Analyse de la Lettre du 16 mars 1672 de Madame de Sévigné

Analyse de la Lettre du 16 mars 1672 de Madame de Sévigné

I. Une lettre attachante

1. Mise en place des éléments d'une communication épistolaire

 

Il s’agit bien d’une lettre,car elle est adressée “De Madame de Sévigné à Madame de Grignan” et datée “A Paris, mercredi, 16 mars 1672.” Elle s’adresse à sa fille, en la vouvoyant, ce qui montre que ce sont des femmes de haute naissance. L’utilisation des temps du présent et du futur simple nous confirme que nous sommes bien dans une situation d’énonciation épistolaire.

 

2. La mise en scène de l'affectivité

 

Cette lettre est très intime et montre la relation proche qu’ont les deux femmes “Vous ne sauriez avoir tant d'envie de me voir que j'en ai de vous embrasser ; bornez votre ambition, et ne croyez pas me pouvoir jamais égaler là-dessus.” Elle y dévoile sa pensée profonde “Je me trouve dans un engagement qui m'embarrasse; je suis embarquée dans la vie sans mon consentement. Il faut que j'en sorte ; cela m'assomme.” De plus, elle est très affectueuse avec sa fille puisqu’elle l’appelle “ma chère fille” à plusieurs reprises.

 

3. La tonalité tragique

 

Confrontée à la mort de sa tante, Madame de Sévigné médite sur les thèmes de la vie et de la mort à la manière d’un monologue délibératif digne d’une tragédie avec de nombreuses questions rhétoriques “Et comment en sortirai-je ? Par où ? Par quelle porte ?” La tonalité est tragique “chagrins cuisants” ; “désespérée” ; “si malheureuse” ; “terrible”.

 

II. Une méditation sur l'existence

1. L'expression de l'incertitude

 

Les nombreux points d’interrogations montrent le questionnement de la femme. La mort lui fait peur, pas dans le fait de perdre la vie mais, en tant que chrétienne, dans le fait de ne pas savoir ce qui l’attend dans l’Au-Delà “Suis-je digne du paradis ? Suis-je digne de l'enfer ?”. Au 17 ème siècle, les chrétiens craignaient l’Enfer car selon Blaise Pascal, un grand philosophe, tout humain était destiné à L’Enfer et se devait de gagner sa place au Paradis. De plus, les pronoms interrogatifs “comment”, “qu’”, “que”  et les pronoms exclamatifs “quel”, “quelle”, “si” nous montrent que l’incertitude est très présente.

 

2. L'entrelacement des thèmes de la vie et de la mort

 

Dans son questionnement, Madame de Sévigné se demande si la mort ne serait pas un échappatoire à sa vie “je suis embarquée dans la vie sans mon consentement. Il faut que j'en sorte ; cela m'assomme.” Se retrouvant seule, loin de sa fille, avec sa tante mourante, elle se demande si la vie vaut d’être vécue “Vous me direz que je veux vivre éternellement. Point du tout, mais si on m'avait demandé mon avis, j'aurais bien aimé à mourir entre les bras de ma nourrice” La mort lui fait peur mais elle est lassée de sa vie. 

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