Analyse des Caractères de La Bruyère, Giton et Phédon

Analyse des Caractères de La Bruyère, Giton et Phédon

La Bruyère compose les deux portraits en décrivant d’abord le visage puis le corps et ensuite le comportement.

Le lien logique qui lie la dernière phrase de chaque portrait aux remarques qui précèdent sont que celle-ci sont les conséquences de la richesse ou de la pauvreté. On peut remarquer que le riche a confiance en lui, il s’impose dans la société contrairement au pauvre qui n’a pas du tout confiance en lui et qui voudrait être invisible.

Les gestes et les remarques qui illustrent les formules opposées  : Giton occupe “plus de place qu’un autre”, et Phédon “ne tient point en place” sont, pour Giton : “S’il  s’assied, vous le voyez s’enfoncer dans un fauteuil”, et pour Phédon : “Si on  le prie de s'asseoir, il se met à peine sur le bord d'un siège”.

Les exagérations caricaturales sont pour Giton : “ l’oeil fixe et assuré, les épaules larges, l’estomac haut, la démarche ferme et délibérée. Il parle avec confiance ”, “Il déploie un ample mouchoir et se mouche avec grand bruit ; il crache fort loin, et il  éternue fort haut.”, “Il interrompt, il redresse ceux qui ont la parole : on ne  l’interrompt pas, on l’écoute aussi longtemps qu’il veut parler”, “S’il  s’assied, vous le voyez s’enfoncer dans un fauteuil, croiser les jambes l’une sur l’autre, froncer le sourcil, abaisser son  chapeau sur ses yeux pour ne voir personne, ou le relever ensuite, et découvrir son front par fierté et par audace”, “il est  enjoué, grand rieur, impatient, présomptueux, colère, libertin, politique, mystérieux sur les affaires du temps ; il se croit  du talent et de l’esprit.”. Et pour Phédon : “le corps sec et le visage maigre; il dort peu, et d'un sommeil fort léger; il est  abstrait, rêveur, et il a avec de l'esprit l'air d'un stupide”, il conte brièvement, mais  froidement; il ne se fait pas écouter, il ne fait point rire.”, “Si on  le prie de s'asseoir, il se met à peine sur le bord d'un siège; il parle bas dans la conversation, et il articule mal”, “ Il  n'ouvre la bouche que pour répondre; il tousse, il se mouche sous son chapeau, il crache presque sur soi, et il attend qu'il  soit seul pour éternuer”. Elles dénoncent le fait que que le comportement et le caractère des gens dépendent de leur statut social et financier et que donc l’argent a le pouvoir de changer le caractère de quelqu’un.

Ces deux portraits posent la question de l’Homme parce qu’ils nous interrogent sur la façon dont l’argent modifie notre rapport à nous-mêmes et aux autres.

La Bruyère n’a pas montré de l’indulgence pour Phédon car il s’est montré neutre dans sa description du riche et du pauvre car il doit garder sa position d’observateur en tant que moraliste.

La Bruyère montre que l’importance accordée à l’argent pervertit les relations entre les hommes en affirmant que les riches se sentent supérieurs aux pauvres que ce soit moralement ou physiquement. Il nous montre que l’argent influe directement sur notre confiance en soi qui peut augmenter ou diminuer en fonction notre situation financière.

La Bruyère a eu recours au double portrait afin de comparer le comportement des personnes se trouvant dans ces deux situations financières. En montrant que le riche est l’opposé du pauvre dans toutes situations même dans les plus courantes : “croiser les jambes l’une sur l’autre, froncer le sourcil, abaisser son  chapeau sur ses yeux pour ne voir personne, ou le relever ensuite, et découvrir son front par fierté et par audace.”, “Il  n'ouvre la bouche que pour répondre; il tousse, il se mouche sous son chapeau, il crache presque sur soi, et il attend qu'il  soit seul pour éternuer”.

La Bruyère montre que l’argent influe directement sur le bonheur car il modifie notre perception de nous-mêmes et des autres.


Analyse du Portrait de Giton dans Les Caractères, livre VI, Des biens de fortune, fragment 83

Comment le portrait de Giton, homme riche et prétentieux, dénonce-t-il la supériorité de l’argent sur la vertu dans la société ?

I) Le portrait physique de Giton, homme en pleine santé

Giton est présenté comme un homme en pleine santé “ teint frais,”, “ visage plein”, “les joues pendantes”, “épaules larges”, “l’estomac haut”. 

De plus, sa description évoque également son assurance et sa détermination “ l'œil fixe et assuré”, “ la démarche ferme et délibérée.”. Cet homme sait ce qu’il veut et veut en assurer ceux qui l'entourent.

En outre, l’utilisation du champ lexical de la parole le place en position de supériorité comme s’il avait un savoir supérieur “ Il parle avec confiance”, “il fait répéter”, “ il ne goûte que  médiocrement tout ce qu’il lui dit.”. 

Cependant, le contraste entre la politesse et la grossièreté est également évoqué par certaines de ses actions “déploie un ample mouchoir” contrasté par “se mouche avec grand bruit”, “crache fort loin”, “il éternue fort haut”. Notons également qu’on observe l’ampleur, la grandeur et même l’idée de distance de tous ses mouvements/objets “ample”, “grand bruit”, “fort loin”, “fort haut”. Cela marque sa soi- disant supériorité au sein de l’espace social. 

Le champ lexical du sommeil évoque la source de sa santé; le sommeil est la source principale de l’énergie qu’il déploie pour paraître supérieur “Il dort le jour, il dort la nuit,”, “il ronfle en compagnie”. L’utilisation de l’adverbe “profondément” détermine l’intensité de son sommeil, qui est présenté comme lourd et donc réparateur. 

En plus de montrer le portrait d’un homme en bonne santé, la description physique et morale de Giton place celui-ci en position de supériorité dans l’espace social. 

II) La domination impolie de l’espace social par Giton

Giton est présenté comme le centre de l’attention, le meneur de jeu, celui qui autour duquel tout gravite “Il tient le milieu en se promenant avec ses égaux”. Notons que le participe présent “se promenant” marque une absence de temporalité. Cela prouve que cette situation est habituelle. Il se place en position de supériorité, même avec les personnes de même rang/statut social que lui “avec ses égaux”. 

Le parallélisme de construction “il s’arrête, et l’on s’arrête ; il  continue de marcher, et l’on marche” et l’euphémisme “tous se règlent sur lui” le place au centre et aux commandes des actions. 

Le rapport de force avec ses égaux est démontré par la possession de la parole: lui “Il interrompt” et “il redresse ceux qui ont la parole”; en revanche lorsqu’il parle il doit être écouté de tous “ on ne l’interrompt pas”, “on l’écoute aussi longtemps qu’il veut parler”, “on est de son avis”, “on croit les nouvelles qu’il débite.”. L’utilisation du pronom “on” évoque la généralisation, et l’utilisation du présent à valeur de vérité générale marque un commentaire du narrateur : il dresse ici le portrait opposé à celui de l'honnête homme, modèle parfait au XVIIe siècle. 

Giton joue à l'honnête homme alors qu’il n’en n’est pas un. Il utilise des mimiques et des positions qui ne collent pas à son caractère : “ S’il s’assied, vous le voyez s’enfoncer dans un fauteuil”, “croiser les jambes l’une sur l’autre”, “ froncer le sourcil,”, “abaisser son chapeau sur ses yeux pour ne voir personne”, “le relever ensuite”, “découvrir son front par fierté et par audace”. Il surjoue son rôle ce qui lui ôte toute crédibilité. Ses actions s’opposent “abaisser son chapeau”/ “le relever ensuite”ce qui montre que toutes ses actions sont mises en scène, mais ridicules. 

En voulant jouer à l'honnête homme, Giton se révèle en réalité être un homme impoli, se plaçant en position de supériorité par rapport aux autres. Cette vanité est due à sa richesse qui le rend odieux. 

III) La richesse de Giton le rend odieux

Premièrement, le narrateur énumère tous les défauts qui s’opposent aux qualités de l'honnête homme, montrant ainsi que Giton joue un rôle pour attirer l’attention et laisser paraître qu’il est important: “enjoué, grand rieur,” évoque son attitude moqueuse, “impatient, présomptueux, colère” dénonce sa position de supériorité, il ne faut pas le faire attendre, “libertin, politique” l’utilisation de cet oxymore montre son aspect ridicule : il ne respecte pas les lois et agit comme bon lui semble, mais il ose parler politique et ose se placer en position de défenseur des lois. Enfin “mystérieux sur les affaires du temps” montre son ignorance sur les affaires importantes, car s’il n’en parle pas c’est qu’il n’en n’a pas la connaissance. 

Le narrateur démontre explicitement son apparence trompeuse avec “il se croit  du talent et de l’esprit.”. Le verbe prouve à lui tout seul qu’au fond de lui-même, Giton sait éperdument qu’il n’est pas un honnête homme, mais sa richesse donnée à la naissance lui est source d’un soi-disant mérite, donc il se persuade d'être un honnête homme. Il n’est en réalité que mensonge et apparence trompeuse. 

Enfin, la dernière phrase de la remarque est la seule phrase qui évoque explicitement sa richesse “Il est riche”. C’est grâce à cette richesse que Giton peut se placer dans une position importante. Cette richesse lui permet de penser qu’il peut donc atteindre le statut de l'honnête homme. Cependant il se trompe, puisqu'il est tout l’inverse. Sa richesse l’aveugle et le rend donc odieux et méprisable, alors que celle-ci devrait le rendre honnête et humble. Le statut d'honnête homme est un don qu’il n’a pas; il essaye alors de paraître ainsi, mais toutes ses actions sont exagérées ce qui le rend ridicule. 

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Commentaires: 1
  • #1

    louise (mercredi, 22 mars 2023 16:45)

    super au top tg maintenant laisse moi lire