Analyse de "Ces cheveux d'or" de Du Bellay

Analyse de "Ces cheveux d'or" de Du Bellay

Introduction

 

Ce poème de Joachim Du Bellay, structuré en quatrains et tercets, s'inscrit dans la tradition lyrique par son exploration de la thématique amoureuse. À travers cette oeuvre, Du Bellay développe une déclaration d'amour intense et personnelle, tout en exposant sa propre théorie de la passion amoureuse. L'analyse suivante détaillera d'abord la nature de cette déclaration dans les quatrains, puis explorera la conception de la passion amoureuse dans les tercets.

 

I. Les quatrains : une déclaration d’amour personnelle

 

La déclaration d'amour de Du Bellay se manifeste dès le début par l'emploi du démonstratif "ces" qui, en tant que déictique, indique une adresse directe à une femme, désignée par "Madame". Ce choix de langage positionne immédiatement le poème dans un registre lyrique, où le pronom personnel "je" est central. La personnalisation de la liberté montre comment elle est capturée par les liens amoureux, symbolisés par les "cheveux d'or".

 

L'emploi de métaphores traditionnelles, telles que l'amour comme flamme et les yeux comme traits transperçant l'âme, renforce cette thématique. Les rimes embrassées utilisées dans les quatrains symbolisent l'étreinte amoureuse, tandis que les allitérations en [r] et [s] illustrent respectivement la difficulté et la souffrance de l'amour.

 

La gradation dans l'expression des sentiments du poète ("j'aime, j'adore et prise") et l'utilisation de l'enjambement mettent en relief la puissance de l'amour qui à la fois étreint, brûle et entame le poète. Cette ambivalence entre souffrance et affection est soulignée par l'opposition introduite par "et toutefois", dénotant une complexité dans la perception de l'amour.

 

II. Les tercets : une théorie de la passion amoureuse

 

Dans les tercets, Du Bellay approfondit sa réflexion sur la passion amoureuse. Il continue à explorer la souffrance liée à l'amour à travers le champ lexical de la médecine, rejetant les remèdes traditionnels (fer, liqueur, médecine) pour guérir de sa passion. L'allitération renforcée en [r] et [s] intensifie l'impression de douleur.

 

Le paradoxe du bonheur dans la souffrance amoureuse est exposé : le poète exprime le plaisir qu'il trouve à périr par l'amour, soulignant ainsi l'attrait masochiste de la passion. Les images du "glaive tranchant", de la "froideur" et de la "racine" sont autant de symboles des diverses voies de guérison ou d'évasion de l'amour, toutes rejetées au profit de l'expérience amoureuse dans son intégralité.

 

Cette section du poème révèle la vision complexe de Du Bellay sur l'amour : une expérience empreinte à la fois de souffrance et de plaisir, d'esclavage et de ravissement. L'amour est vu non seulement comme une force dévastatrice mais aussi comme une source de joie intense, un paradoxe qui définit la nature même de la passion amoureuse selon le poète.

 

Conclusion

 

Dans son poème, Joachim Du Bellay tisse une déclaration d'amour riche et complexe, empreinte de lyrisme. Il explore avec profondeur la dualité de l'amour, à la fois source de souffrance et de bonheur suprême. Les quatrains mettent en lumière le caractère personnel et immédiat de cette passion, tandis que les tercets développent une réflexion plus abstraite sur la nature de l'amour. Ensemble, ces deux parties du poème offrent une vision poignante et nuancée de la passion amoureuse.

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