Le langage est un système de signes que l’homme utilise pour véhiculer la culture et la civilisation. On ne peut pas dissocier le langage de la pensée car le langage est ce qui va permettre à l’enfant d’accéder au monde de la représentation. 

A sa naissance, l’enfant a une aptitude à la pensée et à la parole mais elle ne se développe que grâce à l’apprentissage du langage. L’enfant naît dans un milieu parlant et chaque peuple par sa langue se façonne un monde original. La langue est un héritage nécessaire pour que la pensée se constitue. Les psychologues montrent qu’il y a un parallélisme entre le développement psychologique de l’enfant et l’acquisition du langage. L’enfant acquiert la conscience de soi comme sujet de ses propres désirs pendant la phase œdipienne et c’est souvent pendant cette phase qu’il apprend à dire « je » et qu’il ne parle plus de lui à la troisième personne. Le langage n’est pas une représentation du monde mais ce par quoi il se constitue. Les mots ne sont pas les doubles des choses, ils traduisent l’intention du sujet. La possibilité de la réflexion de l’enfant vient de ce que la langue humaine est l’expression de la raison. C’est parce que sa pensée s’objective dans un langage que l’enfant peut revenir sur ses pensées, composer un discours, et même mentir. Il y a un aspect inventif et créateur du langage qui manifeste la raison et la liberté de l’enfant à mesure qu’il se développe. La parole ne traduit pas une pensée déjà faite mais l’accomplit. Dès que l’enfant parle il donne une forme objective à ses pensées, ses sentiments, ses volontés, ses représentations qui ont un sens pour lui mais aussi pour les autres : une pensée ne peut exister que parce qu’elle se communique (à soi-même ou aux autres). Ainsi, non seulement la langue permet d’exprimer la pensée, mais elle la fait exister, c’est ce qui va donner à l’enfant son caractère social et lui permettre de devenir peu à peu un « animal politique » comme le disait Aristote. Mais en plus de s’approprier sa langue, l’enfant doit apprendre à maîtriser la communication au sens large. Il doit s’habituer à maîtriser le sens de son discours mais aussi son orientation : en grandissant l’enfant ne s’adressera plus aux adultes comme à ses camarades. L’enfant sait aussi que la communication ne passe pas que par les mots : c’est la praxis qui médiatise la communication avec autrui.