Analyse de Harmonie du soir de Baudelaire

Analyse de Harmonie du soir de Baudelaire

Commentaire composé

L'utilisation de la forme fixe du pantoum par Baudelaire dans son expression du spleen est en effet remarquable. Cette structure, avec ses répétitions et son rythme, contribue à créer une atmosphère particulière, propice à l'expression de la mélancolie et de l'angoisse existentielle.

 

I) La musique du texte

 

1. La forme fixe du pantoum

 

Le pantoum, avec ses répétitions systématiques des vers, crée un effet de refrain, renforçant l'aspect musical du poème. Cette structure, qui trouve ses origines dans la poésie malaise, a été adoptée par les poètes du Parnasse, dont Baudelaire se sent proche. Elle permet une exploration en profondeur des thèmes et des émotions, chaque répétition apportant une nouvelle nuance ou un nouvel éclairage à l'idée exprimée.

 

2. Les sonorités

 

Les allitérations en [s] dans le poème renforcent son aspect sombre et mélancolique. La synesthésie dans “Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir” mêle les sens et crée une atmosphère onirique. La valse, avec son mouvement circulaire et son vertige, symbolise le cycle incessant du spleen. L'utilisation du violon, instrument au timbre mélancolique, et l'image du soleil se noyant dans son sang, renforcent la sensation de désespoir et de finitude.

 

II) Le spleen

 

1. L’opposition entre l’ombre et la lumière

 

L'oxymore dans “Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir” illustre la complexité du spleen, où la beauté et la tristesse coexistent. Le poète, avec son cœur tendre et sa haine du néant, se débat contre le désespoir. La métaphore du soleil se noyant dans son sang symbolise le suicide intellectuel et émotionnel du poète, refusant la postérité et la lumière de l'avenir. Le passé lumineux contraste avec un futur sombre, reflétant le désespoir et l'incapacité du poète à envisager un avenir prometteur.

 

2. Un poème mystique

 

La quête mystique du poète se manifeste dans l'évocation des fleurs s'évaporant comme de l'encens, symbolisant une recherche spirituelle. Le ciel est comparé à un reposoir, lieu sacré de la messe, reflétant la quête de consolation du poète dans le sacré. Le souvenir de l'être aimé, élevé au rang d'ostensoir, montre l'intensité de la passion du poète, qui remplace presque la présence divine, illustrant ainsi le conflit intérieur entre la passion terrestre et la quête spirituelle, et contribuant à l'incapacité du poète à surmonter son spleen.

 

En somme, Baudelaire utilise la forme fixe du pantoum pour créer un poème qui est à la fois une méditation sur le spleen et une exploration de la quête spirituelle et mystique. La répétition des vers et la musicalité du texte contribuent à créer une atmosphère hypnotique et mélancolique, qui est au cœur de l'expression du spleen baudelairien.


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