Analyse : Les femmes de Guillaume Apollinaire dans Alcools

Analyse : Les femmes de Guillaume Apollinaire dans Alcools

I) Un canevas décousu

Tout d'abord dans ce poème d'Apollinaire, nous pouvons remarquer une alternance entre du récit et du discours.  Le récit sert à nous raconter l'histoire, il emploie le présent d'habitude pour poser le cadre: "les femmes cousent". Puis il emploie le passé simple : "Le rossignol aveugle essaya de chanter", ainsi que l'imparfait : "Les femmes se signaient dans la nuit". Il emploie dans ce poème différent temps verbaux pour raconter et choisi du présent d'énonciation pour le discours : " Pour ma part je n'aime que moi-même". Il utilise aussi de l'impératif dans le discours: "Apporte le café le beurre et les tartines", "chut". 

L'alternance du discours avec le récit et des temps verbaux rend ce poème moderne. La variété des temps verbaux donne un véritable contexte quotidien. Ensuite nous pouvons observer que certaines phrases débutent soudainement au beau milieu d’un vers, sans point, juste avec une majuscule : "Pour la fête du curé La forêt là-bas", c'est original et cela donne un rythme saccadé, décousu à ce poème. De plus c'est amplifié par les nombreux rejets présents dans ce poème: "Et des chiens aboyaient aux passants morfondus ; Il est mort écoutez". Ces rejets empêchent une lecture fluide et ainsi fragmentent le texte. 

 

II) Un monde familier

Dans ce poème de Guillaume Apollinaire, nous remarquons que les rimes sont embrassées : "cousent", "café", "chauffe", "s'épousent". Ce schéma souligne la tendresse familiale. Après on retrouve beaucoup de références au quotidien: "café", "vent", "la nuit", "le beurre", "les tartines". Apollinaire installe un contexte familial. Les personnages effectuent des activités journalières : "cousent", "s'épousent". Il crée un cadre rassurant, intime. De plus les personnages s’appellent par leurs prénoms : "Lenchen", "Gertrude"... On est dans leur vie de famille. Cette famille est issue d'un milieu simple puisqu’ils se tutoient : "s'il te plaît". Au sein de cette famille le lecteur peut voir l'atmosphère paisible qui règne. 

 

III) Un monde fissuré

Cependant le poète laisse des indices inquiétants dans le poème. On peut observer quelques références à l'obscurité : "la nuit", "l'effraie","l'obscurité". On remarque également des aspects inquiétants au sein de la famille : “le rossignol aveugle” ou encore “des chiens aboyaient” , les “ceps tordus”, le “sacristain sourd et boiteux”. Apollinaire crée un réel contraste entre l'atmosphère paisible du foyer et un univers étrange. De plus nous remarquons la présence du champ lexical de la mort tout au long de ce poème : "les  cloches sonnent ", "la mort du sacristain", "attiser la poêle".  Ces indices laissés par le poète angoissent le lecteur. Ainsi on dirait qu'il y a une véritable menace qui plane au dessus de cette famille, ce foyer.  Finalement la complexité de l'écriture vient renforcer l'idée d'un monde fissuré. 

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