra pour voir son fils.  

 

 «Elle cueillit sur le mur le petit carton divisé par mois, et portant au milieu d'un dessin la date de l'année courante 1819 en chiffres d'or.»- L'année 1819 est le moment le plus heureux de sa vie même si l’ignore.

 

 «Puis elle biffa à coups de crayon les quatre premières colonnes, rayant chaque nom de saint jusqu'au 2 mai, jour de sa sortie du couvent.»- Jeanne met une malédiction sur sa vie par cette action sacrilège de rayer les noms des saints au lieu des numéros du jour.

   «Elle était demeurée jusqu'à douze ans dans la maison, puis, malgré les pleurs de la mère, elle fut mise au Sacré-Coeur.»- Jeanne est arrachée de sa mère de la même façon que son fils lui sera arraché.

 

  «Il l'avait tenue là sévèrement enfermée, cloîtrée, ignorée et ignorante des choses humaines.»- Jeanne restera toujours enfermée et cloîtrée dans sa vie.

 

 «Il voulait qu'on la lui rendît chaste à dix-sept ans pour la tremper lui-même dans une sorte de bain de poésie raisonnable ; et, par les champs, au milieu de la terre fécondée, ouvrir son âme, dégourdir son ignorance à l'aspect de l'amour naïf, des tendresses simples des animaux, des lois sereines de la vie.»- Malgré, la volonté de son père de lui ouvrir l’esprit par la poésie, Jeanne aveuglée par ses illusions car cette éducation va produire l’effet inverse et elle toujours malheureuse dans sa vie.

 

2)  Le baron Simon-Jacques Le Perthuis des Vauds

 

 «Jeanne répondit : " Entre, papa. " Et son père parut.»- Le mot papa montre la tendresse et la complicité que le baron a envers sa fille.

  

 «Le baron Simon-Jacques Le Perthuis des Vauds était un gentilhomme de l'autre siècle, maniaque et bon.» - Dès le début de l’incipit, le narrateur juge le baron et le qualifie comme faisant partie du siècle dernier.  L'antithèse entre les adjectifs “maniaque” et “bon” montre la tendresse de Maupassant envers son personnage.   

 

 «Disciple enthousiaste de J.-J. Rousseau, il avait des tendresses d'amant pour la nature, les champs, les bois, les bêtes.»- Maupassant, auteur réaliste  se moque du romantisme  de J.-J. Rousseau, ce qui se perçoit aussi à travers la rêverie de Jeanne. “l'aspect de l'amour naïf”- L’amour naïf est un élément caractéristique du romantisme dont se moque Maupassant.

 

 «Aristocrate de naissance, il haïssait par instinct quatre-vingt-treize ; mais philosophe par tempérament, et libéral par éducation, il exécrait la tyrannie d'une haine inoffensive et déclamatoire.»- L’image du père parfait, d’un gentilhomme à l’ancienne à la fois juste, affectueux et ferme, qui peut aussi rappeler les valeurs de “l’Honnête homme”.

 

 «Sa grande force et sa grande faiblesse, c'était la bonté, une bonté qui n'avait pas assez de bras pour caresser, pour donner, pour étreindre, une bonté de créateur, éparse, sans résistance, comme l'engourdissement d'un nerf de la volonté, une lacune dans l'énergie, presque un vice.»- Sa bonté rappelle l’expression paysanne du “le Bon Dieu”

 

 «Homme de théorie, il méditait tout un plan d'éducation pour sa fille, voulant la faire heureuse, bonne, droite et tendre.»- Malgré les précautions prises par son père, Jeane sera malheureuse car le statut des femmes au XIXe siècle ne leur permet pas d'être heureuse.

 

 II) Les points de vue

1) Focalisation zéro

 

 «Le ronflement des ruisseaux débordés emplissait les rues désertes où les maisons, comme des éponges, buvaient l'humidité qui pénétrait au-dedans et faisait suer les murs de la cave au grenier.»- Ce passage décrit la vie de la bourgeoisie à la campagne, rythmée par l’ennui. Maupassant fait une prolepse de la vie d’une femme bourgeoise à la campagne.  

 

 «Une voix, derrière la porte, appela : " Jeannette ! "»- Sa rêverie est interrompue par son père qui l’appelle de manière affectueuse. C’est une clin d’oeil du narrateur qui nous annonce que Jeanne ne sera véritablement aimée que par son père.

 

 «tendresses simples des animaux»- Maupassant dénonce le comportement brutal et sans sentiments des hommes.

 

2) Focalisation interne

 

   «Jeanne, sortie la veille du couvent, libre enfin pour toujours, prête à saisir tous les bonheurs de la vie dont elle rêvait depuis si longtemps, craignait que son père hésitât à partir si le temps ne s'éclaircissait pas, et pour la centième fois depuis le matin elle interrogeait l'horizon.»- Le lecteur connaît les pensées intimes du personnage de Jeanne qui est très enthousiaste à l'idée de sa nouvelle vie.

 

 Le père de Jeanne avait la volonté d’instruire et d’ouvrir l’esprit de sa fille en lui donnant une éducation romantique qui la conduira à sa perte, aveuglée par l'illusion lyrique : “ il méditait tout un plan d'éducation pour sa fille, voulant la faire heureuse, bonne, droite et tendre.”

Analyse du Chapitre 1, Les rêves de Jeanne, De « La jeune fille s'abandonna au bonheur de respirer» à «dans la sérénité d'une affection indescriptible»

“Toutes les bêtes qui s'éveillent quand vient le soir Toutes les bêtes qui s'éveillent quand vient le soir [...]  Seuls quelques crapauds mélancoliques poussaient vers la lune leur note courte et monotone.”: On remarque des champs lexicaux spécifiques au romantisme : l’obscurité et le silence : “  obscure” , “nuits demi-ténèbres”,   “silencieuse”, “ombres”, “muettes”, “mélancoliques”. 

Les “crapauds” évoquent le prince charmant que Jeanne rêve de rencontrer. 

“Il semblait à Jeanne que son cœur s'élargissait [...] quelque chose comme un souffle de bonheur.”: dans ce passage Maupassant fait une description de la vision de l’amour parfait que s’imagine Jeanne. Ainsi il critique l’éducation des jeunes filles du XIXème siècle qui étaient nourries de lectures romantiques qui imprimaient en elles une vision idéalisée de l’amour, irréalisable dans la vraie vie, ce qui les entraînait inéluctablement dans une vie de malheur et de dépression.

“L'amour ! Il l'emplissait depuis deux années de l'anxiété croissante de son approche. Maintenant elle était libre d'aimer ; elle n'avait plus qu'à le rencontrer, lui ! Comment serait-il ?”: Le narrateur utilise le discours indirect libre pour se moquer des pensées et visions de Jeanne qui imagine le portrait de son futur mari et la vie parfaite qu’elle pourrait vivre à ses côtés.

“ Elle savait seulement qu'elle l'adorerait de toute son âme et qu'il la chérirait de toute sa force.” : Jeanne se soucis essentiellement d’avoir une vie amoureuse passionnée. Et que peu importe le physique qu’il aura elle se prosternera devant lui comme devant un dieu.

“Ils se promèneraient par les soirs pareils à celui-ci [...] jusqu'à leurs plus secrètes pensées.”: Le narrateur pose un regard ironique sur les pensées romantiques de Jeanne qui sont présentées comme exagérément niaises. On comprend alors que Jeanne sera déçue par son mariage avec Julien, un homme brutal et froid.

“Et cela continuerait indéfiniment, dans la sérénité d'une affection indescriptible.” : Maupassant se moque de la jeune fille qui pense que durant tout le mariage, l’amour sera comme au premier jour alors qu’en réalité avec le temps il y a toujours des hauts et des bas et qu’il ne sera pas toujours à l’eau de rose, et jamais comme elle l’espère.

Analyse du Chapitre 4, La nuit de noces De «Elle fit un soubresaut, comme pour se jeter à terre lorsque glissa vivement contre sa jambe une autre jambe froide et velue» à «elle eût mieux aimé être frappée, violentée encore, meurtrie de caresses odieuses jusqu’à perdre connaissance.»

La scène est racontée du point de vue de Jeanne, ce qui la rend encore plus réaliste. Le discours indirect libre permet au narrateur de nous faire partager la souffrance et la désillusion de la jeune femme qui s’était imaginée une nuit de noces agréable et qui s’est fait brutalement violer par son mari qui n’a eu aucune considération pour elle, la traitant comme un objet sexuel dont il peut légalement disposer à sa guise. Julien est au début déçu que Jeanne se refuse timidement à lui, et après l’avoir violée, il est content de lui et s’endort heureux et satisfait ce qui est très révélateur des relations conjugales au XIXème siècle. La jeune femme vit sa nuit de noces dans la peur et dans la souffrance car elle n’y a pas été préparée par ses parents, la sexualité étant un sujet tabou dans la société bourgeoise de l’époque. Julien, en revanche, comme tous les jeunes hommes, a déjà eu plusieurs maîtresses et sait très bien comment parvenir à ses fins, ce qui choque d’autant plus Jeanne : « Ce qui s’était passé entre eux n’avait donc rien de surprenant ? ». La jeune femme se sent humiliée et trahie : « Oh ! Elle eût mieux aimé être frappée ». Le narrateur insiste avec ironie sur « les tapisseries du mur, sur la vieille légende d’amour qui enveloppait sa chambre ».

Analyse du Chapitre 6, La fin d’un monde, De « La porte du milieu soudain s'ouvrit» à «C'était une ressource de se voir quand on habitait toute l'année la campagne.»

I) Une scène de morts vivants

Tout d'abord on observe le champ lexical du tombeau : “la pendule et les candélabres enveloppés de linge blanc ; et un air moisi, un air d'autrefois, glacé, humide, semblait imprégner les poumons, le coeur et la peau de tristesse”. De plus il y a un froid morbide et très peu de lumière car les “persiennes [sont] toujours fermées”. Mais également la présence de “candélabres”renforce l’atmosphère sombre et morbide. Le “linge blanc” fait penser à un linceul. Le temps semble s’être arrêté avec l’évocation de la pendule voilée. Le “domestique paralysé” n’est que le reflet de ce monde immobile et sans vie. 

Ensuite la description physique des personnages fait penser à un cadavre embaumé  et préparer pour son enterrement “Son nez, ses yeux, ses dents déchaussées, ses cheveux qu'on aurait dits enduits de cire et son beau vêtement d'apparat”.

Cette scène est plongée dans une ambiance de mort : “Julien marchait de long en large. Jeanne, morne, restait assise auprès de sa mère. Et le baron, adossé au marbre de la cheminée, demeurait le front bas.” Julien marche tel une personne angoissée dans le couloir d'un hôpital. Jeanne s’ennuie à mourir et le baron semble paraît ne pas réussir à rester debout sans soutien. Ces personnages sont emblématique de la bourgeoisie qui disparaît. 

 

II) La mort de la bourgeoisie

Ensuite les personnages ont des traditions anciennes. Les vêtements sont démodés : “La femme en robe de soie ramagée, coiffée d'un petit bonnet douairière à rubans”, “ Le mari serré dans une redingote pompeuse”. Leurs manières sont désuètes : “saluait avec un ploiement des genoux”. L’hypocrisie tient une place importante dans cette scène, les relations sont qualifiées de bonnes alors qu il n'y en a pas : “Après les premiers o de bienvenue et les politesses de voisinage, personne ne trouva plus rien à dire. Maupassant utilise l'ironie pour critiquer violemment ce monde de bourgeois moribonds : “Alors on se félicita de part et d'autre sans raison” les personnages n’ont aucune conversation, “ces excellentes relations” sont donc entièrement factices, “C'était une ressource de se voir quand on habitait toute l'année la campagne” car ils s’ennuient tellement qu’ils doivent se faire une fête du moindre petit événement. 

Analyse du Chapitre 9, Le deuil, De «Quand il n'y eut plus qu'un amas de cendres au fond du foyer» à «il n'y eût ni joie ni bonheur»

“Quand il n'y eut plus qu'un amas de cendres au fond du foyer, elle retourna s'asseoir auprès de la fenêtre ouverte comme si elle n'eût plus osé rester auprès de la morte” : Le passé simple est utilisé pour raconter une succession d’actions courtes. On remarque que le narrateur fait un parallèle entre la mort de la mère et le feu refroidi qui symbolise le coeur de Jeanne qui vient de perdre la personne qu’elle aimait le plus au monde juste après avoir appris l’infidélité de son mari. La gradation pathétique : “et elle se remit à pleurer, la figure dans ses mains, et gémissant d'un ton navré, d'un ton de plainte désolée : " Oh ! ma pauvre maman, oh ! ma pauvre maman ! "” nous montre que Jeanne voit disparaître toutes sources de bonheur ce qui la plonge dans un profond désespoir. 

“Et une atroce réflexion lui vint : - si petite mère n'était pas morte, par hasard, si elle n'était qu'endormie d'un sommeil léthargique, si elle allait soudain se lever, parler ? -- La connaissance de l'affreux secret n'amoindrirait-elle pas son amour filial ? L'embrasserait-elle des mêmes lèvres pieuses ? La chérirait-elle de la même affection sacrée ? Non. Ce n'était pas possible ! Et cette pensée lui déchira le cœur.”: Le discours indirect libre nous permet d’accéder aux pensées du personnage et de voir la remise en question de Jeanne. Elle se demande si jamais sa mère se réveillait, elle l’aimerait toujours autant compte tenu de la liaison qu’elle lui avait  cachée. Jeanne ne réalise pas que sa mère est décédée et le narrateur veut nous montrer le mécanisme du deuil.

“La nuit s'effaçait ; les étoiles pâlissaient ; c'était l'heure fraîche qui précède le jour. La lune descendue allait s'enfoncer dans la mer qu'elle nacrait sur toute sa surface.”: Cette description de l’aurore est poétique et romantique, c’est ironique. Et comme Maupassant aime bien se moquer du romantisme, il utilise cette façon d’écrire pour montrer que les gens gâchent leur vie avec des conventions sociales contre-nature. 

“Et le souvenir saisit Jeanne de cette nuit passée à la fenêtre lors de son arrivée aux Peuples. Comme c'était loin, comme tout était changé, comme l'avenir lui semblait différent !”: Ce passage nous montre la désillusion complète de Jeanne qui rêvait que sa vie future serait parfaite. Il fait allusion au chapitre 1 quand elle s’imaginait avec un mari aimant et romantique. Et tout le contraire lui arriva. Maupassant se moque de la façon dont laquelle les femmes bourgeoises de cette époque concevaient le monde. 

“Et voilà que le ciel devint rose, d'un rose joyeux, amoureux, charmant.”: Le champ lexical de l’amour est ici employé de façon ironique. ce ciel rose la plonge dans une atmosphère d’amour qui lui est refusée. Cela souligne le contraste avec cette maison noire qui porte le deuil et le ciel qui porte l’amour .

 “Elle regarda, surprise maintenant comme devant un phénomène, cette radieuse éclosion du jour, se demandant s'il était possible que sur cette terre où se levaient de pareilles aurores, il n'y eût ni joie ni bonheur.” : Cette dernière phrase nous porte à une conclusion et une leçon que la vie veut donner à Jeanne. A ce moment là le narrateur montre qu’une personne est morte mais que la vie ne s'arrête pas pour autant. Il y a même une antithèse entre le début du texte avec la mort de la mère et l’éclosion du jour. Jeanne peut alors essayer de se reprendre en main et continuer sa route sans plus se bercer d’illusions.

Analyse du Chapitre 10, Le meurtre, De « Les grains, qui se succédaient, fouettaient le visage du comte» à « et leurs membres cassés étaient mous comme s'il n'y avait plus d'os sous la chair.»

I) Un personnage animalisé

Dans ce passage le comte est comparé à un animal et à un monstre :  “Dès qu'il les eut aperçus, le comte se coucha contre terre, puis il se traîna sur les mains et sur les genoux, semblable à une sorte de monstre avec son grand corps souillé de boue et sa coiffure en poil de bête. Il rampa jusqu'à la cabane solitaire et se cacha dessous pour n'être point découvert par les fentes des planches.” Les mots utilisés par Maupassant pour décrire le comte font ressortir son côté animal et sa dangerosité. Tout d’abord le comte rampe par terre sur la boue, cela montre sa détermination, il est prêt à revenir à ses instincts primaires pour découvrir la vérité. 

“Les chevaux, l'ayant vu, s'agitaient” montre que le comte n’est plus un homme civilisé il s’est transformé en un prédateur à la recherche de sa proie. Dans le sixième paragraphe le comte est de nouveau décrit comme un prédateur:  “Il ne bougeait plus ; il semblait attendre. Un temps assez long s'écoula ; et tout à coup il se releva,” Ce passage montre que le comte est patient et qu’il attend le moment propice pour attaquer. Ensuite le comte est décrit en boeuf:” il se mit à secouer cette niche comme s'il eût voulu la briser en pièces….il s'attela…...tirant comme un boeuf”. Ici le comte fait preuve de sa force surhumaine d'où le fait qu’il soit comparé à un boeuf, un des animaux qui représente la puissance.

Vers la fin du passage un mendiant qui à été témoin de l’horrible accident va chercher de l’aide : le vieux mendiant, qui l'avait vue passer, descendit à petits pas à travers les ronces ; et, mû par une prudence de paysan, n'osant approcher du coffre éventré, il alla jusqu'à la ferme voisine annoncer l'accident.” Bien qu’il soit en marge de la société, ce mendiant représente l'humanité par opposition au comte qui malgré son rang social se comporte comme une bête féroce.

 

II) La mise en scène terrifiante du meurtre

Au début du passage Maupassant nous décrit un paysage état d’âme où la météo tempétueuse reflète l’état d’esprit tourmenté du personnage: “fouettaient le visage du comte, trempaient ses joues et ses moustaches où l'eau glissait, emplissaient de bruit ses oreilles et son coeur de tumulte.” Cette description nous prépare au meurtre des deux amants. Au deuxième paragraphe le narrateur dit que “ devant lui, le val de Vaucotte ouvrait sa gorge profonde.” Cela nous prépare au fait que les amants vont se faire précipiter de la falaise, se faire “avaler” par le Val de Vaucotte. De plus la question rhétorique :”Que pouvait-on craindre par cette tempête ?” est ironique car nous savons que le comte est à leur recherche.

“les animaux s'enfuirent harcelés par la grêle qui cinglait le toit penché de la maison de bois, la faisant trembler sur ses roues.” Cette description vient renforcer l'atmosphère effrayante car même si le narrateur utilise le champ lexical de la peur pour se rapporter au paysage, c’est une prolepse de la chute de la cabane.

“Le comte alors, redressé sur les genoux, colla son oeil au bas de la porte, en regardant dedans.” : L’étau se resserre sur les amants. Le comte confirme ses suspicions et il est maintenant prêt à agir. Dans le sixième paragraphe le comte libère sa rage:  “Avec un geste forcené…..effort désespéré…..un effort désespéré” le comte est décrit comme un fou qui a été blessé en amour et en fierté qui se venge quoi qu’il puisse lui en coûter. Le narrateur nous décrit la future catastrophe au ralenti en utilisant beaucoup de descriptions détaillées, cela renforce l’horreur de ce meurtre : “vers la pente rapide, la maison voyageuse et ceux qu'elle enfermait” ,“Ils criaient là-dedans, heurtant la cloison du poing, ne comprenant pas ce qui leur arrivait.”  Dans la description de la chute de la cabane il y a une accélération du rythme pour montrer l'accélération de la vitesse de celle-ci :    Tout à coup elle perdit une roue arrachée d'un heurt, s'abattit sur le flanc et se remit à dévaler comme une boule, comme une maison déracinée dégringolerait du sommet d'un mont. Puis, arrivant au rebord du dernier ravin, elle bondit en décrivant une courbe,” qui se termine en un instant  comme pour signaler la vitesse et la facilité avec laquelle quelqu’un peut mourir ce qui renforce la fragilité de l’homme et de la femme qui sont à l'intérieur: “ et, tombant au fond , s'y creva comme un oeuf.”  

À la fin du passage le narrateur décrit le mendiant  “n'osant approcher du coffre éventré” C’est une synecdoque  qui nous prépare au corps “éventrés” et “meurtris” des deux victimes. Cela nous apporte un peu plus de suspense pour la description finale du corps des deux victimes et accentue ainsi l’horreur face au massacre. 

Dans le dernier paragraphe les corps des deux victimes sont décrits pour accentuer l’horreur de ce meurtre : “ Ils étaient meurtris, broyés, saignants. L'homme avait le front ouvert et toute la face écrasée. La mâchoire de la femme pendait, détachée dans un choc ; et leurs membres cassés étaient mous comme s'il n'y avait plus d'os sous la chair.” 

Analyse de l'Excipit, chapitre 14, De « Vers trois heures elle fit atteler la carriole d’un voisin» à la fin du roman.

Introduction :

Les enfants ont toujours été un symbole d’espoir pour les adultes. Guy de Maupassant, auteur de Une vie, s’inscrit dans le mouvement naturaliste. Une vie, est un roman racontant l’histoire de Jeanne, une femme ayant connu une vie pleine de déconvenues et de désillusions. Dans l’extrait étudié, Jeanne recueille, à la demande de son fils Paul, sa petite-fille, orpheline de mère. Nous allons voir, comment dans cet excipit naturaliste, Maupassant donne-t-il un nouvel élan à la vie de son personnage. Tout d’abord, pour répondre à cette question, nous étudierons deux portraits de femmes. Ensuite, nous montrerons que ce texte naturaliste a une forte portée symbolique.

 

I) Deux portraits de femmes

Les deux femmes dans ce roman sont Jeanne et Rosalie. Au début de l’extrait, Jeanne est très impatiente, comme nous le montre son attitude “debout sur le quai”, “l’oeil tendu”, “regardait l’horloge”, “Encore dix minutes. Encore cinq minutes. Encore deux minutes”. A l’arrivée de Rosalie et du bébé, son émotion est tellement importante que ses “jambes devenues molles” ne lui permettent pas d’aller vers elles. On a aussi, entre-autres, constaté qu’elle était beaucoup dans le détail, on peut le remarquer grâce aux longues descriptions comme “Puis tout à coup, elle aperçut une tache blanche, une fumée, puis au-dessous un point noir qui grandit, accourant à toute vitesse. La grosse machine enfin, ralentissant sa marche, passa, en ronflant, devant Jeanne qui guettait avidement les portières”. Le narrateur adopte avec cette personnification le point de vue de Jeanne qui voit le train comme une grosse créature ayant englouti sa petite fille. Jeanne éprouve un grand besoin d’amour, comme nous le montrent les citations “une chaleur de vie traversant ses robes” et “la criblant de baisers”. Le mot “criblant” évoque la mitraille, c’est une manière ironique de revenir sur le comportement passionné de Jeanne. Le portrait de Jeanne, est construit en opposition à celui de Rosalie, qui, par son comportement et ses paroles, nous donne des renseignements précieux sur le caractère de sa maîtresse. Rosalie reste toujours calme (“air calme ordinaire”), tandis que Jeanne, elle, se laisse facilement déborder. On remarque aussi que la servante a tendance à aller vite dans l’action en entrant directement dans le vif du sujet comme nous le prouve la phrase “Eh bien, elle est morte, c’te nuit. Ils sont mariés, v’là la petite” qui va droit au but, quitte à avaler des mots afin de gagner du temps. Elle a aussi une grande sagesse populaire : “vous allez la faire crier”. Cela montre bien que malgré son rang social et son argent, Jeanne se comporte comme un enfant devant un cadeau. Pour finir, Maupassant laisse au personnage de Rosalie le mot de la fin: “La vie, voyez-vous, ça n’est jamais si bon ni si mauvais qu’on croit”, signifiant que la vie est pleine de surprises, et mystérieuse. Donc, ce roman très sombre se finit sur une note d’espoir. 

 

II) Un texte naturaliste à forte portée symbolique

Dans ce texte, les descriptions sont minutieuses, et nous montrent bien la société de l’époque: “des gens descendaient, des paysans en blouse, des fermières avec des paniers, des petits-bourgeois en chapeau mou”. Le texte dégage une grande sérénité et la confiance en l’avenir: ”Une quiétude infinie planait sur la terre tranquille”. Une notion d’espoir est aussi présente avec la couleur bleue des yeux du bébé. La couleur rouge dans “Le sang des coquelicots” est aussi représentative, et insiste sur le lien de parenté, tout comme l’expression “la fille de son fils”. Cet enfant est présenté comme un paquet cadeau que Jeanne doit déballer et qui va lui donner du bonheur pour tout le reste de sa vie: “Rosalie qui portait en ses bras une sorte de paquet de linge”, “Et elle tendit l’enfant qu’on ne voyait point dans ses linges” et “Elle découvrit brusquement la figure de l’enfant qu’elle n’avait pas encore vue”. Le roman nous offre donc une fin ouverte puisque le bébé apporte le renouveau de la vie. 

 

Conclusion :

Ainsi, nous avons vu que Maupassant donnait du renouveau à la vie du personnage de Jeanne grâce au bébé qui vient remplir sa vie d’amour à un moment fatidique.  

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