La culture est la nature de l'homme
La nature de l’homme ne peut s’accomplir que dans la société. Cette nature est moins une nature innée (cf. l’instinct chez l’animal) qu’une nature acquise. L’animal a une hérédité, l’homme reçoit un héritage. Au départ ce qui définit l’homme est une « structure de possibilités, possibilités qui s’actualisent diversement selon les circonstances, la condition minimale étant que l’enfant se développe en milieu humain. L’homme n’a pas une nature intangible avec des caractères éternels, il a ou plutôt il est une histoire. De même Rousseau montre que « l’état de nature » n’a jamais existé, qu’il ne peut être qu’un instrument d’analyse dont la finalité est d’essayer de cerner ce que la société a apporté à l’humanité. Ce que montre également Rousseau c’est que la communication est essentielle au développement de l’homme et que celui-ci se caractérise par un instinct de perfectionnement. Enfin toute société comporte des règles, c’est-à-dire des interdits qui ne relèvent pas de la nature, qui se caractérise par l’universalité (manger, respirer, crier, parler) alors que les règles se caractérisent par le relatif (la façon de manger, de parler, ce qui institue le passage de l’ordre de la nature à l’ordre de la culture).
Cependant, dire ceci ne revient pas à enfermer l’homme dans sa culture, à dire que tout est culture. Redéfinissons pour être plus clairs les concepts de nature et de culture. Ce qui est acquis, c’est que la nature au sens d’une essence prédéterminée, antérieure à la société n’existe pas. Mais la nature au sens d’une universalité de la condition humaine ne peut-elle être envisagée ? L’homme est celui dont la nature est de s’accomplir au sein de la culture. Lévi Strauss : « La nature c’est tout ce qui est en nous par hérédité biologique ; la culture c’est au contraire tout ce que nous tenons de la tradition externe… La culture ou civilisation, c’est l’ensemble des coutumes, des croyances, des institutions telles que l’art, la religion, les techniques de la vie matérielle, en un mot, toutes les habitudes ou aptitudes apprises par l’homme en tant que membre d’une société ». En ce sens tout peuple a une culture et à proprement parler « l’homme sauvage » n’existe pas. Néanmoins Hegel nous avertit que chaque homme a de l’humain en lui, ou du sauvage, ou de la barbarie.
La culture est une puissance de dépassement. Se cultiver, s’instruire est pour chacun se délivrer des limites que définit toute existence particulière. Comme processus d’accomplissement et de dépassement de soi, la culture ne fait pas que rendre possible le passage du virtuel à l’actuel. Elle permet à tout individu qui s’engage en elle de s’affranchir des données, de trouver une voie d’accès à l’universel : on peut appartenir à des cultures différentes (chinois, breton, basque) et se rencontrer autour de valeurs communes comme le respect de la personne, le droit d’opinion… Se cultiver de ce point de vue c’est non seulement s’approprier les données d’une culture déterminée, mais aussi dépasser celle-ci à travers une réflexion qui s’interroge sur ses propres fondements.
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