Commentaire composé sur Victor Hugo, Ultima verba, Les Châtiments - Livre septième

Texte
XVII - Ultima verba
Du vers 36 à la fin
Mes nobles compagnons, je garde votre culte
Bannis, la république est là qui nous unit.
J'attacherai la gloire à tout ce qu'on insulte
Je jetterai l'opprobre à tout ce qu'on bénit !
Je serai, sous le sac de cendre qui me couvre,
La voix qui dit : malheur ! la bouche qui dit : non !
Tandis que tes valets te montreront ton Louvre,
Moi, je te montrerai, césar, ton cabanon.
Devant les trahisons et les têtes courbées,
Je croiserai les bras, indigné, mais serein.
Sombre fidélité pour les choses tombées,
Sois ma force et ma joie et mon pilier d'airain !
Oui, tant qu'il sera là, qu'on cède ou qu'on persiste,
Ô France ! France aimée et qu'on pleure toujours,
Je ne reverrai pas ta terre douce et triste,
Tombeau de mes aïeux et nid de mes amours !
Je ne reverrai pas ta rive qui nous tente,
France ! hors le devoir, hélas ! j'oublîrai tout.
Parmi les éprouvés je planterai ma tente.
Je resterai proscrit, voulant rester debout.
J'accepte l'âpre exil, n'eût-il ni fin ni terme,
Sans chercher à savoir et sans considérer
Si quelqu'un a plié qu'on aurait cru plus ferme,
Et si plusieurs s'en vont qui devraient demeurer.
Si l'on n'est plus que mille, eh bien, j'en suis ! Si même
Ils ne sont plus que cent, je brave encor Sylla ;
S'il en demeure dix, je serai le dixième ;
Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là !
Victor Hugo
Les Châtiments - Livre septième
Commentaire composé
Quelle personnalité de Victor Hugo ressort clairement de ce poème ?
I) La souffrance de l’exil
Tout d'abord, le poème est fait d'alexandrins ce qui montre l'importance du sujet.
Le poète se montre très impliqué en utilisant la tournure d’insistance : “Moi, je”.
Il est nostalgique à l'idée de voir la France qui est tombée aux mains de Napoléon III : “Ô France ! France aimée et qu'on pleure toujours, Je ne reverrai pas ta terre douce et triste,Tombeau de mes aïeux et nid de mes amours !” Ce poème a donc une forte tonalité élégiaque puisqu'il regrette son passé et la grandeur de la France.
Ce poème a un registre pathétique, Victor Hugo souffre de son éloignement par rapport à la France : “J'accepte l'âpre exil” . Il personnifie la France en s’adressant directement à elle : “ France ! hors le devoir, hélas ! j'oublîrai tout. Parmi les éprouvés je planterai ma tente.”
II) Un combat verbal
Victor Hugo fait preuve de patriotisme. Il essaye de réunir le plus de monde pour se révolter contre Napoléon III, il le menace même : “Je jetterai l'opprobre à tout ce qu'on bénit !”. Il parle également à son nom pour exprimer son mécontentement de manière très ferme: “La voix qui dit : malheur ! la bouche qui dit : non !”. Il dénigre Napoléon III en voulant supprimer son pouvoir symbolisé par le Louvre et le remettre à sa place : “Tandis que tes valets te montreront ton Louvre, Moi, je te montrerai, césar, ton cabanon”. Il condamne le coup d'état de Napoléon III et décrit son régime comme une dictature : “Devant les trahisons et les têtes courbées”. Il appelle également à la résistance pour ne pas être seul à combattre ce tyran: “Sois ma force et ma joie et mon pilier d'airain !” (référence biblique à l’ancien testament). Il condamne également le manque de courage des hommes politiques : “Si quelqu'un a plié qu'on aurait cru plus ferme, Et si plusieurs s'en vont qui devraient demeurer.”
Pour finir, dans ce poème la ponctuation expressive souligne l’engagement personnel de Victor Hugo. Dans le combat politique, l'important ce n'est pas d'être le premier mais de persévérer jusqu'à être le dernier résistant :”Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là !”
Ainsi nous avons vu que Victor Hugo est patriote. Il est également très combatif et croit à la puissance de la parole pour résoudre les conflits.
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