Commentaire composé sur la fable de La Fontaine Le Coche et la mouche

Commentaire composé sur la fable de La Fontaine Le Coche et la mouche

I) La vivacité de la fable

a) Les étapes du récit

 

Tout d’abord, le récit parle d’un coche tiré par des chevaux qui  semblent fatigués à cause de la route : “Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé, Et de tous les côtés au Soleil exposé, Six forts chevaux tiraient un Coche.” Ils s’arrêtent et à cet instant arrive une mouche qui pense que les chevaux et leur coche sont en détresse : “L'attelage suait, soufflait, était rendu. Une Mouche survient, et des chevaux s'approche ; Prétend les animer par son bourdonnement.” Elle se permet alors de venir les voir en pensant les aider : “Pique l'un, pique l'autre, et pense à tout moment Qu'elle fait aller la machine, S'assied sur le timon, sur le nez du Cocher.” La mouche pense être providentielle au bon fonctionnement du coche : “Elle s'en attribue uniquement la gloire”. Plus le récit avance plus elle se consacre aux chevaux et au coche et en vient même à se plaindre car les chevaux et le coche ne semblent pas remarquer sa présence : “La Mouche en ce commun besoin Se plaint qu'elle agit seule, et qu'elle a tout le soin ; Qu'aucun n'aide aux chevaux à se tirer d'affaire.” A la fin du trajet, la mouche se glorifie pensant avoir fait un dur travail mais la morale du fabuliste vient rompre sa gloire : “ Ainsi certaines gens, faisant les empressés,

S'introduisent dans les affaires : Ils font partout les nécessaires, Et, partout importuns, devraient être chassés.” Au final le coche et les chevaux n’avaient rien demandé et la mouche est venue les embêter pensant qu’ils avaient besoin d’elle et s’est attribué tous les mérites sans se remettre en question.

 

b) Le rythme

 

Le récit se déroule de manière assez rapide, notamment avec les mouvements de la mouche : “Pique l'un, pique l'autre, et pense à tout moment Qu'elle fait aller la machine, S'assied sur le timon, sur le nez du Cocher  Aussitôt que le char chemine.” Les actions de la mouche se succèdent rapidement et ne laissent pas le temps au lecteur de respirer. De plus le nom “l’empressée” qu’attribue le fabuliste à la mouche renforce l’idée de rapidité. La mouche donne l’impression de voler dans tous les sens sans jamais s’arrêter. “Il prenait bien son temps ! une femme chantait ;C'était bien de chansons qu'alors il s'agissait !”  Elle considère le périple comme une guerre ce qui renforce l’idée de vitesse : “Un Sergent de bataille allant en chaque endroit

Faire avancer ses gens, et hâter la victoire.” A la fin du périple la mouche s’accorde une pause : Après bien du travail le Coche arrive au haut. Respirons maintenant, dit la Mouche aussitôt” l’ordre de respirer ne peut s’attribuer qu’aux chevaux et au coche mais aussi au lecteur, qui va enfin pouvoir respirer car le récit touche à sa fin. 

De plus, les vers sont de différentes longueurs, et peuvent faire penser à un vallonnement du récit mais aussi de la route que les chevaux et le coche empruntent. Le rythme du récit est alors rapide et tout s’enchaîne successivement.

 

II) Le comique de situation 

a) Les difficultés du coche

 

Suite à la route abrupte par laquelle passent le coche et ses chevaux : “Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé” Ils rencontrent certaines difficultés : “L'attelage suait, soufflait, était rendu.” Ils semblent épuisés de la dureté du chemin emprunté et attirent les personnes aux alentours : “Femmes, Moine, vieillards, tout était descendu.” L’utilisation de “tout” renforce le comique car le narrateur ne donne même plus d’identité humaine afin de faire de ses personnages des stéréotypes.

 

b) Les propos de la mouche (au discours indirect libre) révèlent son caractère

 

Le lecteur accède aux pensées de la mouche grâce au direct indirect libre : “Prétend les animer par son bourdonnement ;Pique l'un, pique l'autre, et pense à tout moment Qu'elle fait aller la machine,S'assied sur le timon, sur le nez du Cocher.” La mouche qui veut apporter son aide suite aux difficultés apparentes du coche rend la situation ridicule en parvenant même à s’asseoir sur le nez du cocher, ce qui ne fait en aucun avancer le coche avec plus de facilité. La mouche s’imagine sur un champ de bataille en comparant même le coche à un char : “ Aussitôt que le char chemine, Et qu'elle voit les gens marcher, Elle s'en attribue uniquement la gloire” alors qu’elle ne fait que embêter les chevaux elle rend la situation héroïque et s’attribue la gloire : “La Mouche en ce commun besoin Se plaint qu'elle agit seule, et qu'elle a tout le soin Qu'aucun n'aide aux chevaux à se tirer d'affaire.” Elle accuse même les chevaux de ne pas être assez coopératifs alors qu’ils n’ont absolument rien demandé et n’ont même pas remarqué sa présence. La mouche est orgueilleuse et pense être à elle seule la cause pour laquelle le coche avance: “Après bien du travail le Coche arrive au haut. Respirons maintenant, dit la Mouche aussitôt : J'ai tant fait que nos gens sont enfin dans la plaine. Ça, Messieurs les Chevaux, payez-moi de ma peine.” La mouche se glorifie alors qu’au final elle n’a fait que déranger les chevaux et le coche en voletant dans tous les sens.

 

III) La voix du fabuliste

a) L’ironie

 

Le fabuliste décrit la scène avec une certaine ironie et exagère les faits : “L'attelage suait, soufflait, était rendu.” Du point de vue de la mouche, le coche et ses chevaux semblent frôler la mort suite à la rudesse de la route. Le fabuliste se moque de la mouche : “Prétend les animer par son bourdonnement ; Pique l'un, pique l'autre, et pense à tout moment Qu'elle fait aller la machine” L’orgueil surdimensionné de la mouche la rend ridicule et chacune de ses actions sont futiles pourtant elle s’acharne et persiste de croire que c’est elle qui réussit à diriger le coche et ses chevaux. : “Va, vient, fait l'empressée ; il semble que ce soit Un Sergent de bataille allant en chaque endroit Faire avancer ses gens, et hâter la victoire.” Le surnom qu’attribue le fabuliste à la mouche la décrédibilise d’autant plus, et la comparaison du périple du coche à un champ de bataille rend amplifie les faits qui sont totalement insignifiants et communs. : “Après bien du travail le Coche arrive au haut. Respirons maintenant, dit la Mouche aussitôt : J'ai tant fait que nos gens sont enfin dans la plaine. Ça, Messieurs les Chevaux, payez-moi de ma peine.” La mouche rend les événements glorieux alors qu’en fait elle ne fait strictement rien de glorifiant et ne fait que perturber la route des chevaux et du coche.

 

b) La morale

 

La morale est détachée du récit et explicite. Elle révèle clairement la pensée du fabuliste, cela le place en position de moralisateur car il juge le comportement orgueilleux de la mouche : “Ainsi certaines gens, faisant les empressés, S'introduisent dans les affaires” qui s’est immiscée dans les affaires du coche sans que personne ne le lui demande et est venue ajouter son grain de sel : “ Ils font partout les nécessaires, Et, partout importuns, devraient être chassés.” alors qu’au final elle aurait mieux fait de laisser le coche tranquille car elle ne faisait que embêter les chevaux et leur coche qui auraient pu s’emballer et causer un accident. Cela dénonce ainsi les personnes qui se mêlent des affaires des autres sans que pourtant elles y soient conviées, alors qu’elles feraient mieux de partir, et qui se permettent d’agir au risque de déranger les autres.

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