Commentaire composé sur Victor Hugo, Les enfants pauvres
I) La figure de l’enfant
a) L'innocence et la vulnérabilité
Victor Hugo utilise une périphrase au vers, pour désigner les enfants d’une manière pathétique en soulignant leur fragilité : “Prenez garde à ce petit être”, “êtres frêles”.
L'enfant est désigné de manière positive puisqu’il est comparé à un ange : “L'homme tient l'ange en sa puissance.”, “Il nous envoie avec des ailes”. L'enfant est un être vulnérable, car il ne peut pas sortir seul de sa misère: “La misère de l'innocence”.
b) Un être protégé de Dieu
L’enfant est un être divin (“Il est bien grand, il contient Dieu”) et donc élu de Dieu qui les a choisis pour nous en faire don : “Les enfants sont, avant de naître, Des lumières dans le ciel bleu. Dieu nous les offre en sa largesse ; Ils viennent ; Dieu nous en fait don”. Ils sont à son image : “Dans leur rire il met sa sagesse Et dans leur baiser son pardon”. C’est pourquoi Dieu souffre de les voir maltraités par les hommes qui devraient au contraire en prendre le plus grand soin : “S'ils ont faim, le paradis pleure. Et le ciel tremble, s'ils ont froid.” La colère divine s’abat donc sur les hommes : “Oh ! quel tonnerre au fond des cieux, Quand Dieu [...] Les retrouve avec des haillons !”
Derrière la grande foi de Victor Hugo on retrouve l’homme politique qui combat la misère. Il rend l’homme responsable de l’esclavage des enfants.
II) L'homme responsable de la misère
a) Une structure antithétique
D'abord l'homme est dénigré, il rendu responsable de la misère des enfants. Victor Hugo s'appuie sur une structure antithétique pour d'un côté montrer les vices de l’homme et d'un autre côté mettre en avant les qualités des enfants : “L'homme tient l'ange en sa puissance”, “la misère de L'innocence”.
b) Un être vicieux
Victor Hugo désigne négativement et explicitement l'homme au vers 14: “L'homme vicieux”, qu'il “accuse” de ne pas respecter les enfants. De plus Victor Hugo utilise un procédé de généralisation en utilisant l'article indéfini “l’” il ne vise pas une personne en particulier mais bien tous les Hommes. On peut également remarquer un enjambement qui permet dans la même phrase, d'associer la misère de l'enfant à la responsabilité de l'homme : “La misère de l'innocence ;Accuse l'homme vicieux.”
III) La visée dénonciatrice
a) L'interpellation du lecteur
Pour dénoncer, Victor Hugo interpelle le lecteur, notamment au vers 1: “Prenez garde”, ce vers sonne comme un avertissement. De plus en utilisant le pronom personnel “nous”, il associe dès le vers 5 le lecteur à tous les hommes qu’il condamne parce qu’ils n’agissent pas pour protéger les enfants. Nous pouvons remarquer un rythme rapide avec des césures à l'hémistiche qui donnent un effet d'insistance : “Il est bien grand, il contient Dieu”, “Les enfants sont, avant de naître”.
b) L'engagement du poète
L’expression “couper les ailes” signifie que les enfants pauvres n’auront pas la vie qu’ils veulent et qu’ils méritent (“Il nous envoie avec des ailes,
Les retrouve avec des haillons !”), car la misère leur interdit l’accès à l’éducation qui est la clé pour sortir de la pauvreté, donc c’est un cercle vicieux que Hugo nous invite à briser au nom de la justice sociale et de la justice divine (“le bonheur est leur droit”).
Conclusion:
Ce poème de Victor Hugo se veut dénonciateur à la fois dans son contenu, dans sa forme et dans son rythme. Ici le langage poétique est encore une fois mis au service de l'esthétique mais aussi du message à transmettre par le poète. Ce poème est construit sur une gradation qui met en parallèle la dénonciation du poète et la colère divine. Ce poème contient toutes les caractéristiques du poème romantique puisqu’il fait appel aux émotions du lecteur pour les persuader d’adhérer à sa cause.
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