Commentaire composé sur la fable de La Fontaine La mort et le bûcheron
I . Le portrait du bûcheron
1. Portrait physique
Le narrateur réduit le bûcheron au simple rang de porteur au point de disparaître en dessous de son fardeau : “tout couvert de ramée”.
Le bûcheron nous apparaît encore plus pitoyable par son âge avancé, il est donc très vieux et toutes ces années de travail lui ont certainement déformé le dos : “aussi bien que des ans”; “courbé”.
L’enjambement “Sous le faix du fagot aussi bien que des ans Gémissant et courbé marchait à pas pesants” mime la lenteur des pas du paysan par l’allongement de la phrase sur le deuxième vers .
Le bûcheron doit faire un effort pour continuer son chemin afin d’essayer de marcher jusqu’à chez lui : “tâchait de gagner”. Cela montre une gradation dans la difficulté physique du personnage.
L’habitation du paysan reflète sa pauvreté extrême puisque sa maison est encore plus petite qu’une chaumière avec le suffixe diminutif : “chaumine”.
Le paysan est à bout de souffrance, on comprend qu’il décide d’abandonner : “n'en pouvant plus d'effort et de douleur ; Il met bas son fagot”.
2. Portrait moral
Le bûcheron déplore sa situation au point de pleurer en travaillant : “Gémissant”. La vie du bûcheron n’a été que souffrance : “Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au monde ?”
La situation du bûcheron est si lamentable qu’il pense être l’homme le plus malheureux du monde : “En est-il un plus pauvre en la machine ronde ?” mais avec les questions rhétoriques on voit qu’il n’a pas de solution pour améliorer son sort.
Les premiers motifs de plainte du paysan concernent sa famille (“Sa femme, ses enfants” ) qui devrait au contraire le motiver à continuer.
II. Une réflexion sur la condition humaine
1. Une condition misérable
Le narrateur donne d’entrée son point vue en qualifiant le bûcheron de pauvre par sa situation financière et morale lui donnant ainsi un aspect misérable : “Un pauvre Bûcheron”.
La Fontaine utilise le portrait lamentable du bûcheron pour engager une réflexion sur le tragique de la condition humaine : “aussi bien que des ans”; “courbé”.
Le verbe “Gémissant” suscite la compassion du lecteur qui a pitié de cet être réduit au désespoir.
La césure à l’hémistiche “Il met bas son fagot, il songe à son malheur” montre que la difficulté physique est égale à la difficulté morale.
La question rhétorique “Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au monde ?” pousse le lecteur à s’interroger sur la condition humaine.
La deuxième question rhétorique “En est-il un plus pauvre en la machine ronde ?” introduit l’idée d’un système social qui broie les pauvres.
La Fontaine utilise un effet de miroir entre quelquefois et jamais pour souligner la privation : “Point de pain quelquefois, et jamais de repos”.
“Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts, Le créancier, et la corvée” : Cette accumulation montre que sa famille autant que la société le pousse au suicide.
L'enjambement sert à allonger la phrase sur trois vers, cet allongement de la phrase symbolise insurmontable qui pèse sur les épaules du bûcheron : “Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts, Le créancier, et la corvée Lui font d'un malheureux la peinture achevée”.
L’hétérométrie symbolise la durée de la vie du paysan qui rétrécit au fur et à mesure de la fable.
La césure de l’hémistiche “Il appelle la mort, elle vient sans tarder” fait un parallèle avec la réalité d’un suicide. L’emploi de l’alexandrin souligne la solennité de la mort qui de plus est personnifiée : “Lui demande ce qu'il faut faire”.
La vie est courte en plus d’être misérable : “tu ne tarderas guère.”
Les allitérations en [r] soulignent la difficulté de la vie «A recharger ce bois ; tu ne tarderas guère. Le trépas vient tout guérir».
2. La lâcheté
Le narrateur annonce la fin de son histoire : “Enfin”, en suggérant que le bûcheron ne peut pas supporter d’avantage son fardeau.
Le bûcheron manifeste un premier signe de lâcheté, “C'est, dit-il, afin de m'aider A recharger ce bois” il voulait se suicider mais le fait de voir la mort lui fait changer d’avis et se ravise. Le discours direct renforce la personnification de la mort et rend le récit plus vivant.
Le bucheron réalise comme tout le monde qu’il préfère sa vie malheureuse plutôt que la mort : “tu ne tarderas guère.”.
Cette fable a une structure classique, la morale est placée à la fin sur les quatre derniers vers. Cette morale critique lâcheté des hommes qui même dans un désespoir total, refusent de mettre fin à leur souffrance par le suicide : “Le trépas vient tout guérir ; Mais ne bougeons d'où nous sommes. Plutôt souffrir que mourir, C'est la devise des hommes.”
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