Commentaire composé sur Bel-Ami de Maupassant Chapitre 1, partie II, Madeleine chez les parents de Georges

Commentaire composé sur Bel-Ami de Maupassant Chapitre 1, partie II, Madeleine chez les parents de Georges

Introduction

 

Le passage choisi, tiré du roman "Bel-Ami" de Guy de Maupassant, illustre une scène de vie paysanne contrastant fortement avec l'existence citadine des personnages principaux. Cette scène se déroule lors d'une visite de Madeleine et Georges Duroy chez les parents de ce dernier à la campagne. L'extrait met en lumière les différences culturelles et sociales entre la vie rurale et urbaine, ainsi que les tensions et les déceptions qui en découlent au sein du couple Duroy.

 

I) Une scène de vie paysanne

 

1) La qualité de vie est très différente de la ville

 

La description du repas chez les parents de Duroy est révélatrice de la simplicité et du manque de raffinement de la vie paysanne, perçus comme tels par Madeleine. L'expression "long déjeuner de paysans" souligne la durée et la rusticité de l'expérience, étrangère à l'habitude des repas citadins. Les "plats mal assortis" reflètent un manque de finesse culinaire, renforçant l'idée d'une certaine grossièreté dans les habitudes alimentaires rurales. L'énumération croisée des plats, telle que "andouille après un gigot" et "omelette après l'andouille", illustre le désordre et le manque de structure du repas, contrastant avec l'ordonnancement des mets dans les dîners parisiens. La répétition du mot "andouille" peut être interprétée comme un effet comique, soulignant l'écart entre les attentes de Madeleine et la réalité du repas. Les boissons, décrites comme "jaune et aigre" et "limonade gazeuse", sont loin des vins fins et champagnes de Paris, renforçant l'impression d'une expérience culinaire décevante pour Madeleine. La mention de la "carafe" ajoute au côté rustique et peu raffiné du service.

 

2) Le couple de paysans très grossier

 

Le comportement du père Duroy, "criant en tapant du poing la cloison", est un exemple de la grossièreté et de la rusticité attribuées aux personnages paysans. Son interpellation "allons, allons" manque de la distinction attendue dans les cercles bourgeois. L'influence du cidre sur le père Duroy, le rendant "en joie", suggère une propension à l'ivresse et à un comportement inapproprié en société. Les "histoires grivoises et malpropres" racontées par le père, en présence de sa belle-fille, sont un manquement aux normes de bienséance et de respect. L'origine douteuse de ces histoires, "arrivées à ses amis", soulève des questions sur leur véracité et la fiabilité du narrateur. Cette scène contraste fortement avec le reste du roman, où Madeleine accorde une grande importance à la véracité et à la fiabilité des sources.

 

II) Une opposition franche et irrémédiable entre les deux sociétés

 

1) Le jugement de la mère Duroy

 

La mère Duroy est décrite comme une figure typique de la classe paysanne, avec ses "doigts usés par les besognes", symbolisant la dureté de la vie rurale et le labeur constant. La vision de Madeleine à travers les yeux de la mère Duroy est empreinte d'une "haine éveillée", reflétant un conflit de classe et de valeurs. Le recours au vocabulaire religieux par Maupassant pour décrire Madeleine, la présentant comme une "maudite", "réprouvée" et "être impur", accentue l'opposition entre les valeurs rurales traditionnelles et le mode de vie urbain moderne, incarné par Madeleine.

 

2) Duroy trahi par son comportement

 

Le discours direct utilisé au début de l'extrait confère un caractère vivant et authentique à la scène. La remarque de Duroy, "je suis content de revoir les vieux", révèle un lien émotionnel avec son passé et sa famille, malgré son aspiration à une vie différente. L'expression "quand on se retrouve" suggère non seulement les retrouvailles avec sa famille, mais aussi un retour à ses propres racines et à son identité originelle. Les "souvenirs retrouvés" émeuvent Duroy, révélant un aspect de sa personnalité moins calculateur et plus sincère.

 

3) La déception de Madeleine

 

Madeleine, qui "ne mangeait guère, ne parlait guère, demeurait triste", est profondément déçue par cette expérience, qui symbolise également son désenchantement vis-à-vis de son mariage. Elle réalise que Duroy, malgré ses ambitions, reste ancré dans un milieu et des valeurs en contradiction avec ses aspirations. Son "sourire morne, résigné" annonce une rupture imminente dans leur relation, la résignation étant souvent un prélude à la séparation. La conclusion, "elle était déçue, navrée", souligne sa prise de conscience que Duroy pourrait ne lui apporter que du malheur.

 

Conclusion

 

Ce passage marque un tournant dans "Bel-Ami", révélant les tensions et les contradictions au cœur du mariage de Madeleine et Georges Duroy. Les différences irréconciliables entre leurs mondes respectifs, illustrées par cette visite à la campagne, mettent en lumière l'incompatibilité fondamentale de leurs aspirations et de leurs origines. Cette scène rappelle "Madame Bovary" de Flaubert, où Emma Bovary est également déçue par son mariage et par l'écart entre ses rêves et la réalité.

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