Commentaire composé sur la fable de La Fontaine La mort et le mourant

Commentaire composé sur la fable de La Fontaine La mort et le mourant

Image par Milos Duskic de Pixabay
Image par Milos Duskic de Pixabay

I. Le prologue : La mort et la vie

Le prologue : c’est une voix off qui adopte l’universalité.

Il y a une allégorie de la mort et du sage. Le prologue est en forme de danse macabre.

Par le « on » on se rapproche des interlocuteurs.

Le « vous » est faux puisqu’on est encore dans un principe d’universalité, il est nié parce qu’il s’inscrit dans une concession.

Le prologue fait le lien entre une culture extérieure au lecteur et une histoire qui lui sera montrée.

Le problème est présenté comme une question de temps : Un jour le monde entier accroîtra sa richesse.

Les accumulations et les répétitions, les adjectifs et pronoms indéfinis (ravit tout, rien de moins ignoré) montrent le poids du temps.

Et puisqu’il faut que je le die est le seul vers sans rime, il annonce la fable.

 

II. La fable : La dureté de la condition humaine

 

Il y a une prosopopée de la mort.

Beaucoup d’assonances.

On a des alternances métriques 8/10/12 qui agissent sur le lecteur.

Le mourant n’a que des préoccupations matérielles : «Sans qu’il eût fait son testament, / Il me reste à pourvoir un arrière-neveu préoccupations pour les autres ; Souffrez qu’à mon logis j’ajoute encore une aile», préoccupation pour lui-même, inutile puisqu’il doit mourir.

Mais on entend l’humour du narrateur qui nous fait comprendre qu’il n’est pas du côté du mourant : «Tu regrettes des biens qui ne te touchent plus. / Il n’importe à la République / que tu fasses ton testament.» (Attention ici république signifie la chose publique (res publica) les gens, car on est sous Louis XIV).

L’humour montre comment il faut lire la fable : avec un œil critique.

«Quand tout faillit en toi. Plus de goût, plus d’ouïe. Ce qui « faillit » c’est ce qui manque et ce qui trompe au 17ème siècle.

Le vieillard faillit parce qu’il n’a pas eu l’authenticité de ce voir tel qu’il est.

Les ruptures métriques cassent la majesté de l’alexandrin, le discours est heurté le vieillard se débat.

Le discours de la mort est sans concession : elle nie son intérêt pour l’humanité.

La fin est extrêmement dure.

On a des effets d’allongement avec les allitérations : 

Ou «morts», ou «mourants», ou «malades» 3 fois la consonne [M] dans 8 syllabes. 

«Allons», «vieillard» et «sans» réplique 3 fois la consonne [L] dans 8 syllabes.

 

III. L’épilogue : Un fabuliste mieux qu’un philosophe

 

La mort est présentée comme une force morale, c’est l’entité qui permet de juger une vie et s’inscrit dans une tradition religieuse, mythique et littéraire : La mort avait raison.

La Fontaine reprend ici les idées de Lucrèce qui réduit la mort à un jeu de particules dans la philosophie épicurienne la mort c’est l’absence de sensations, il n’y a donc rien à redouter : «Je voudrais qu’à cet âge / on sortît de la vie ainsi que d’un banquet». L’emploi du subjonctif imparfait montre que ce n’est pas l’attitude de ce vieillard, ni des autres en général.

C’est pour La Fontaine une faute morale de la part du vieillard de refuser sa mort car il lui montre qu’il y a des morts plus scandaleuses : «Vois ces jeunes mourir, /  vois-les marcher, vois-les courir / à des morts il est vrai, glorieuses et belles, / mais sûres cependant, et quelquefois cruelles» : la guerre.

«J’ai beau te le crier» montre l’impuissance de la littérature.

«Mon zèle est indiscret» = mon zèle manque de discernement sur la foi en la nature humaine.

La concession entache l’enthousiasme.

Le moraliste accuse, le fabuliste console.

Écrire commentaire

Commentaires: 0