Le Rouge et le noir de Stendhal, La lettre de Mme de Rênal aux jurés, livre II, chapitre 40

Le Rouge et le noir de Stendhal, La lettre de Mme de Rênal aux jurés, livre II, chapitre 40 De «Malgré toutes les promesses de prudence faites au directeur de sa conscience et à son mari» à «et vous n'aurez pas à vous reprocher le sang d'un innocent »

Mme de Rênal commence son argumentation en affirmant que la société n’a pas le droit d’arracher la vie à quelqu’un et surtout celle de Julien, “Non, sans doute, la société n'a point le droit d'arracher la vie, et surtout à un être tel que Julien Sorel” car il a des talents uniques : “quel est celui qui met en doute ses admirables talents et sa science profonde ?” Julien par ses démonstrations d’intelligence suscite la jalousie chez les personnes influentes : “Ce pauvre jeune homme a des ennemis puissants”. Madame de Rênal met en avance son côté maternel en disant qu’elle lui a confié ses deux enfants et qu’ils ont été très bien éduqué. Le métier même de précepteur est honorable et Julien a confirmé tout cela par sa piété et sagacité: “Durant près de dix-huit mois, nous l'avons tous connu pieux, sage, appliqué”. De plus elle mentionne les crises de nerfs dont Julien souffrait : “deux ou trois fois par an, il était saisi par des accès de mélancolie qui allaient jusqu'à l'égarement.” Par ses arguments madame de Rênal veut plaider la folie de Julien pour qu’il soit déclaré irresponsable de ses actes. Elle invoque des témoins qui pourront plaider pour la cause de Julien en corroborant ses propos: “Toute la ville de Verrières, tous nos voisins de Vergy où nous passons la belle saison, ma famille entière, M. le sous-préfet lui-même, rendront justice à sa piété exemplaire”. Madame de Rênal est prête à faire témoigner ses propres ses enfants pour essayer de sauver Julien : “Mes fils auront l'honneur de vous présenter cette lettre : ce sont des enfants. Daignez les interroger, monsieur, ils vous donneront sur ce pauvre jeune homme tous les détails qui seraient encore nécessaires pour vous convaincre de la barbarie qu'il y aurait à le condamner.” Son amour l’aveugle à tel point qu’elle minimise l’acte de Julien en disant que la blessure a été très légère : “La blessure, qui a été le résultat d'un de ces moments de folie que mes enfants eux-mêmes remarquaient chez leur précepteur, est tellement peu dangereuse, qu'après moins de deux mois elle m'a permis de venir en poste de Verrières à Besançon.” Elle est prête même à s’humilier devant le tribunal si sa démarche pouvait sauver Julien  : “Si j'apprends, monsieur, que vous hésitiez le moins du monde à soustraire à la barbarie des lois un être si peu coupable, je sortirai de mon lit où me retiennent uniquement les ordres de mon mari et j'irai me jeter à vos pieds.” Enfin Le personnage de Madame de Rênal veut culpabiliser les jurés en faisant planer sa propre mort et en lui imputant la mort d’un innocent : “N'en doutez point, l'affreuse idée qu'à cause de moi un innocent a été conduit à la mort empoisonnerait le reste de ma vie et sans doute l'abrégerait.” et “Déclarez, monsieur, que la préméditation n'est pas constante, et vous n'aurez pas à vous reprocher le sang d'un innocent”.

Madame de Rênal se donne toutes les peines pour aider Julien à s’en sortir, elle n’exclut aucune possibilité pour faire annuler la condamnation à mort de son amant. Elle veut même utiliser sa famille pour innocenter Julien. Stendhal, en fin théoricien de l’amour, joue avec ses personnages pour nous montrer jusqu’où l’amour peut nous mener.    

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