Acte I scène 1. En quoi cette scène d’exposition est-elle surprenante ?
I) Une intrigue de comédie
Cette scène d’exposition est caractéristique du genre de la comédie pour plusieurs raisons. Premièrement, le décor est fait d’objets du quotidien,(“Le théâtre représente une chambre à demi démeublée”), c’est un environnement très simple et quotidien. Les personnages ont tous les deux une attitude très simple, sincère et naturelle. De plus, l’intrigue a un sujet typique de comédie. En effet, Figaro va devoir empêcher le comte de passer sa nuit de noces avec Suzanne, et la pièce se déroulera avec l’opposition de Bazile, le maître chanteur, qui va aider le comte à se rapprocher de Suzanne et l’aide de la comtesse envers Suzanne. Par ailleurs, cet extrait s’apparente à une farce, comme nous le montre le quiproquo de Figaro qui ne comprend pas ce que lui explique Suzanne (“Tu croyais, bon garçon, que cette dot qu’on me donne était pour les beaux yeux de ton mérite ?”, “que les gens d’esprit sont bêtes”), la manière dont Suzanne se joue de Figaro, et la façon dont les deux personnages se nomment relève du comique de mots (“mon fils”, “mon petit fi,fi, figaro”, “ma charmante”, “mon ami”, “ma petite Suzanne”). Néanmoins, cette scène d’exposition n’expose pas les faits car elle commence in medias res. Le début de la scène est difficile à comprendre : Beaumarchais privilégie le rire et l’enthousiasme du spectateur plutôt que l’information.
II) La vivacité de la scène
Cette scène d’exposition fait preuve d’une grande vivacité. On remarque tout d’abord que les répliques s’enchaînent assez rapidement. Les phrases sont souvent courtes, comme nous le montre les répliques “On le dit.”, “Mais c’est qu’on ne veut pas le croire !” et “On a tort”. Par la suite on comprend l’impatience de Figaro de connaître la réponse de sa future épouse, il la presse et lui demande trois fois d’affilée expliciter sa réponse “Pourquoi?”, “mais encore”, “on dit une raison”, mais Suzanne s’amuse de son impatience : “je n’en veux point”, “elle me déplaît” ; ce qui nous montre le caractère impatient de Figaro. On remarque alors ses différents changements d’humeur. En effet, Figaro passe rapidement d’un état d’euphorie, car il se prépare à passer un des plus beaux jours de sa vie, le jour de son mariage et qu’il est complètement amoureux de sa fiancée (“lui prend les mains”, “ma charmante”, “que ce joli bouquet virginal [...] est doux, le matin des noces, à l’œil amoureux d’un époux !”), à un état d’irritation, où il commence lentement à s’énerver car Suzanne sous entend qu’il y a un problème mais continue à lui faire des mystères sans lui dire ce qu’il se passe (“Eh ! qu’est-ce qu’il y a, bon Dieu ?”), puis de colère car il comprend le tour que lui a joué son maître ; ses gestes traduisent sa colère : “se frottant la tête.”, “Ma tête s’amollit de surprise”. A la fin, Suzanne réussit à apaiser son fiancé, elle lui rappelle leur mariage (“Et qu’en dirait demain mon mari?”). C’est de cette manière que Figaro se calme (“Pour m’ouvrir l’esprit, donne un petit baiser”) et lui pardonne de l’avoir fait attendre.
III) L’enjeu de la pièce
Malgré tout, on apprend dans cette scène d’exposition beaucoup sur le personnage de Figaro. En effet, celui-ci porte bien son rôle de valet de comédie : comme le personnage de Sganarelle dans les Fourberies de Scapin de Molière, Figaro est un personnage très naïf, malgré son intelligence. Il ne se rend pas compte du tour de son maître et met du temps à le comprendre. Mais, contrairement au personnage de Sganarelle dans Dom Juan de Molière, Figaro est un personnage doté d’une très grande intelligence (“Que les gens d’esprit sont bêtes !”), il met en place un stratagème et on comprend qu’il ne se laissera pas faire malgré sa position de valet (“ Ah ! s’il y avait moyen d’attraper ce grand trompeur, de le faire donner dans un bon piège, et d’empocher son or !”).
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2ème version de ce commentaire
I) Une intrigue de comédie
Tout d’abord, cette scène d’exposition nous présente les personnages de Figaro et de Suzanne et nous décrit le contexte de l’histoire de manière comique. Cette scène contient beaucoup de didascalies : “Figaro, se frottant la tête” , “Suzanne, riant.” “Figaro court après elle” ce qui donne alors à cette scène la caractéristique de comique de geste. Les stichomythies des personnages sont rendues comiques : “ Suzanne. Et moi je n’en veux point. Figaro. Pourquoi ? Suzanne. Je n’en veux point. Figaro. Mais encore ? Suzanne. Elle me déplaît. Figaro. On dit une raison.” La dispute des personnages peut alors difficilement être prise au sérieux par le spectateur. De plus, le comique langagier y est assez présent : “Figaro. Tu ris, friponne ! Ah ! s’il y avait moyen d’attraper ce grand trompeur, de le faire donner dans un bon piège, et d’empocher son or ! ” avec l’emploi de mots familiers comme “friponne” ou encore avec la répétition de Suzanne : “Figaro. [...] il n’a qu’à tinter du sien : crac, en trois sauts me voilà rendu. Suzanne. Fort bien ! Mais quand il aura tinté, le matin, pour te donner quelque bonne et longue commission : zeste, en deux pas il est à ma porte, et crac, en trois sauts…” qui fait également allusion au potentiel viol que le comte pourrait commettre envers Suzanne. Cette scène d’exposition est donc comique grâce aux paroles et à la gestuelle de chaque personnage.
II) La vivacité de la scène
Pendant cette scène d’exposition, le spectateur ne s’ennuie pas. La plupart des réparties sont brèves et s’enchaînent rapidement : “ Figaro. J’avais assez fait pour l’espérer. Suzanne. Que les gens d’esprit sont bêtes ! Figaro. On le dit. Suzanne. Mais c’est qu’on ne veut pas le croire ! Figaro. On a tort.” Ces stichomythies ajoutent alors du dynamisme à la scène. De plus les didascalies nous montre que l’attitude des personnages est enjouée et vive : “ Suzanne, riant.” “Figaro, se frottant la tête.” “(Figaro l’embrasse.)” la ponctuation des répliques des personnages montrent également leur passion : “Suzanne. À mon amant aujourd’hui ? Je t’en souhaite ! Et qu’en dirait demain mon mari ? (Figaro l’embrasse.) Suzanne. Eh bien ! eh bien !” les personnages donnent l’image d’une certaine complicité et sont pleins de vie. Les valets ne donnent pas l’impression de simples esclaves: “ Figaro. Ce n’est rien d’entreprendre une chose dangereuse, mais d’échapper au péril en la menant à bien : car d’entrer chez quelqu’un la nuit, de lui souffler sa femme, [...] mille sots coquins l’ont fait. Mais…” Ils font preuve d’une grande intelligence et réfléchissent à leur situation, ils ne sont alors pas soumis à leur maître comme les valets traditionnels mais surpassent leur maître par leur intelligence. Le spectateur ne décroche alors pas de l’intrigue grâce à la rapidité à laquelle se déroule la scène ainsi qu’aux personnages dynamiques et vifs qui mènent la pièce.
III) L’enjeu de la pièce
Le comte a prêté une chambre aux deux futurs époux mais son geste de gratitude ne partait pas d’une bonne intention. En effet, le comte aimerait violer Suzanne : “Suzanne. Fort bien ! Mais quand il aura tinté, le matin, pour te donner quelque bonne et longue commission : zeste, en deux pas il est à ma porte, et crac, en trois sauts…” La fiancée de Figaro qui s’en est rendu compte grâce à Basile, ce qu’elle exprime par une litote : “Suzanne [...] mais non pas chez sa femme : c’est sur la tienne, entends-tu ? qu’il a jeté ses vues, auxquelles il espère que ce logement ne nuira pas. Et c’est ce que le loyal Basile, honnête agent de ses plaisirs…” De plus, le comte profite de la situation et a changé une loi qu’il avait lui même abolie pour qu’il puisse approcher la future épouse de son valet : “Figaro. Je le sais tellement, que si monsieur le comte, en se mariant, n’eût pas aboli ce droit honteux, jamais je ne t’eusse épousée dans ses domaines.” Figaro qui est un valet irréprochable et qui a aidé le comte notamment à trouver sa femme, est alors furieux de la trahison de son maître et tente de trouver une solution avec Suzanne pour y remédier : “Figaro. [...] Ah ! s’il y avait moyen d’attraper ce grand trompeur, de le faire donner dans un bon piège, et d’empocher son or !” Suzanne et Figaro cherchent alors tous deux un échappatoire à la trahison du comte, sans scrupules et qui ne semble pas affecté de trahir son fidèle valet.
Acte I scène 2 En quoi ce monologue est-il informatif ?
I) Un dialogue avec soi-même
a) Figaro se parle à lui-même
Cet extrait est un monologue délibératif puisque le personnage de Figaro se parle à lui-même afin de faire le point sur la situation dans laquelle il se trouve : “Ah ! Monseigneur ! mon cher Monseigneur ! vous voulez m'en donner... à garder. Je cherchais aussi pourquoi m'ayant nommé concierge, il m'emmène à son ambassade, et m'établit courrier de dépêches.” Non seulement dans cet extrait, mais tout au long du texte, Figaro emploie une ponctuation très expressive, ce qui montre qu’il ressent beaucoup d'émotions.
b) Figaro fait semblant de parler à d’autres personnages
Tout au long de ce monologue, Figaro fait semblant de parler à d’autres personnages, ce qui garde la pièce vivante et lui donne un aspect comique. Il y a donc une double énonciation puisque Figaro s’adresse à lui-même et aux spectateurs, et du théâtre dans le théâtre puisqu’il joue la comédie pour lui-même : “- Pour toi, BAZILE ! fripon, mon cadet ! je veux t'apprendre à clocher devant lesboiteux ; je veux…”
II) Un monologue informatif
a) On apprend des informations sur la situation initiale
Dans ce monologue informatif, on apprend que Figaro a reçu une promotion de son patron, le Comte, pour devenir courrier de dépêches à Londres. Mais on comprend vite, tout comme Figaro que le Comte offre cette promotion à Figaro pour l'éloigner de sa fiancée, Suzanne :“Je cherchais aussi pourquoi m'ayant nommé concierge, il m'emmène à son ambassade, et m'établit courrier de dépêches.”
b) On apprend des informations sur le caractère des personnages
Dans ce texte, l’acte I, scène 2, on apprend des informations sur le caractère de plusieurs personnages, le premier étant Suzanne, la fiancée de Figaro : “La charmante fille ! toujours riante, verdissante, pleine de gaieté, d'esprit, d'amour et de délices ! mais sage !” On voit que Figaro utilise des adjectifs mélioratifs pour décrire sa fiancée, on peut donc non-seulement voir que Suzanne est une femme belle et gentille, mais que Figaro est très amoureux d’elle.
Puis on apprend sur le caractère de Figaro, “(Il marche vivement en se frottant les mains.)” On peut voir que Figaro est quelqu’un de vif et qu’il réfléchit tout le temps, ce qu’on ne voit pas souvent pour un personnage qui est un valet, donc c’est un personnage qui nous surprend.
On découvre aussi que Figaro est un personnage doté de beaucoup d’humour, comme on peut le voir dans la façon dont il s’exprime, car il utilise de l’ironie, ce qui montre encore une fois que
c’est un personnage intelligent, “Pendant que je galoperais d'un côté, vous feriez faire de l'autre à ma belle un joli chemin ! Me crottant, m'échinant pour la gloire de votre famille ; vous,
daignant concourir à l'accroissement de la mienne !” Cet extrait nous montre aussi le côté manipulateur du personnage du Comte puisqu’il envoie Figaro à Londres pour l'écarter de sa
fiancée.
Acte I scène 10. Comment Figaro à travers son argumentation parvient-il à faire céder le comte?
I) Les arguments de Figaro
Il n’y a que vous, madame, qui puissiez nous obtenir cette faveur.” : On observe que Figaro tente indirectement de faire céder le comte. Il le fait par le biais de la comtesse.
“bas à Suzanne.” : Figaro tente d’avoir le plus de personne de son côté et complote derrière le dos du comte.
“Soutiens bien mes efforts.” : Il s’adresse à Suzanne, non pas en l'apitoyant mais en lui demandant fermement comme le montre l'adverbe “bien”. Il ne veut pas mener le combat seul et demande donc de l’aide et du soutien de la part de Suzanne ou de la comtesse.
“Va toujours.” : Malgré le découragement de Suzanne, Figaro ne baisse pas les bras et ne perd pas espoir.
“Monseigneur, vos vassaux, touchés de l’abolition d’un certain droit fâcheux que votre amour pour madame…” : Figaro remercie le comte de ne pas réinstaurer le droit abolit.
“malignement.” : Figaro use de façon subtile tous les arguments dont il a connaissance pour mieux les retourner contre le comte. Il tente d’embarrasser le comte et de lui faire dire les choses qu’il n’ose pas avouer mais dont tout le monde a connaissance.
“Qu’il est bien temps que la vertu d’un si bon maître éclate ! Elle m’est d’un tel avantage aujourd’hui, que je désire être le premier à la célébrer à mes noces.” : Figaro n’accuse pas directement le comte mais le fait de façon discrète afin que celui-ci comprenne le message. Il emploie un champ lexical des fêtes : “célébrer”, “noces”.
“tenant Suzanne par la main.’ : Figaro use de la provocation pour atteindre son but qui est de faire céder le comte. Sachant bien que celui-ci avait des sentiments pour la jeune femme, Figaro a utilisé d’autre moyen que les mots.
“Permettez donc que cette jeune créature, de qui votre sagesse a préservé l’honneur, reçoive de votre main publiquement la toque virginale, ornée de plumes et de rubans blancs, symbole de la pureté de vos intentions : adoptez-en la cérémonie pour tous les mariages, et qu’un quatrain chanté en chœur rappelle à jamais le souvenir…” : Figaro veut appuyer ses arguments en associant le comte à la pureté pour que le comte se sente encore plus mal à l’aise et en raison de ses intentions malsaines, cette association s’avère totalement faux. Figaro tente d’arriver au bout des limites du comte.
“Joignez-vous à moi, mes amis !” : Figaro demande le soutien du peuple d’un air entraînant, comme s’il savourait le moment et profitait de la faiblesse de son maître.
“Regardez-la donc, monseigneur ; jamais plus jolie fiancée ne montrera mieux la grandeur de votre sacrifice.” : Figaro utilise la vision (“regardez”,”montrera”) pour que la douleur du comte soit plus grande et que celui-ci se rende compte de sa perte.
II) La participation de Suzanne au combat contre le comte
On constate une participation de la part de Suzanne qui complète les phrases de Figaro.
“Qui ne mèneront à rien.” : Suzanne, malgré la demande de Figaro, ne participe pas comme celui-ci désirerait. Au lieu de le soutenir elle le rabaisse et s’avoue vaincue avant même d’avoir commencé le combat.
“jeune créature,” : L’emploi de ce mot permet à Figaro de rendre compte de l’importance de la femme à ses yeux. Dans le combat mené par Figaro, la participation de Suzanne est avant tout représentée par des gestes affectueux.
“Pourquoi fuir un éloge que vous méritez si bien ?” : Suzanne, fait l’innocente et emploie un mot fort “éloge” qui se veut habituellement flatteur mais qui dans le contexte s’avère être péjoratif.
“Laisse-là ma figure, et ne vantons que sa vertu.” : Cependant, Suzanne refuse l’éloge que Figaro lui fait et veut donner toute l’attention au comte.
III) La défaite du comte, un personnage prisonnier des apparences
“embarrassé.” : On constate à plusieurs reprises que l’auteur appuie le fait que le comte se sent piégé.
“Que voulez-vous ?” : le comte se sent menacé et avec cette phrase on observe que celui-ci est prêt à tout pour échapper au piège.
“Hé bien, ce droit n’existe plus : que veux-tu dire ?” : Le comte est en retrait et nie les faits. Il fait comme s’il n’était au courant de rien et comme s’il ne comprenait pas.
“Tu te moques, ami ! l’abolition d’un droit honteux n’est que l’acquis d’une dette envers l’honnêteté.” : Le comte, cependant, se rend compte de la situation dans laquelle Figaro tente de le mettre. Il décide donc de se faire passer pour un homme honnête, qui fait les bons choix. L’antiphrase : “honteux”/”honnêteté” rend le discours du comte moins crédible et plus confus.
“Monseigneur ! monseigneur !” : Au final, la pression sociale a fait reconnaître au comte ses tords de façon implicite.
“La perfide !” : Le comte prend conscience que Suzanne était dans le complot depuis le début et que celle-ci s’est jouée de lui. Il se sent en position d'infériorité malgré son rang social élevé comme le prouve l’acclamation du peuple : “Tous ensemble : Monseigneur ! monseigneur !”.
“ je me rends.” : le comte finit par s’avouer vaincu car il est à court d’arguments.
Acte II scène 1 Suzanne et la Comtesse. En quoi cette comédie qui parodie la tragédie classique permet-elle une critique sociale tout en mettant en avant la place de la femme dans la société du XVIIIème siècle ?
1) La critique sociale maître/valet
“Oh, que non ! Monseigneur n’y met pas tant de façon avec sa servante : il voulait m’acheter.”: comme Suzanne n’est qu’une servante, le Comte ne se fatigue pas à trop pour la séduire, l’acheter est plus simple, c'est une critique sur la relation maître/valet, Suzanne est inférieure car c’est une servante, elle ne mérite pas d’être “séduite”.
“Ouvre un peu la croisée sur le jardin. Il fait une chaleur ici ! …” : Bien qu’elles soient complices, Suzanne reste la servante de la Comtesse.
“Je n’ai rien caché à madame.” : Suzanne doit tout dire à sa maîtresse, elle n’a pas le droit au secret, à l’intimité (même si elle n’était pas complice).
2) Une parodie de tragédie
“Ah ! Suzon, qu’elle est noble et belle ! Mais qu’elle est imposante !”: le mot “imposante” est ici à double sens. Le vocabulaire “noble” “belle” “imposante” parodie la tragédie.
“J’ai voulu le lui ôter ; madame, c’était un lion ; ses yeux brillaient... Tu ne l’auras qu’avec ma vie, disait-il en forçant sa petite voix douce et grêle.”
“c’était un lion ; ses yeux brillaient.” : l'hyperbole est ridicule.
“Tu ne l’auras qu’avec ma vie” : c'est une exagération.
“ [...] et parce qu’il n’oserait seulement baiser la robe de madame, il voudrait toujours m’embrasser, moi.” : le Comte voudrait toujours embrasser Suzanne car il n'oserait pas embrasser la Comtesse, c'est une excuse ridicule.
“Comme tous les maris, ma chère ! Uniquement par orgueil. Ah ! Je l’ai trop aimé ! Je l’ai lassé de mes tendresses et fatigué de mon amour ; voilà mon seul tort avec lui”: l'orgueil est un thème de la tragédie classique.
3) L’union des deux femmes au-delà des classes sociales pour résister à l'oppression masculine
“Je n’ai rien caché à madame.”: Suzanne ne cache rien à la Comtesse, on voit une vraie complicité entre les deux femmes.
“Eh bien, madame, est-ce qu’on peut faire finir ce petit démon-là ?” : toujours la complicité de Suzanne et la Comtesse qui parlent du petit page.
“[...] mais je n’entends pas que cet honnête aveu te nuise, et tu épouseras Figaro.”: la Comtesse veut aider Suzanne, sa servante mais aussi son amie, à épouser celui qu’elle aime.
“Ferme la porte, Suzanne, et conte-moi tout dans le plus grand détail.”: la Comtesse parle à Suzanne comme à une amie qui veut tout savoir.
“Quoi, Suzon, il voulait te séduire ?”: la Comtesse parle à Suzanne comme à une amie car elle l’appelle par son surnom.
Conclusion :
Ainsi, nous pouvons constater que Beaumarchais dénonce la place de la femme dans la société en donnant un rôle important aux femmes dans cette comédie. Elles se lient, pour résister à l’oppression des hommes qui veulent les contrôler. Mais malgré cette amitié entre la Comtesse et sa servante on observe toujours une relation maître/valet qui résiste, la servante étant inférieure à ses maîtres. Pour finir, nous pouvons voir que Beaumarchais essaye tout de même de nous faire rire en parodiant la tragédie classique.
Acte II scène 6. En quoi cette scène joue-t-elle sur l’ambiguïté ?
I) Les relations entre les trois personnages
Dans cet extrait, on peut voir que la relation entre ces trois personnages est très particulière, car la servante, Suzanne, est le personnage qui parle le plus et qui est le plus important dans cette scène, tandis que le seul homme, Chérubin, est dominé par les deux femmes, “Tournez-vous donc envers ici, Jean de Lyra, mon bel ami. Chérubin se met à genoux. Elle le coiffe. Madame, il est Charmant !” Dans cette citation, on peut voir que l’homme obéit à l’ordre de Suzanne et qu’elle se moque de lui, ce qui nous montre que Suzanne est un personnage comique. Dans cette scène il y a du théâtre dans le théâtre, car chaque personnage joue un rôle. Ici, la comtesse et l’homme sont soumis à la servante, “LA COMTESSE, d'un ton glacé. Occupez-vous plutôt de m'avoir du taffetas gommé dans ma toilette. Suzanne lui pousse la tête en riant ; il tombe sur les deux mains.” Le fait que Suzanne rit a un ordre donné par la comtesse et qu’elle pousse l’homme pour le faire tomber montre bien qu’elle a le dessus dans cette scène.
II) Les symboles de l’ambiguïté sexuelle et de la sensualité
Dans cette scène, il y a plusieurs symboles de l'ambiguïté sexuelle et de la sensualité. Chérubin est déguisé en femme par les deux femmes; mais on remarque de nombreux détails qui attirent notre
attention. Tout d’abord il y a les épingles (symbole phallique) qui sont dans la bouche de Suzanne : “(Elle chante avec des épingles dans sa bouche.)” Ensuite, il y a le ruban, que le personnage
de Chérubin a emprunté à la comtesse sans le lui demander, ce qui fait référence au ruban volé par Jean-Jacques Rousseau. Ce ruban, qui représente la sensualité, passe d’un personnage à l’autre
et d’un endroit du corps à l’autre au fil de la pièce ; d’abord dans les cheveux de la comtesse, puis autour du bras de Chérubin, puis finalement il deviendra la jarretière de Suzanne à son
mariage. Enfin, il faut souligner l’importance du cheval, un animal qui représente la virilité, mais ici, Cherubin a été blessé par son cheval, et donc on voit qu’il ne maîtrise pas sa monture et
cela nous laisse deviner que Chérubin a du mal à remplir son rôle d’homme, “j'arrangeais la gourmette de mon cheval ; il a donné de la tête, et la bossette m'a effleuré le bras.”
Acte II scènes 6, 7, 8, 9. En quoi est-ce une scène de séduction ?
Tout d’abord, ces scènes sont du théâtre dans le théâtre puisque Chérubin se fait déguiser par Suzanne et la comtesse dans le but de tromper le comte (“ Elle le coiffe”, “Arrange son collet d’un air un peu plus féminin”). Ce déguisement que lui donnent ces deux femmes est en réalité un travestissement : Chérubin est travesti en femme pour éviter d’être reconnu par le comte.
Dans ces scènes, on voit une grande complicité entre Suzanne et la comtesse : celles-ci sont très proches. On remarque que Suzanne est amie de la comtesse et non plus simplement sa camériste. En effet, comme nous le montre la réplique de la comtesse “Qu’elle est folle!”, on voit son ironie et son affection pour sa servante.
On remarque d’une part, que Chérubin adopte une attitude érotique : il a volé un ruban à la comtesse pour pouvoir penser à elle. Ce ruban est ce qui crée un lien charnel entre Chérubin et la comtesse vu qu’ils leur est impossible de se toucher. En effet, Chérubin a volé ce ruban pour pouvoir être en contact avec elle (“ celui qui m’est oté m’aurait guéri en moins de rien”) et celle-ci lui veut reprendre pour garder en souvenir ce ruban qu’il a touché et taché de son sang (“ je garde celui-ci qui vous a serré le bras”). C’est une façon d’accepter cette relation, un lien qui va les attacher l’un à l’autre.
Mais, d’autre part, la jeunesse de Chérubin lui donne un air androgyne. Il est en effet envoyé à l’armée par le comte, qui veut s’en débarrasser. Mais Chérubin n’est pas prêt à cela : il ne sait même pas monter à cheval (“j'arrangeais la gourmette de mon cheval; il a donné de la tête et la bossette m’a effleuré le bras”), alors que la cavalerie est le principal atout des soldats, et que monter à cheval est considéré à cette époque comme un attribut viril. En égratignant avant de monter sur son cheval, Chérubin est humilié devant la comtesse (“honteux”), par ce ruban taché de sang (“il y a du sang!”).
Un jeu de séduction par la parole s’installe entre la comtesse et Chérubin, ils sont toujours très respectueux l’un envers l’autre. Tout leur jeu se joue à travers les regards. En effet, comme
nous le montre la didascalie : “Chérubin la dévore de ses regards”, on voit que Chérubin est passionnément épris de la comtesse, et qu’il ne peut pas la quitter des yeux. De plus, il est aussi
très intimidé par cette femme, et n’arrive pas toujours à soutenir son regard : “ baissant les yeux”. Mais, il est aussi intimidé par la parole et n’ose pas s’adresser clairement à la comtesse
(“honteux”). Ces personnages sont tous les deux très chagrinés du futur départ de Chérubin (“ je suis malheureux”), même la comtesse est touchée de le voir partir. La comtesse n’est pas fermée à
ses avances, elle le laisse parler et l’encourage à la séduire par coquetterie, car elle est flattée qu’un jeune homme soit attiré par elle alors que son mari la délaisse et la
trompe.
Acte II scène 16. Le Comte et la Comtesse. Comment dans cette scène de ménage, Beaumarchais tourne le comte en ridicule pour mieux défendre la position des femmes au 18ème siècle ?
I) Le portrait d’un tyran domestique
Les didascalies révèlent le comportement autoritaire du comte envers sa femme, la comtesse : “une pince à la main qu’il jette sur le fauteuil”, “furieux”, “frappant du pied”, “ hors de lui et criant [...]”. On remarque bien la fureur de comte envers sa femme, il fait des gestes brusques et parle d’un ton élevé et énervé.
Le comte n’est pas digne de son rang de noblesse ; un homme de cour devrait être plus sûr de lui et ne devrait pas douter que tout le monde lui obéisse. Ici, le comte a un comportement effrayant mais ridicule.
La sympathie du lecteur va vers la comtesse. Il la prend en pitié car on a peur de la violence du comte. De même, il naît un sentiment d’inégalité entre l’homme et la femme, le lecteur est choqué que le comte puisse tromper librement sa femme alors qu’elle risque des coups pour de simples soupçons.
Le registre pathétique est utilisé dans les didascalies de la comtesse (“se jette à genoux, les bras élevés”). En effet, elle est face au comte contre qui elle ne peut rien faire, elle a peur qu’il la batte ou qu’il tue Chérubin ; la comtesse est dans une attitude de supplication et de soumission totale.
II) La méprise d’un mari jaloux ridicule
Grâce à la double énonciation de la scène précédente, où l’on voit Suzanne échanger de place avec Chérubin, le lecteur en sait plus que les personnages. De notre point de vue, le comte est donc en position ridicule car il s’énerve et est violent pour rien, et la comtesse se justifie alors qu’elle ne devrait pas. Le lecteur se moque donc du comportement du comte, même si on a toujours peur de ce qui pourrait arriver à la comtesse.
On trouve le comique de situation grâce à cette double énonciation, et que le comte soit très énervé (“ furieux”) , prêt à battre sa femme et à casser une porte (“Madame, en m'exposant à briser cette porte, réfléchissez aux suites”) alors que cela n’a pas lieu d’être (“ ouvre la porte et recule, c’est Suzanne!” ).
Cette pièce met aussi en valeur le comique de gestes. En effet, tous les gestes d’énervement du comte sont exagérés (“hors de lui, et criant tourné vers le cabinet”), le comte perd toute maîtrise de lui-même face à cette situation.
Dans cette scène Beaumarchais fait une satire de la noblesse masculine, il critique les abus de pouvoir : pour lui, les hommes ne devraient pas battre leurs femmes. En effet, le comte est tourné
en ridicule par sa femme mais aussi Suzanne ; il s’est fait piéger, et c’est elles qui sont en position de force grâce à l’initiative de Suzanne (“ ouvre la porte et recule, c’est Suzanne!”
)
Acte III scène 15. Comment Beaumarchais fait-t-il une satire de la justice et de la médecine dans cette scène de comédie ?
I) Le théâtre dans le théâtre
“LE COMTE s'assied sur le grand fauteuil, BRID'OISON sur une chaise à côté, LE GREFFIER sur le tabouret derrière sa table, LES JUGES, LES AVOCATS sur les banquettes, MARCELINE à côté de BARTHOLO, FIGARO sur l'autre banquette ; LES PAYSANS ET VALETS debout derrière.”: Ces didascalies nous montrent bien qu’on a du théâtre dans le théâtre car tous les personnages jouent un rôle et ont des places différentes dans le tribunal, comme dans une pièce de théâtre pour les acteurs. On peut voir que chaque personnages jouent un rôle, le médecin Bartholo joue le rôle de l’avocat de Marceline, qui a intenté un procès à Figaro, et lui essaye de se défendre tout seul, contre le Comte, qui joue le rôle du juge dans cette scène.
Le Comte, qui joue le rôle du juge, ne fait pas du tout ce rôle, car dès le départ il veut s’en debarasser de Figaro, donc il va être injuste avec lui et quoi qu’il arrive, Figaro ne pourra pas gagner ce procès, car le juge est injuste. Les didascalies tout au long de cette scène nous montrent que les personnages jouent des rôles du tribunal, mais qu’ils exagèrent ces rôles et ils surjouent pour que le lecteur sache que c’est une scène satirique et le procès n’a aucune valeur. A chaque fois que l’huissier parle, on peut voir la didascalie: “glapissant” pour montrer que c’est un personnage ridicule qui n’a aucune fonction réelle qui se comporte comme un animal et qui répète tout ce qu’il entend. Quand le personnage de Double-main dit: “Ah, c'est trop fort ! je vous dénonce, et pour l'honneur du tribunal, je demande qu'avant faire droit sur l'autre affaire, il soit prononcé sur celle-ci.” Cela montre que c’est un personnage nerveux qui n’arrive pas à se contrôler, et donc qu’il n’a pas sa place dans un tribunal, car son rôle devrait être neutre.
II) La satire de la justice et de la médecine
“Noble, très noble, infiniment noble, Dom Pedro George, Hidalgo, baron de Los Altos, y Montes Fieros, y otros montes ; contre Alonzo Calderon, jeune auteur dramatique. Il est question d'une comédie mort-née, que chacun désavoue, et rejette sur l'autre.”: Avec la répétition du mot “noble” au début de cette citation, l’auteur fait une satire de la justice car il ne nous donne pas d’information sur les titres des personnes, et donc on ne sait toujours pas de quoi qu’il parle.
“Ils ont raison tous deux. Hors de Cour. S'ils font ensemble un autre ouvrage, pour qu'il marque un peu dans le grand monde, ordonné que le noble y mettra son nom, le poète son talent.”: Encore une fois, l’auteur fait une satire de la justice, cette fois-ci pour montrer que dans la justice, pour avoir le pouvoir il faut avoir de l’argent.
“BRID'OISON : A-anonyme! Què-el patron est-ce là ?”: On peut voir ici un comique de mots, car l’un des personnages du tribunal, le procureur parle mal, donc le dramaturge se moque de ce personnage.
“L'usage, maître Double-Main, est souvent un abus ; le client un peu instruit sait toujours mieux sa cause que certains avocats qui, suant à froid, criant à tue-tête, et connaissant tout, hors le fait, s'embarrassent aussi peu de ruiner le plaideur que d'ennuyer l'auditoire, et d'endormir Messieurs ; plus boursouflés, après, que s'ils eussent composé l'Oratio pro Murena moi je dirai le fait en peu de mots. Messieurs…”: Le personnage de Figaro nous dit que les avocats veulent seulement gagner leur procès, et qu’ils ne soucient pas de leur client. Dans ce procès, le docteur Bartholo joue le rôle de l’avocat de Marceline, ce qui montre une fois de plus que l’auteur fait une satire de la justice et de la médecine, ce procès ne vaut rien.
Un autre exemple de la satire de la justice est le quiproquo par rapport aux mots “et” ou “ou” ce qui rend l’aspect de la scène comique. Puis, à la fin de ce quiproquo, quand ils ont décidé qu’il était bien marqué “ou”, ce qui était en faveur de Figaro, ils détournent la situation, et elle devient en faveur de Marceline: “Laquelle somme je lui rendrai dans ce château où je l'épouserai.”
Il y a encore du comique de situation à la fin de la scène, quand Figaro croit avoir gagné le procès: “FIGARO, avec joie : J'ai gagné.”, puis, deux lignes plus tard il comprend qu’il a perdu ce procès: “FIGARO, stupéfait : J'ai perdu.”
Acte III scène 16
I) Une scène de reconnaissance comique
Les personnages sont tous très surpris face à la révélation de l’identité des parents de Figaro. En effet, personne n’y croit vraiment : les personnages se répètent (“Voilà ta mère, [...], Ta propre mère, sa mère!”). On remarque que la ponctuation est aussi très marquée, pour souligner la surprise des personnages de cette nouvelle, face à laquelle ils semblent désemparés. Les répliques sont aussi très courtes (“Expliquez-vous”, Voilà ton père”), ce qui accentue à nouveau l’état dans lequel se trouve les personnages.
Beaumarchais arrive dans cette scène, à traiter de façon humoristique un sujet tragique : l’inceste. Ce sujet est souvent mis en valeur dans les tragédies comme Phèdre de Racine, où Phèdre est amoureuse de son beau-fils Hippolyte. Ici, c’est Marceline qui veut épouser son fils Figaro, même si dès qu’elle apprend qu’il est son fils, elle se rend compte que l’amour qu’elle lui portait était en réalité un amour maternel. Beaumarchais arrive à rendre ce sujet comique. Tout d’abord, les personnages ne cessent de se répéter (“ni moi non plus”, “ni vous!”), ils sont désemparés face à cette nouvelle. De plus, les apartés apportent aussi un côté humoristique à la pièce, comme nous le montre l’aparté du comte “à part, sa mère!”, où il répète à nouveau que Marceline soit la mère de Figaro, comme si il ne l’avait toujours pas compris. Enfin, le personnage de juge que joue Brid’oison est aussi comique : il bégaie (“E-et, [...] per-personne”), et répète ce que les paroles des autres personnages, ce qui montre que ce juge n’a pas sa propre opinion.
Cette scène est une parodie de la scène de reconnaissance, car le juge Brid’oison est un personnage ridicule, qui en plus n’a pas d’autorité vu que tout le monde parle en même temps, sans
attendre d’avoir la parole. En faisant cette parodie, Beaumarchais critique la justice en la ridiculisant.
Acte V scène 3. Le monologue de Figaro. En quoi ce monologue est-il original ?
I) Entre théâtre et roman
a) La théâtralité
On retrouve de nombreuses didascalies dans ce monologue et une ponctuation expressive qui rendent le texte très vivant : “ Puis l’illusion s’est détruite, et, trop désabusé… Désabusé… ! Suzon, Suzon, Suzon ! que tu me donnes de tourments !… J’entends marcher… on vient. Voici l’instant de la crise.
(Il se retire près de la première coulisse à sa droite.)”
Figaro utilise quelques jurons : “morbleu”, ce qui le rend très humain.
b) Le romanesque
Figaro nous partage les péripéties rencontrés pendant sa vie. Tout d’abord il a vécu de nombreuses aventures, “tandis que moi, morbleu, perdu dans la foule obscure, il m’a fallu déployer plus de science et de calculs pour subsister seulement, qu’on n’en a mis depuis cent ans à gouverner toutes les Espagnes”.
A cause de sa condition sociale, Figaro a dû apprendre plusieurs métiers : “Fils de je ne sais pas qui ; volé par des bandits ; élevé dans leurs mœurs, je m’en dégoûte et veux courir une carrière honnête ; et partout je suis repoussé !”
Il est allé en prison à cause son esprit libre penseur : “aussitôt je vois, du fond d’un fiacre, baisser pour moi le pont d’un château-fort, à l’entrée duquel je laissai l’espérance et la liberté.”
Figaro est en quête d’identité : “Prêt à tomber dans un abîme, au moment d’épouser ma mère, mes parents m’arrivent à la file.”
Ainsi Figaro a l’étoffe d’un personnage de roman : “ambitieux par vanité, laborieux par nécessité, mais paresseux… avec délices ! orateur selon le danger, poète par délassement ; musicien par occasion, amoureux par folles bouffées, j’ai tout vu, tout fait, tout usé.”
II) Entre comédie et tragédie
a) Le comique
Figaro se perd dans les membres de sa famille, ce qui est anormal puisqu’on est sensé savoir distinguer son père de sa mère. Il accumule les pronoms comme s’il n’y avait aucune différence ni d’importance dans ce qu’il dit, le lecteur est aussi perdu que lui : “On se débat : C’est vous, c’est lui, c’est moi, c’est toi ; non, ce n’est pas nous : eh ! mais, qui donc ?” , c’est comme un flot ininterrompu de paroles qui donne le tournis.
b) Le tragique
Comme Oedipe dans la pièce de Sophocle intitulée Oedipe Roi, Figaro doit combattre son destin tout en ignorant l’identité de ses parents : “Fils de je ne sais pas qui”.
Figaro doit également se battre à cause de son rang social qui lui ferme successivement toutes les portes : “tandis que moi, morbleu, perdu dans la foule obscure, il m’a fallu déployer plus de science et de calculs pour subsister seulement, qu’on n’en a mis depuis cent ans à gouverner toutes les Espagnes”.
III) La critique de la société du XVIIIème siècle
a) Une société corrompue
“Qu’avez-vous fait pour tant de biens ? vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus” : La société du XVIIIème siècle valorise le rang mais pas la valeur ce qui est complètement injuste, “J’apprends la chimie, la pharmacie, la chirurgie ; et tout le crédit d’un grand seigneur peut à peine me mettre à la main une lancette vétérinaire !”
On préférait désigner pour les postes importants des personnes incompétentes afin de pouvoir les manipuler facilement : “on pense à moi pour une place, mais par malheur j’y étais propre : il fallait un calculateur, ce fut un danseur qui l’obtint.”
“Il ne me restait plus qu’à voler ; je me fais banquier” : On voit ici l’humour de Beaumarchais qui assimile les banquiers à des voleurs.
La justice est totalement arbitraire, on emprisonne et on relâche les gens pour des motifs très minces : “Las de nourrir un obscur pensionnaire, on me met un jour dans la rue”.
b) Une société dans laquelle il est interdit de penser
Beaumarchais parle à travers Figaro de la difficulté d’échapper à la censure et à la prison lorsqu’on est écrivain : “pour faire un métier contraire, je me jette à corps perdu dans le théâtre : me fussé-je mis une pierre au cou !”
“voilà ma comédie flambée, pour plaire aux princes mahométans, dont pas un, je crois, ne sait lire” : Beaumarchais déplore que les censeurs sont des ignares qui jugent et condamnent les livres sans les comprendre.
Le moindre mal qui puisse arriver à un écrivain est de voir son ouvrage supprimé, ce qui est toujours mieux que la prison : “je le nomme Journal inutile. Pou-ou ! je vois s’élever contre moi mille pauvres diables à la feuille : on me supprime”.
Il dénonce l’absence totale de liberté d’expression au XVIIIème siècle : “pourvu que je ne parle en mes écrits ni de l’autorité, ni du culte, ni de la politique, ni de la morale, ni des gens en place, ni des corps en crédit, ni de l’Opéra, ni des autres spectacles, ni de personne qui tienne à quelque chose, je puis tout imprimer librement, sous l’inspection de deux ou trois censeurs.”
“Ne pouvant avilir l’esprit, on se venge en le maltraitant.” : Les intellectuels sont persécutés car l’état n’arrive pas à les empêcher de penser.
“Je lui dirais… que les sottises imprimées n’ont d’importance qu’aux lieux où l’on en gêne le cours ;” : Si on supprimait la censure, les textes philosophiques seraient moins montrés du doigt, on voit ici l’émotion manifestée par les points de suspension.
“que, sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur ;” : Il dénonce l'hypocrisie de la cour.
“et qu’il n’y a que les petits hommes qui redoutent les petits écrits.”: Il critique les nobles en disant qu’il ne sont pas capables de se défendre puisqu’ils n’acceptent pas la
critique.
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