Analyse de "Ces cheveux d'or" de Du Bellay
I) Les quatrains : une déclaration d’amour personnelle
“Ces cheveux d'or sont les liens, Madame,” : le démonstratif “ces” est employé ici comme déictique donc on en déduit que le poète déclare sa flamme à une femme présente en face de lui, à laquelle il s’adresse “Madame” ce qui place d’emblée le poème dans un registre lyrique (lyrisme : se met en place quand on parle de soi même, utilisation du pronom personnel “je”).
“Dont fut premier ma liberté surprise” : Personnification de la liberté.
“Ces cheveux d'or sont les liens” : le poème commence comme un blason (poème sur le corps de la femme ) avec de plus l’introduction du thème de l’asservissement amoureux.
“Amour la flamme autour du coeur éprise,
Ces yeux le trait qui me transperce l'âme.” : Personnification de l’amour et métaphores traditionnelles des yeux miroirs de l’âme et de cupidon avec ses flèches.
Les quatrains sont construit avec des rimes embrassées qui évoquent l’amour.
L'allitération en [r] (ramer) évoque la difficulté et l'allitération en [s] (souffrir) évoque la souffrance.
“Forts sont les noeuds, âpre et vive la flamme,
Le coup de main à tirer bien apprise,” : ces vers commencent par un compliment de la part du poète qui sous entend un reproche puisque la femme aimée est présentée comme une séductrice aguerrie. L’amour est donc comparé à un combat et la femme est bien entraînée. De plus le mot flamme sous entendant bien ici la douleur lié à la passion amoureuse.
“Et toutefois j'aime, j'adore et prise
Ce qui m'étreint, qui me brûle et entame.”: Avec “et toutefois” il souligne une opposition qui est suivi d’une gradation de l’appréciation “j’aime, j’adore et prise”.
L'enjambement vient ici souligner l’idée de l’étreinte déjà évoquée par les rimes embrassées.
De plus une nouvelle gradation vient renforcer les souffrance de l’amour “Ce qui m'étreint, qui me brûle et entame.”
II) Les tercets : une théorie de la passion amoureuse
“Pour briser donc, pour éteindre et guérir Ce dur lien, cette ardeur, cette plaie, Je ne quiers fer, liqueur, ni médecine: ” : il y a un renforcement des allitérations en [r] et en [s] puisque le poète explore sa souffrance. Il introduit le champ lexical de la médecine : le fer rouge pour cautériser une plaie, la liqueur pour endormir la douleur et enfin les médicaments.
“L'heur et plaisir que ce m'est de périr De telle main ne permet que j'essaie Glaive tranchant, ni froideur, ni racine.” : Paradoxe du bonheur éprouvé par l’auteur en mourant d'amour. Mais aussi Du Bellay complimente encore sa Dame avec “De telle main”.
Le “Glaive” permettrait au poète d’abréger ses souffrances tandis que la “froideur” servirait à faire tomber la fièvre symbolique de l’amour et enfin la “racine” est un médicament traditionnel de l’époque.
Pour le poète l’amour n’est donc que douleur et esclavage qui procure un grand plaisir. On peut le voir grâce au paradoxe de la souffrance et du plaisir qui est développé dans les
tercets.
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