Analyse de Le Galet de Francis Ponge dans Le Parti Pris des choses

Analyse de Le Galet de Francis Ponge dans Le Parti Pris des choses

On remarque tout d’abord que le galet de Ponge est aux origines de l’univers. Le galet, petite pierre de forme plate, ronde ou ovale a été apporté par la mer, au bord d’une terre (“apporté un jour par l’une des innombrables charrettes du flot”). De plus, on apprend que les galets ne sont jamais seuls, ils sont toujours en groupe (“ses populations”, “ses énormes aïeux”). Par ailleurs, Ponge utilise une allégorie qui humanise les galets : “où s'opère l’acte d’amour de ses parents immédiats”. Cette allégorie produit un effet étrange, bizarre sur le lecteur car Ponge parle de deux galets, c’est à dire de minéraux qui sont inertes. Enfin, on remarque que le galet est malgré sa taille une force de la nature très solide, même plus solide que n’importe quel arbre ( “imperturbables parmi les remous les plus forts de l’atmosphère”, “le vent le plus fort pour déraciner un arbre ou démolir un édifice, ne peut déplacer un galet”). Cela montre la capacité de résistance du galet. 

 

Mais, on remarque par la suite que ce minéral est à l’image de l’homme en général et du poète en particulier. Premièrement, le galet est personnifié : “ses énormes aïeux”, “de ses parents”, “ses populations”, “de tels troupeaux”. Le galet est comparé à l’homme, il est comme un être humain tout puissant. Ponge veut donner l’impression que rien ne peut arrêter le galet. Il montre que la solitude du galet est égale à la solitude de l’homme. En effet, le galet fait face aux tempêtes naturelles (“Chacun s’y croit perdu parce qu’il n’a pas de nombre et qu’il ne voit que des forces aveugles pour tenir de lui”, “assistent muets au spectacles de ses forces [...] hors de toute raison”, “pourtant attachés nulle part, ils restent à leurs places, quelconque sur l’étendue”), pendant que l’homme fait face à des tempêtes symboliques, les problèmes que lui apporte la vie. Ce poème introduit donc une réflexion sur l’absurdité de l’existence. De plus, on remarque que les galets n’ont pas le droit à la parole, ils ne peuvent en effet pas s’exprimer et repousser les indésirables qui les ignorent ou les isolent (“les brins d’herbes parfois sortent entre eux”, “des sauterelles par bonds s’y mesurent plutôt entre elles qu’elles ne les mesurent”, “des hommes parfois jettent distraitement au loin l’un des leurs”, “muets”). C’est une allégorie de la condition humaine, qui ne réussit pas à communiquer avec les autres.

 

Ce récit donne finalement une leçon morale et poétique. En effet, le galet possède donc cette morphologie parfaite car il a le pouvoir de résister à toutes les forces naturelles (“l’amoncellement des formes de son antique état et des formes de son futur”, “imperturbables parmi les remous les plus forts de l’atmosphère”, “le vent le plus fort pour déraciner un arbre ou démolir un édifice, ne peut déplacer un galet”). Malgré tout ce qu’on lui fait, le rejet, l’exclusion ou ces tempêtes, le galet garde une force morale très forte et reste le même du début jusqu’à la fin, il est un idéal du courage. La perfection de ce galet représente en autre une allégorie de la forme poétique parfaite. Par ailleurs, le galet entre en relation avec les différents règnes : le végétal (“les brins d’herbes parfois sortent entre eux”), l’animal (“des sauterelles”) et avec différents éléments : terrestres (“ils couvrent pratiquement tout le sol”), et maritimes (“l’une des innombrables charrettes du flot”). Le poète fait alors une allégorie de tout l’univers et de tout le recueil qui est pensé par Ponge comme une cosmogonie. Enfin, l’état de solidité minérale a une valeur pour Ponge d’enseignement moral. En effet, tout au long de sa vie, le galet fait preuve de courage, il résiste à toutes sortes d'oppressions : le rejet et l’exclusion (“des hommes parfois jettent distraitement au loin l’un des leurs”), la solitude (“des brins d’herbes parfois sortent entre eux”).

Écrire commentaire

Commentaires: 0