Le Rouge et le noir de Stendhal, La séparation, chapitre 19

Le Rouge et le noir de Stendhal, La séparation, chapitre 19 De «- Va-t'en, lui dit tout à coup Mme de Rênal, en ouvrant les yeux.» à « Elle promit, il partit, mais fut rappelé au bout de deux jours.»

I) Le dilemme

 

Les personnages de Madame de Rênal et de Julien se croient victimes de la colère de Dieu. Ils ne savent pas quoi faire pour l'apaiser. Madame de Rênal pleure jour et nuit à cause de son fils Stanislas qui est très malade. Surtout Madame de Rênal croit que sa relation avec Julien est un grand péché et que la maladie de son fils est la punition de Dieu pour son adultère. Or, Julien à ce moment-là ne veut pas la quitter: “Que deviendrai-je loin de toi, et avec la conscience que tu es malheureuse par moi! Mais qu'il ne soit pas question de mes souffrances. Je partirai, oui, mon amour.” Madame de Rênal est complètement impuissante face à l’amour qu’elle éprouve pour Julien, mais reste cependant rationnelle puisqu’elle sait qu’elle n’arrivera jamais à aimer Julien comme un frère: “Et moi, s'écria-t-elle en se levant et prenant la tête de Julien entre ses deux mains, et la tenant devant ses yeux à distance, et moi, t'aimerai-je comme un frère? Est-il en mon pouvoir de t'aimer comme un frère?” La proposition de Julien de faire évoluer leur amour passionnel vers un amour fraternel est naïve et immature.

 

II) La remise en cause involontaire du dilemme

 

Après que Julien a souhaité être malade à la place de Stanislas, Madame de Rênal se jetant dans ses bras s’imagine une autre réalité dans laquelle son amour excessif (elle l’aime plus que son propre fils)  pour Julien ne contrarierait pas Dieu: “Je te crois! je te crois! continua-t-elle, après s'être remise à genoux; ô mon unique ami! ô pourquoi n'es-tu pas le père de Stanislas? Alors ce ne serait pas un horrible péché de t'aimer mieux que ton fils.”

 

III) La stratégie argumentative de Julien  

 

Sans doute Julien a peur que Madame de Rênal afin de soulager sa souffrance raconte tout à son mari ce qui entraînerait et sa perte et celle de sa maîtresse. Il ne veut pas la laisser seule de peur qu’elle commette une erreur qui leur ferait du tort à tous les deux ainsi qu’à son mari : “Mais, si je te quitte, si je cesse de veiller sur toi, de me trouver sans cesse entre toi et ton mari, tu lui dis tout, tu te perds. Songe que c'est avec ignominie qu'il te chassera de sa maison;” Julien, qui ne voulait pas la quitter, propose une solution qui lui permettrait de rester près d’elle : “Veux-tu me permettre de rester, et que désormais je ne t'aime que comme un frère? C'est la seule expiation raisonnable, elle peut apaiser la colère du Très-Haut.”  Cependant les exagérations donnent l’impression que Julien met en scène sa propre souffrance, car il est avant tout pragmatique et veut préserver les apparences sociales : “Songe que je ne pourrai plus revenir si tu parles.”

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