Truismes de Marie Darrieussecq, Analyse de la métamorphose
Cet extrait où la vendeuse de cosmétiques se transforme en truie est une critique de la société de consommation parce que ses conditions de travail dérangeantes y sont décrites.
Premièrement, son patron la force à porter une vilaine blouse en guise d’uniforme, ce qui ne la met pas en valeur et la rend moins attrayante. Cet accoutrement lui fait perdre son estime d'elle-même car il la fait paraître négligée, ce qui ne plaît pas à ses clients. Étant obligée de se maquiller tous les jours comme l’ordonnent les codes de la société aux vendeuses, elle devient allergique au maquillage. Cette allergie est un symbole du rejet de sa condition sociale : elle ne peut plus porter cette façade qui est sa seule manière d'être acceptée par le monde. Cela montre le conflit d’identité provoqué par l’inadéquation des codes imposés aux vendeuses et l’identité profonde de la narratrice. L’allergie au maquillage, ajoutée à son pourcentage qui diminue en même temps que ses attraits, rendent la vendeuse encore plus laide car par manque d’argent, elle ne peut plus prendre soin d’elle.
Ce texte compare le travail de vendeuse à celui d’une prostituée, car elle est considérée comme de moindre valeur par la société pour la simple raison qu’elle est moins belle. La femme est traitée comme un objet dont la seule valeur vient de son apparence, tel un tableau sur un mur. Cette métaphore de la prostitution est renforcée par des passages pornographiques dans lesquels la vendeuse est harcelée sexuellement par les clients, montrant à quel point la femme est maltraitée par la société capitaliste qui ne respecte pas son amour propre et la traite comme un objet sexuel : “Heureusement, il restait des fidèles, une poignée de doux dingues. Ceux-la me faisaient toujours mettre à quatre pattes, me reniflaient, me léchaient, et faisaient leurs petites affaires en bramant, poussaient des cris de cerfs en rut, enfin ce genre de choses.” Ces derniers mots “ce genre de choses” créent un contraste entre l’horreur de ces actes et la banalité de l’expression, montrant que de telles choses sont monnaie courante dans notre société capitaliste.
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