Analyse des Liaisons dangereuses de Laclos

Analyse des Liaisons dangereuses de Laclos

Analyse de la lettre 1

I) Une situation initiale à recomposer

L’Histoire se déroule au XVIIIe siècle, comme l’indique la date en bas de la lettre. L’auteur de la lettre est une jeune femme, Cécile Volanges. Grâce à la lettre, nous pouvons deviner que Cécile appartient à une famille riche, ou même une famille de nobles, puisqu’elle a une femme de chambre. La destinataire de la lettre est Sophie Carnay, une amie à Cécile, avec qui elle s’est liée en faisant ses études dans son couvent. Cela montre encore une fois que la famille de Cécile a de l’argent et qu’elle est destinée à faire un beau mariage, car à cette époque, tout le monde ne pouvait accéder à ce type d'éducation. 

Cécile est encore une jeune femme naïve, car elle vient juste de sortir de son couvent, donc elle a plus de liberté, “Maman m’a consultée sur tout, & elle me traite beaucoup moins en pensionnaire que par le passé.” On voit aussi que Cécile est matérialiste et qu’elle attache de l’importance au luxe et aux apparences : “j’ai une chambre & un cabinet dont je dispose, & je t’écris à un secrétaire très-joli”. Cécile est  très excitée à l'idée de se marier, car elle croit que ca lui donnera plus de liberté, par rapport à sa mère, or on sait qu’elle se trompe. 

 

II) Un personnage de jeune fille typique

Nous pouvons dire que Cécile est un personnage de jeune fille typique. Tout d’abord, dans son couvent, elle se crée une deuxième famille, avec son amie Sophie avec qui elle a une relation fusionnelle : “Adieu, ma chère Sophie : je t’aime comme si j’étais encore au couvent.” Puis avec la soeur Perpétue qu’elle voit comme sa mère: “si ce n’est que la mère Perpétue n’est pas là pour me gronder”. Le verbe gronder qu’utilise Cécile, est un mot très enfantin, ce qui montre qu’elle est encore très naïve, et que le couvent ne la pas éduquée, on devine donc qu’il s’agit d’un roman d’apprentissage. Le quiproquo avec le cordonnier est amusant car Cécile le prend pour son futur mari, ce qui montre encore une fois que le couvent ne la pas instruite, car sinon Cécile aurait reconnu le fait que l’homme était un artisan grâce aux codes vestimentaires. Cela montre aussi que Cécile est tres impatiente de se trouver un mari et de se marier car elle en parle dans sa lettre à son amie : “Cependant maman m’a dit si souvent qu’une demoiselle devait rester au couvent jusqu’à ce qu’elle se mariât, que puisqu’elle m’en fait sortir, il faut bien que Joséphine ait raison.” Puis, dès qu’un homme entre dans la maison de sa mère, Cécile devient très excitée et s’imagine que c’est son mari, ce qu’on voit lors le quiproquo avec le cordonnier : “j’ai vu un Monsieur en noir, debout auprès d’elle. Je l’ai salué du mieux que j’ai pu, & je suis restée sans pouvoir bouger de ma place. Tu juges combien je l’examinais !” Donc on peut voir qu'à cause de son imagination, Cecile pense déjà avoir trouvé son mari, et elle dit à son amie: “je ne peux te rendre combien j’ai été honteuse ; par bonheur il n’y avait que maman.” Ce qui montre qu’elle a encore un comportement de petite fille.   

 

III) L’illusion de la réalité

L’auteur arrive à écrire un récit qui nous paraît réel, tout d’abord avec la date et le lieu de la lettre. Puis le personnage de Cécile, ressent beaucoup d'émotions, comme la honte: “j’ai été honteuse”, l’amour : “je t’aime comme si j’étais encore au couvent”, ce qui permet au lecteur de s’attacher au personnage et de ressentir ce qu’elle ressent. De plus, le fait que le récit est écrit sous forme de lettre fait que le lecteur est placé en position de confident de Cécile, et que cette dernière lui livre ses secrets intimes. 

Analyse de la lettre 5

I) Un portrait charge dicté par la mauvaise foi

a) Une femme qu’elle traite comme un objet 

 

“Qu'est-ce donc que cette femme ?” : La Présidente est ici traitée telle un objet comme le prouve le mot interrogatif “Qu’est-ce”. 

 

“Peut-être, si vous eussiez connu cette femme plus tôt, en eussiez-vous pu faire quelque chose ; mais cela a vingt-deux ans, et il y en a près de deux qu'elle est mariée. Croyez-moi, Vicomte, quand une femme s'est encroûtée à ce point, il faut l'abandonner à son sort ; ce ne sera jamais qu'une espèce.”: La mauvaise foi de la Marquise trouve son apogée à la fin du texte lorsqu’elle critique la Présidente quant à son âge. Seulement la Présidente ayant vingt-deux ans, on comprend alors la mauvaise foi de la Marquise qui domine l’ensemble du texte. 

 

b) Une description négative 

 

“des traits réguliers si vous voulez, mais nulle expression : passablement faite, mais sans grâces : toujours mise à faire rire !” : La Marquise se moque ouvertement de la Présidente qu’elle trouve jolie mais sans charme et sans caractère.

 

“Rappelez-vous donc ce jour où elle quêtait à Saint-Roch, et où vous me remerciâtes tant de vous avoir procuré ce spectacle. Je crois la voir encore, donnant la main à ce grand échalas en cheveux longs, prête à tomber à chaque pas, ayant toujours son panier de quatre aunes sur la tête de quelqu'un, et rougissant à chaque révérence.” : La description de la Présidente faite par la Marquise prête au rire puisqu’elle est présentée comme une actrice de spectacle. 

 

“Je dis plus ; n'en espérez aucun plaisir.” : La présidente est montrée comme étant incapable de répondre aux désirs de son mari. 

 

“et quand, tenant votre Maîtresse dans vos bras, vous sentirez palpiter son cœur, ce sera de crainte et non d'amour” : La Marquise lui dit que la Présidente ne ressentira jamais quelque chose pour lui à part la crainte ce qui prouve sa mauvaise foi.

 

c) Un portrait satirique marqué par l’excès et la caricature

 

“avec ses paquets de fichus sur la gorge, et son corps qui remonte au menton !” : La moquerie finit par devenir caricaturale puis qu’elle déforme peu à peu le corps de la Présidente. 

 

“j'entends celles de bonne foi : réservées au sein même du plaisir, elles ne vous offrent que des demi-jouissances.” : La Marquise avance des faits sans réel garantie sur ces derniers. 

 

II) Une argumentation habile

a) Des arguments bien choisis

 

“il ne vous faudrait pas deux femmes comme celle-là, pour vous faire perdre toute votre considération.” : La Marquise utilise les points sensibles de Vicomte pour le faire changer d’avis. 

 

“Et puis, voyez donc les désagréments qui vous attendent !” : La Marquise met en avant les désavantages et les risques de cette union qui nous paraît alors dangereuse pour la réputation du Vicomte. 

 

“Peut-être surmonterez-vous cet obstacle, mais ne vous flattez pas de le détruire : vainqueur de l'amour de Dieu, vous ne le serez pas de la peur du Diable” : Elle montre que toute liaison avec la Présidente sera la cause de problèmes. 

 

b) La marquise joue avec les sentiments du Vicomte afin de le faire changer d’avis

 

“Vous, avoir la Présidente Tourvel ! mais quel ridicule caprice ! Je reconnais bien là votre mauvaise tête, qui ne sait désirer que ce qu'elle croit ne pas pouvoir obtenir.” La Marquise traite le vicomte tel un enfant, notamment à travers le mot “caprice” habituellement utilisé avec les enfants. Par ailleurs, elle utilise une phrase exclamative pour l’interpeller afin d’avoir plus d’impact. 

 

 “Allons, Vicomte, rougissez vous-même, et revenez à vous.”: La Marquise cherche à le faire revenir à ce qu’elle estime être la raison et au libertinage.

 

“Je vous le prédis” : Par ailleurs, elle émet des hypothèses sur l’avenir du Vicomte telles des malédictions, elle cherche ainsi à le faire changer d’avis. 

c) La marquise est un orateur habile

 

“Je vous le dis en amie” : La Marquise se met à la place d’un proche, d’une amie du Vicomte. Elle crée ainsi une proximité entre elle et le destinataire afin de le manipuler et donc de le faire changer d’avis. 

 

“Je vous promets le secret.” Une nouvelle fois, la Marquise se présente en confidente, prête à aider et conseiller son ami. 

 

“Et puis, voyez donc les désagréments qui vous attendent ! quel rival avez-vous à combattre ? un mari ! Ne vous sentez-vous pas humilié à ce seul mot ? Quelle honte si vous échouez ! et même combien peu de gloire dans le succès ! Je dis plus ; n'en espérez aucun plaisir. En est-il avec les prudes ?” L’utilisation successive de phrases interrogatives et exclamatives a pour objectif de secouer le Vicomte, de le faire réagir et ainsi de le faire renoncer à son projet. 

 

III) Le portrait de deux libertins

a) Les libertins s’affranchissent des valeurs morales et religieuses de leur époque

 

“Rappelez-vous donc ce jour où elle quêtait à Saint-Roch, et où vous me remerciâtes tant de vous avoir procuré ce spectacle. Je crois la voir encore, donnant la main à ce grand échalas en cheveux longs, prête à tomber à chaque pas, ayant toujours son panier de quatre aunes sur la tête de quelqu'un, et rougissant à chaque révérence.” : La Présidente est une femme vertueuse qui cherche à aider son prochain, c’est cela que lui reproche la Marquise qui est une débaûchée égoïste et cruelle. Ainsi à travers cette critique, la Marquise s’affranchit des valeurs morales mais aussi religieuses de son époque. Le Vicomte semble lui aussi affranchi de ces valeurs puisqu’il était présent ce jour là et s’est moqué avec elle.  

 

“Ne vous sentez-vous pas humilié à ce seul mot ?” : Ce qui est difficile c’est de séduire une personne qui est déjà amoureuse de quelqu’un d’autre. Mais les femmes sont mariées de force au 18ème siècle donc elles tombent facilement dans les bras du premier venu. Ce n’est donc pas une gloire de les séduire.

 

“votre Présidente croira avoir tout fait pour vous en vous traitant comme son mari, et dans le tête-à-tête conjugal le plus tendre, on reste toujours deux.” : Pour les libertins, le mariage ne rime en aucun cas avec amour. 

 

b) La quête de la gloire et de la puissance

 

“il ne vous faudrait pas deux femmes comme celle-là, pour vous faire perdre toute votre considération.”: Pour que le Vicomte change d’avis, la Marquise met en avant la perte de considération. Ainsi on nous dessine le portrait d’une société où l’apparence et la réputation sont primordiales. 

 

“Quelle honte si vous échouez ! et même combien peu de gloire dans le succès !” : La Marquise touche son orgueil et met en avant l’envie de gloire et de puissance qui anime le Vicomte. 

 

c) La recherche du plaisir 

 

“Je dis plus ; n'en espérez aucun plaisir.” : Le Vicomte cherche à travers la Présidente à obtenir du plaisir, ainsi la Marquise détruit cet espoir. 

 

“j'entends celles de bonne foi : réservées au sein même du plaisir, elles ne vous offrent que des demi-jouissances. Cet entier abandon de soi-même, ce délire de la volupté où le plaisir s'épure par son excès, ces biens de l'amour, ne sont pas connus d'elles.” : La Marquise cherche à faire renoncer le Vicomte en se comparant implicitement avec la Présidente jugée inapte au plaisir.

 

“Ici c'est bien pis encore ; votre prude est dévote, et de cette dévotion de bonne femme qui condamne à une éternelle enfance.” : La présidente ne pourra pas répondre à ses désirs, à ses plaisirs. 

 

Analyse de la lettre 67

Le roman épistolaire, genre à la mode au 18ème siècle, a une intrigue très complexe autour de plusieurs personnages. Ainsi, Laclos écrit Les Liaisons dangereuses dénonçant les ravages du libertinage mettant en scène un couple de libertins  qui, à la suite d’un défi qu’ils se lancent, va causer la perte de tous les personnages du roman. Nous nous demandons alors comment les faiblesses de la présidente de Tourvel sont-elles révélées à travers son argumentation? Nous verrons tout d’abord comment fonctionne l’argumentation de la présidente de Tourvel. Puis, nous montrerons comment elle se trahit et révèle malgré elle son combat intérieur montrant ses forces et ses faiblesses.

 

1- L’argumentation de la présidente de Tourvel

 

“Cependant”, “mais” : Elle utilise des marqueurs d’oppositions qui montrent sa résistance. 

 

“En vous offrant mon amitié” : La présidente de Tourvel souhaite devenir l’amie du Vicomte pour renoncer à son amour même si ce terme reste ambigu à l’époque.

 

“ Quittez”, “renoncez” : La présidente menace le Vicomte en lui donnant des ordres, ce qui montre qu’elle essaye de le convaincre. 

 

“Si j'y eusse été aussi fidèle que vous l'avez été peu, auriez- vous reçu une seule réponse de moi ?” : Elle le menace également en utilisant des questions rhétoriques.

 

2- Un combat intérieur montrant ses forces et ses faiblesses

 

“Je ne voulais plus vous répondre, Monsieur, et peut-être l'embarras que j'éprouve en ce moment est-il lui-même une preuve qu'en effet je ne le devrais pas.” : La présidente de Tourvel se contredit puisqu’elle écrit cette lettre au Vicomte de Valmont. 

 

“vous faites tout ce qu'il faut pour m'obliger à rompre cette correspondance, c'est moi qui m'occupe des moyens de l'entretenir.” : La présidente se contredit encore une fois. Cela montre la lutte qu’elle mène en elle entre la raison et la passion.

 

“ Vous voyez ma franchise” : Elle révèle également sa force qui est contradictoire au sentiment de faiblesse qu’elle ressent au départ : “l'embarras que j'éprouve”.

 

“Si j'y eusse été aussi fidèle que vous l'avez été peu, auriez- vous reçu une seule réponse de moi ?” : Les questions rhétoriques que pose la présidente de Tourvel au Vicomte peuvent aussi être des questions qu’elle se pose à elle-même. Ce qui montre toujours le combat intérieur qu’elle mène.

 

“renoncez à un sentiment qui m'offense et m'effraie” : L’amour que la présidente éprouve pour le Vicomte est une grande faiblesse pour celle-ci qui essaye de lutter contre ses sentiments.

 

“Pour me livrer à ce sentiment si doux, si bien fait pour mon cœur, je n'attends que votre aveu” : La présidente, qui éprouve des sentiments amoureux pour le Vicomte, veut la fidélité de celui-ci tout en sachant qu’elle ne pourra pas l’obtenir. 

Analyse de la lettre 81

Le 18ème siècle est le siècle des Lumières. De nombreux auteurs luttent contre les injustices et diffusent le savoir. Choderlos de Laclos est l’un d’entre eux et écrit ainsi Les Liaisons dangereuses. La lettre étudiée est écrite par la marquise de Merteuil pour le Vicomte de Valmont, son ancien amant. Nous pouvons nous demander quel portrait la marquise de Merteuil dresse-t-elle d’elle-même ?

 

1- Une femme maîtresse de ses sentiments

“faire de ces hommes si redoutables les jouets de mes caprices ou de mes fantaisies” : La marquise de Merteuil ne se laisse pas soumettre par les hommes.

 

“née pour venger mon sexe & maîtriser le vôtre” : Elle domine les hommes. 

“j’étais vouée par état au silence & à l’inaction” : Elle était soumise par les hommes et n’avait pas de choix avant qu’elle se soit raisonnée. 

 

“ces femmes à délire, & qui se disent à sentiments” : La marquise de Merteuil se détache des autres femmes, qui sont guidées par leurs sentiments.

 

La marquise de Merteuil ordonne le Vicomte de Valmont, elle ose s’imposer auprès d’un homme : “gardez”, “Craignez”, “Tremblez”

 

2- Une femme unique

“Mais moi, qu’ai-je de commun avec ces femmes inconsidérées ?” : Elle s’oppose clairement aux autres et dénonce leur façon d’être. 

 

“ils sont le fruit de mes profondes réflexions ; je les ai créés, & je puis dire que je suis mon ouvrage”, “Je me suis travaillée avec le même soin” : La marquise de Merteuil est une femme autodidacte, indépendante. Elle s’est éduquée seule.

 

“je dis mes principes, & je le dis à dessein” : Elle a ses propres valeurs et principes et ose le montrer aux autres. Les autres femmes suivent seulement les hommes contrairement à elle, qui avance sur son propre chemin. 

 

Pour conclure, nous pouvons dire que la marquise de Merteuil est une femme qui s’oppose à la fois aux hommes et aux femmes. Elle se dépeint comme une femme qui maîtrise ses sentiments, indépendante, courageuse et instruite. 

Analyse de la lettre 125

I) L’amour, un champ de bataille

 

 Le personnage de Valmont considère sa relation avec Madame De Tourvel comme une victoire militaire. On peut le voir avec le champ lexical de la Guerre qui débute dès les premières lignes et continue durant tout le texte : “vaincue”,“superbe”,“résister”,”défense”, “se soustraire à mes poursuites”, “capitulation”, “campagne”, “triomphe”. Il se comporte en vieux soldat aguerri : “Ne rencontre-t-on pas presque partout une résistance plus ou moins bien feinte au premier triomphe ?” 

 

De plus il utilise une question rhétorique dans le but de se moquer de la Présidente : “Serait-il donc vrai que la vertu augmentât le prix d'une femme, jusque dans le moment même de sa faiblesse ?”

 

Valmont ne croit pas en l’amour c’est pour cela qu’il dénigre ce sentiment: “Mais reléguons cette idée puérile avec les contes de bonnes femmes”, “et ai-je trouvé nulle part le charme dont je parle ?”. On comprend même que pour lui les principes sont contraire à l’amour : “j'ai toujours su les vaincre et revenir à mes principes.”  Valmont décrit clairement l’activité sexuelle comme étant un travail : “le rôle et les fonctions d'amant”.

 

Après s’être battu contre Madame De Tourvel il doit se battre contre ses propres sentiments, il lutte contre soi-même donc c’est un combat sans fin : “Non : il faut, avant tout, le combattre et l'approfondir.”

On retrouve le vocabulaire militaire: “je n'en avais encore rencontré aucune qui n'eût, au moins, autant d'envie de se rendre que j'en avais de l'y déterminer”. C’est la première fois que Valmont est relation avec un femme qui l’aime et qu’il se sent aimé.

 

Il considère cependant  l’amour comme une humiliation car être amoureux c’est dépendre de quelqu’un: “Je chéris cette façon de voir, qui me sauve l'humiliation de penser que je puisse dépendre en quelque manière de l'esclave même que je me serais asservie”.

Il réagit de manière très égoïste et désire un amour qui ne soit surtout pas partagé: “que je n'aie pas en moi seul la plénitude de mon bonheur ”.

La fidélité pour lui est donc quelque chose qui n’est pas envisageable : “et que la faculté de m'en faire jouir dans toute son énergie soit réservée à telle ou telle femme, exclusivement à toute autre.” 

 

II) Un amour inavouable

 

Le personnage ici se surprend à développer des sentiments pour sa nouvelle conquête:  “mais je m'étonne du charme inconnu que j'ai ressenti.” 

 

Mais on peut voir également grâce à la question rhétorique que le personnage ressent une certaine inclination pour la Présidente, il dit indirectement l’attirance qu’il éprouve pour elle: “Serait-il donc vrai que la vertu augmentât le prix d'une femme, jusque dans le moment même de sa faiblesse ?”

 

Le personnage avoue clairement ses prémices de sentiment pour Madame De Tourvel : “car enfin, si j'ai eu quelquefois, auprès de cette femme étonnante, des moments de faiblesse qui ressemblaient à cette passion pusillanime”. Il n’arrive pas à dissimuler ses sentiments qui transparaissent à travers ses propos :  “cette illusion passagère serait dissipée à présent ; et cependant le même charme subsiste.”. Plus on avance dans la lettre plus Valmont laisse échapper ses sentiments véritables :  “J'aurais même, je l'avoue, un plaisir assez doux à m'y livrer, s'il ne me causait quelque inquiétude.”. Il sent qu’il tombe amoureux : ”Serai-je donc, à mon âge, maîtrisé comme un écolier, par un sentiment involontaire et inconnu ?”

 

Le personnage  de Valmont a envie d’être aimé: “Peut-être, au reste, en ai-je déjà entrevu la cause ! Je me plais au moins dans cette idée, et je voudrais qu'elle fût vraie.”

 

Il essaye de cacher ses sentiments amoureux derrière son orgueil : “Il n'est donc pas surprenant que ce succès, dû à moi seul, m'en devienne plus précieux ; et le surcroît de plaisir que j'ai éprouvé dans mon triomphe, et que je ressens encore, n'est que la douce impression du sentiment de la gloire.”

 

Analyse de la lettre 152

Dans quelle mesure peut-on dire que cette lettre est représentative de la lutte entre les sexes ?

 

I) Une réponse indignée

a) Les types de phrases

Nous pouvons voir que le personnage de la Marquise de Merteuil pose beaucoup de questions rhétoriques, qui soulignent son impertinence : “Voyons ; de quoi s’agit-il tant ?” 

b) Les reproches adressés au Vicomte

La Marquise reproche au Vicomte sa jalousie, et la Marquise montre que la jalousie est une forme de puissance d’une personne sur une autre, “Mais vous êtes jaloux, & la jalousie ne raisonne pas.” Aussi, la Marquise reproche au Vicomte d’abuser de son pouvoir en étant un homme, “Allez, vous êtes un ingrat.”  

 

II) Une attaque frontale

a) Les étapes du raisonnement de la marquise

La Marquise suit certaines étapes dans son raisonnement qui structurent cette lettre. Tout d’abord nous pouvons voir que la Marquise reproche au Vicomte d'être jaloux et de vouloir la dominer : “Vous ne m’y parlez que de torts de mon côté, & de grâce de la vôtre !” Puis la Marquise refuse de se justifier devant Valmont pour le punir de ses actions en attisant sa jalousie, mais aussi pour affirmer son indépendance : “je ne vous dirai rien”. Puis, la Marquise fini a la fin de la lettre sur un point ironique, pour se moquer du Vicomte, “votre menaçante lettre”. 

 

b) L’ironie de la fin de la lettre

Nous pouvons voir que dans la fin de cette lettre, la Marquise emploie de l’ironie qui traduit non seulement sa supériorité intellectuelle, mais aussi l’humiliation de Vicomte, “Ah ! je vous en prie, Vicomte, si vous le retrouvez, amenez-le moi ; celui-là sera toujours bien reçu.”  

 

III) La revendication d’une femme libre

a) Comment la marquise affirme sa puissance vis-à-vis de Valmont mais aussi des hommes en général

Dans cette lettre, la Marquise s’adresse au Vicomte, en employant son nom, puis à tous les hommes de la société avec l’emploi de la deuxième personne du pluriel, “vous”. La Marquise affirme sa puissance vis-à-vis du Vicomte en lui refusant ce qu’elle lui doit bien qu’elle ait perdu son pari, car ce devoir lui est imposé. La Marquise ne veut pas se soumettre au Vicomte, ni à aucun autre homme : “je suis on ne peut pas moins disposée à vous accorder vos demandes.” Mais la Marquise affirme sa puissance et son indépendance d’une autre manière, à travers son écriture incisive. 

 

b) L’enjeu de cette lettre

L’enjeu de cette lettre est de revendiquer la liberté pour les femmes. Cette liberté passe nécessairement par l’affranchissement de tout ce qui ressemble au mariage car le mariage n’est qu’un moyen légal de permettre aux hommes de soumettre les femmes : “vous m’écrivez la lettre la plus maritale qu’il soit possible de voir !”  

Cette lettre est représentative de la lutte entre les sexes, traduite par une réponse indignée et une attaque frontale de la Marquise au Vicomte, qui refuse de se soumettre à sa volonté. Mais cette lettre relève aussi la revendication d’une femme libre, puisqu’elle refuse d’appartenir à un homme de quelque façon que ce soit.

Analyse de la lettre 161

I) Un portrait contrasté de Valmont

Mme de Tourvel fait preuve de haine et d’amour simultanément. Elle respecte ses valeurs chrétiennes et ne souhaite pas se venger malgré le mal qu’il lui a fait  “mais le courage m’a manqué pour t’apprendre ta honte”. Elle n’arrive pas à le sortir de ses pensées “que fais-tu loin de moi ?” à tel point qu’il est devenu une obsession pour elle “il est là, il m’obsède sans cesse.” La femme écrit pour extérioriser la rage qu’elle a en elle. Elle a tout donné pour lui et est énervée, à la fois contre lui, et à la fois contre elle-même pour avoir été si naïve “c’est pour t’avoir vu que j’ai perdu le repos ; c’est en t’écoutant que je suis devenue criminelle”. On apprend que Valmont est un être malsain semblable au diable “Être cruel & malfaisant, ne te lasseras-tu point de me persécuter ? Ne te suffit-il pas de m’avoir tourmentée, dégradée, avilie, veux-tu me ravir jusqu’à la paix du tombeau ?”. Elle ne voit en lui qu’un être cruel, souhaitant la faire souffrir, et cela la désespère “Ses yeux n’expriment plus que la haine & le mépris. Sa bouche ne profère que l’insulte & le reproche. Ses bras ne m’entourent que pour me déchirer. Qui me sauvera de sa barbare fureur ?” Ce portrait contrasté de Valmont nous en apprend autant sur elle que sur lui.

 

II) Madame de Tourvel, une héroïne tourmentée 

Les points virgules rythment le texte en montrant la respiration difficile et les sanglots de la présidente de Tourvel “Je veux le fuir en vain ; il me suit ; il est là, il m’obsède sans cesse.” Les questions rhétoriques montrent le questionnement de la pauvre femme qui n’arrive plus à gérer ses émotions “Quels sont ces liens que tu cherches à rompre ? pour qui prépares-tu cet appareil de mort ? qui peut altérer ainsi tes traits ? que fais-tu ?” Elle souffre énormément “remords” “déchirent” “peines” “supplice” “souffert” “douloureuse” et se sent déshonorée, à ses yeux cette souffrance est pire que la mort “  Ne te suffit-il pas de m’avoir tourmentée, dégradée, avilie, veux-tu me ravir jusqu’à la paix du tombeau ? Quoi ! dans ce séjour de ténèbres où l’ignominie m’a forcée de m’ensevelir “. Face à ce diable, elle décide de conserver ses valeurs chrétiennes “Que cette lettre au moins t’apprenne mon repentir. Le ciel a pris ta cause ; il te venge d’une injure que tu as ignorée”, elle ne doute pas que Dieu la vengera. Ainsi au fil de la lettre, l’évolution stylistique de Mme de Tourvel nous montre son basculement vers la folie.

Analyse de la lettre 175

En quoi cette fin est-elle morale ?

 

I) Une lettre de dénouement (clos le roman)

a) Le moment du dénouement

Adieu (formule de politesse) → il n’y aura plus de lettre

Champ lexical de l’achèvement : Enfin, sort, rempli, → conclusion

Champ lexical de la perte : « perdu l’œil », « perdu », défiguré », « perdu sa beauté » → tout le monde à tout perdu, vraiment à la fin

 

b) La volonté de vraisemblance

« Le marquis de… » → vraie personne : on fait semblant que les personnes sont réelles comme s’il y avait un souci d’anonymat 

Roman épistolaire → vrai, présent 1ère personne

Toponyme « Paris, Malte, Hollande » → contexte spatio-temporel réel

« Prend l’habit de postulante » → contexte historique, cela se faisait au 18ème siècle 

 

c) La note de l’éditeur

(Note de l’éditeur), parenthèse→ on veut nous faire croire que c’est un vrai auteur et éditeur

1ère pers. Du pluriel→ comme si l’éditeur s’impliquait réellement

Discours direct→ on dirait un vrai éditeur qui s’adresse au lecteur

 

II) Une fin édifiante (catharsis) 

a) Merteuil sanctionnée

Accumulation : "dépenses, dommages et intérêts, restitution des fruits, tout"→ paye pour ses fautes jusqu’à la ruine

Hyperbole : "vraiment hideuse", "affreusement défigurée" → Son caractère mauvais est donc désormais visible, alors qu'avant elle savait se montrer respectable

« Vérité » l37→ n’apparait qu’une fois pour autant, vérité est faite sur Merteuil, son masque est tombé, elle a perdu sa réputation

 

b) Une mère éplorée

Modalité exclamative→ désarroi, angoisse, inquiétude

« Mourir », « triste », « sacrifier », « fatalité » → champ lexical du destin, registre pathétique

Frémir/fuir/trembler/consoler→ accents tragiques : catharsis

 

c) Une critique des mœurs inconséquentes

Hyperbole : « Tourbillon de nos mœurs inconséquentes » → toute la société est décadente et immorale, savoir insuffisant pour lutter contre le mal

Champ lexical des rapports humains : « liaisons dangereuses », « séducteur », « autre personne qu’elle parler à sa fille » → compliqués, remise en question de l’éducation des filles

Hyperboles : « si insuffisante », encore d’avantage » →raison remise en doute, remise en question du culte du savoir. Montre bien que fin du XVIIIème siècle, la raison ne sera plus le guide absolu.

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