Analyse de Larme de Rimbaud

Analyse de Larme de Rimbaud

I) Les modifications du paysage

Tout d’abord, le poète s’isole dans la nature : “Loin des oiseaux, des troupeaux, des villageoises,Je buvais, accroupi dans quelque bruyère”. La description du paysage peut nous faire penser à un paysage français : “Entourée de tendres bois de noisetiers, Par un brouillard d’après-midi tiède et vert.” Dans le deuxième quatrain, le poète confirme cette hypothèse : “Que pouvais-je boire dans cette jeune Oise” mais l’évocation de fleurs exotiques dénote de son environnement actuel “Que tirais-je à la gourde de colocase ?” Au troisième quatrain, le poète décrit à nouveau le paysage de manière plus rationnelle mais son environnement devient de plus en morose : “Puis l’orage changea le ciel, jusqu’au soir. Ce furent des pays noirs, des lacs, des perches”. Pour se sortir de la nature triste qui l’entoure le poète métamorphose le paysage européen en un paysage exotique : “L’eau des bois se perdait sur des sables vierges”. Le poète alterne alors rêve et réalité en passant d’un paysage de l’Oise à un paysage qui peut s’apparenter à la Polynésie pour échapper à l’atmosphère déprimante qui l’environne.

 

II) Une vision étrange

Le poète se trouve dans un environnement rendu mystérieux et presque magique par le brouillard, et donc propice à la rêverie : “Par un brouillard d’après-midi tiède et vert.” Le poète est isolé dans l’Oise au bord d’un lac, mais au fil de sa description du paysage en mouvement, il divague et part dans ses rêveries parce qu’il ne trouve pas d’inspiration dans ce décor muet et sans ornement : “Que pouvais-je boire dans cette jeune Oise, Ormeaux sans voix, gazon sans fleurs, ciel couvert.” Cette réalité décevante force le poète à s’évader en imagination : “L’eau des bois se perdait sur des sables vierges, Le vent, du ciel, jetait des glaçons aux mares…” 

 

III) Le thème de l’inspiration

Le poète cherche l’inspiration dans le paysage qui l’entoure mais sans succès : “Que pouvais-je boire dans cette jeune Oise, Ormeaux sans voix, gazon sans fleurs, ciel couvert.” La souffrance qui en découle est matérialisée par l’allitération en [s]. L’imagination est son seul recours pour retrouver l’inspiration : “Que tirais-je à la gourde de colocase ? Quelque liqueur d’or, fade et qui fait suer.” La liqueur d’or évoque l’inspiration mais aussi le dur labeur de la création poétique. “Or ! tel qu’un pêcheur d’or ou de coquillages, Dire que je n’ai pas eu souci de boire !” le poète regrette de ne pas avoir saisi l’inspiration que pouvait lui apporter le paysage quand elle s’est présentée à lui, ce qui est souligné par l’allitération en [r], mais il l’a quand même trouvée en lui-même, en s’évadant dans ses rêveries puisqu’il en résulte ce poème.

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