Lecture analytique sur Octave Mirbeau, Paysages d’automne

Lecture analytique sur Octave Mirbeau, Paysages d’automne

Texte

La forêt flamboie. Sur leur rose tapis de feuilles tombées, les allées étouffent le bruit des pas, et les clairières, dans les taillis qui se dépouillent, s’élargissent, éclaboussées de lumières jaunes comme l’or, rouges comme le sang. Les rôdeuses de la forêt, aux yeux de hibou, aux yeux de hibou, les vieilles bûcheronnes de bois mort passent, disparaissant sous l’énorme bourrée qui semble marcher toute seule. Malgré les splendeurs éclatantes de sa parure automnale, le bois darde sur vous un regard de meurtrier qui fait frissonner. Les cépées que la serpe entaille ont des plaintes humaines, la hache arrache des sanglots d’enfant aux jeunes baliveaux des châtaigniers, et l’on entend, dans les sapaies, le vent enfler leurs orgues funèbres qui chantent le Miserere. Accroupis autour des brasiers qui fument, on dirait que les charbonniers président à quelque œuvre épouvantable et mystérieuse ; on se détourne, en se signant, du sabotier qui, farouche, sous son abri de branchages et d’écorces, évoque les terreurs des anciens bandits.

Où donc va-t-il, ce braconnier qui se glisse comme un fauve dans les broussailles à travers lesquelles reluit le canon d’un fusil ? Quand la nuit sera venue, quand la lune balaiera de ses rayons le tronc des grands chênes que le soleil empourpre maintenant, deux coups de feu retentiront dans le silence, le silence plein de carnages et d’agonies de la forêt. Est-ce un chevreuil qui sera tué, ou bien est-ce un garde qui se tordra sur la bruyère pourprée, des chevrotines au flanc ?

Analyse

Après ma première lecture, l’image d’une forêt qui est à la fois belle et inquiétante me reste à l'esprit. Ce paysage produit l’impression d’une forêt effrayante.

Le début du texte fait appel à la vue pour évoquer le paysage avec “La forêt” flamboie” et “Sur leur rose tapis de feuilles tombées”, et aussi à l'ouïe avec "les allées étouffent le bruit”.

Les vieilles bûcheronnes peuvent faire penser à des sorcières puisqu’elles ont des “yeux de hibou”, des “doigts de harpie”.

La nature est personnifiée puisqu’elle est chargée d’une intention malveillante : “le bois darde sur vous un regard de meurtrier qui fait frissonner”.

Les personnages pittoresques sont les vieilles bûcheronnes, les charbonniers, et le braconnier. Selon moi, le personnage qui me paraît le plus inquiétant est le braconnier car il est comparé à un fauve : “ce braconnier qui se glisse comme un fauve”, il y a une mise en scène de la situation dans laquelle le soleil brille sur son canon de fusil. De plus, la phrase interrogative questionne le lecteur sur ce que va faire le braconnier et rend le personnage encore plus mystérieux et inquiétant.

L’emploi du pronom “il” dans cette phrase est une figure d’insistance puisque le narrateur insiste sur le braconnier en employant le pronom “il” puis le GN “ce braconnier”.

La fonction des deux interrogatives du second paraphe est d’attirer l’attention du lecteur et susciter sa curiosité. 

L’image sanglante qui termine le texte a été préparée par le champ lexical du sang et de la couleur rouge qui s’intensifie au fil du texte, puisqu’il y a une reprise du verbe : “empourpre” a la fin du texte : “pourprée”.

Dans son tableau Millet veut représenter la misère des bûcheronnes, on les voit courbées par le poids des fagots, on observe aussi que les fagots sont plus grands que les bûcheronnes. Mirbeau, lui aussi tente de représenter la misère des bûcheronnes mais d'une différente manière. Il décrit les bûcheronnes comme des êtres presque surnaturels par leur capacité à vivre dans cette misère.


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