Analyse des Caractères de La Bruyère, Des femmes

Analyse des Caractères de La Bruyère, Des femmes

Tout d’abord, La Bruyère insinue par son ironie mordante que les femmes ne sont pas sincères : “La dévotion vient à quelques-uns, et surtout aux femmes comme une mode qu'il faut suivre”, elles ne vont à l’église que pour se faire bien voir, leur assiduité n’est pas proportionnelle à leur foi. De plus les femmes ne travaillant pas, ce sont leurs loisirs qui rythment leur semaine : “de jeu, de spectacle, de concert, de mascarade, ou d'un joli sermon”, la gradation de ces activités montre que les femmes considèrent la messe comme un spectacle où il est de bon ton de se montrer pour redorer sa réputation. Or, ce ne devrait être ni un spectacle, ni un loisir. L’ironie de La Bruyère condamne donc l'attitude hypocrite des fausses dévotes. Il critique aussi les précieuses qui discutent de sujets normalement réservés aux hommes. La moquerie dévoile la misogynie de La Bruyère : “le lundi perdre leur argent chez Ismène, le mardi leur temps chez Climène, et le mercredi leur réputation chez Célimène”. Les prénoms aux consonances proches laissent entendre que toutes les femmes sont pareilles et donc interchangeables.L’Opéra est un endroit sérieux, il convient donc moins aux femmes que la comédie puisqu’elles ne pensent qu’à s'amuser et ne semblent pas aptes à s’occuper de sujets importants. Puis suit une critique concernant les habitudes des femmes âgées qui se font plus discrètes pour se refaire une réputation et toutes leurs habitudes basculent alors dans l’excès opposé : “elles outrent l'austérité et la retraite”. Le XVIIème siècle ayant les excès en horreur, le portrait à charge des femmes est d’autant plus acerbe. Son argumentation est soutenue par les nombreuses exagérations : “elles n'ouvrent plus les yeux qui leur sont donnés pour voir ; elles ne mettent plus leurs sens à aucun usage”. L’ironie est également employée pour se moquer de la logorrhée des femmes (le fait de parler tout le temps) : “chose incroyable ! elles parlent peu”. La Bruyère semble parfois complimenter les femmes en disant qu’elles savent penser, mais les qualifie ensuite d'orgueilleuses et de commères : “elles pensent encore, et assez bien d'elles-mêmes, comme assez mal des autres”. Les femmes mûres n’étant plus aussi séduisantes que les jeunes femmes, elles essayent d’être les plus vertueuses. Cet excès de vertu causé par l’orgueil devient alors un défaut : “il y a chez elles une émulation de vertu et de réforme qui tient quelque chose de la jalousie”. Mais la litote : “elles ne haïssent pas de primer dans ce nouveau genre de vie”, insinue que les femmes sont contentes et fières d'être premières quelque part. Enfin La Bruyère présente les femmes comme des manipulatrices qui n’ont pas quitté leur ancien mode de vie par envie mais par calcul. Ainsi, rien n’est honnête dans les actions des femmes : “comme elles faisaient dans celui qu'elles viennent de quitter par politique ou par dégoût”. Il conclut par un parallélisme entre leur jeunesse joyeuse et leur retraite austère : “Elles se perdaient gaiement par la galanterie, par la bonne chère et par l'oisiveté ; et elles se perdent tristement par la présomption et par l'envie.” 

Écrire commentaire

Commentaires: 0