Analyse de César Birotteau de Balzac, l'huile césarienne

Analyse de César Birotteau de Balzac, l'huile césarienne

Photo by Jessica Weiller on Unsplash
Photo by Jessica Weiller on Unsplash

Texte

 J’attendais l’heure de parler à Gaudissart et je flânais…

 Comme moi jadiss’écria Birotteau.

 En descendant la rue Aubry-le-Boucher j’aperçois chez un verrier en grosun marchand de verres bombés et de cagesqui a des magasins immensesj’aperçois ce flacon… Ah ! il m’a crevé les yeux comme une lumière subiteune voix m’a crié : Voilà ton affaire !

  commerçant ! Il aura ma filledit César en grommelant.

 J’entreet je vois des milliers de ces flacons dans des caisses.

 Tu t’en informes ?

 Vous ne me croyez pas si gniolles’écria douloureusement Anselme.

  commerçantrépéta Birotteau.

 Je demande des cages à mettre des petits Jésus de cireTout en marchandant les cagesje blâme la forme de ces flaconsConduit à une confession généralemon marchand avoue de fil en aiguille que Faille et Bouchotqui ont manqué dernièrementallaient entreprendre un cosmétique et voulaient des flacons de forme étrange ; il se méfiait d’euxil exige moitié comptant ; Faille et Bouchot dans l’espoir de réussir lâchent l’argentla faillite éclate pendant la fabrication ; les syndicssommés de payervenaient de transiger avec lui en laissant les flacons et l’argent touchécomme indemnité d’une fabrication prétendue ridicule et sans placement possibleLes flacons coûtent huit sousil serait heureux de les donner à quatreDieu sait combien de temps il aurait en magasin une forme qui n’est pas de vente

 Voulez-vous vous engager à en fournir par dix mille à quatre sous ? je puis vous débarrasser de vos flaconsje suis commis chez monsieur BirotteauEt je l’entameet je le mèneet je domine mon hommeet je le chauffeet il est à nous.

 Quatre sousdit BirotteauSais-tu que nous pouvons mettre l’huile à trois francs et gagner trente sous en en laissant vingt à nos détaillants ?

 L’huile Césariennecria Popinot.

 L’huile Césarienne ? ah ! monsieur l’amoureuxvous voulez flatter lepère et la filleEh ! bien soitva pour l’huile Césarienne ! les Césars avaient le monde, ils devaient avoir de fameux cheveux.

 César était chauvedit Popinot.

 Parce qu’il ne s’est pas servi de notre huileon le dira ! trois francs l’huile Césariennel’huile de Macassar coûte le doubleGaudissart est nous aurons cent mille francs dans l’annéecar nous imposons toutes les têtes qui se respectent de douze flacons par andix-huit francs ! Soit dix-huit mille têtes ? cent quatre-vingt mille francsNous sommes millionnaires.

Analyse

Anselme Popinot apparaît ici comme un personnage malin, un fin négociateur qui parvient à ses fins en prêchant le faux pour savoir le vrai. C'est un personnage instruit ("César était chauve") qui semble promis à un bel avenir dans le commerce. César Birotteau est obnubilé par le profit ("Nous sommes millionnaires") mais son manque de finesse ne laisse rien présager de bon.

Les tournures familières et les termes techniques rendent ce dialogue réaliste.

La phrase "Et je l’entame, et je le mène, et je domine mon homme, et je le chauffe, et il est à nous." montre la vivacité d'esprit et la confiance en soi de Popinot qui manipule le marchand de flacons avec beaucoup d'aisance. La scène est très vivante grâce aux verbes de parole et au discours direct. De plus, l'humour renforce le côté théâtral de ce passage. 


Écrire commentaire

Commentaires: 0