Le Rouge et le noir de Stendhal, La scierie, Livre I, chapitre 4

Le Rouge et le noir de Stendhal, La scierie, Livre I, chapitre 4 De «En approchant de son usine, le père Sorel appela Julien de sa voix de stentor» à «c'était celui de tous qu'il affectionnait le plus, Le Mémorial de Sainte-Hélène.»

Dans "Le Rouge et le Noir" de Stendhal, le rapport entre Julien Sorel et son père est marqué par des tensions et des incompréhensions profondes, illustrant le conflit entre l’ambition intellectuelle et la rude réalité de la vie provinciale.

 

I. Une relation père-fils difficile et conflictuelle

 

Dès le début, la relation entre Julien et son père est présentée comme tendue. Le père Sorel, en appelant Julien de sa "voix de stentor", montre une attitude brutale et autoritaire. Cette approche est renforcée par l'absence de réponse de Julien, qui symbolise le fossé entre eux. Le père préfère ses fils aînés, des "géants" qui travaillent dur, tandis que Julien, avec sa "terrible voix", est perçu comme faible et inutile. Cette tension est exacerbée lorsque le père frappe Julien, le chassant "rudement devant lui". Julien, craignant les réprimandes et les coups, se sent menacé et impuissant face à la violence paternelle.

 

II. L’importance du livre dans ce passage

 

Le livre joue un rôle central dans ce passage, symbolisant le monde intellectuel auquel Julien aspire. Contrairement à ses frères, qui sont "tout occupés à suivre exactement la marque noire tracée sur la pièce de bois", Julien est absorbé par sa lecture. Cette différence est mal vue par le père Sorel, qui ne comprend pas l'intérêt de Julien pour les livres et le considère comme un signe de paresse. Le livre que Julien lit avec tant de passion, "Le Mémorial de Sainte-Hélène", reflète son admiration pour Napoléon et son désir de s'élever au-delà de sa condition sociale. La perte de ce livre, tombé dans un ruisseau, est vécue par Julien comme une tragédie personnelle, soulignant son attachement à cet univers évasif et éducatif.

 

III. Julien, un personnage romantique

 

Julien Sorel incarne le héros romantique typique, tourmenté et en quête d'idéaux. Sa "taille mince", sa "pâleur" et ses "larmes aux yeux" pour la perte de son livre dépeignent un jeune homme sensible, éloigné de la brutalité de son milieu familial. Il trouve refuge dans la lecture et l'admiration pour des figures historiques comme Napoléon, cherchant à transcender sa condition par l'éducation et la rêverie. Cette aspiration le place en marge de son environnement, accentuant son sentiment d'isolement et d'inadéquation avec la réalité qui l'entoure.

 

En résumé, Stendhal utilise la dynamique conflictuelle entre Julien et son père pour mettre en lumière les aspirations intellectuelles et les rêves du jeune protagoniste, ainsi que sa lutte pour s'affirmer dans un monde qui ne comprend ni n'apprécie ses qualités uniques.

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