Commentaire composé sur Nicolas Boileau, Satires, VIII

Commentaire composé sur Nicolas Boileau, Satires, VIII

Texte

Nicolas Boileau, Satires, VIII, 1668

De tous les animaux qui s’élèvent dans l’air,

Qui marchent sur la terre, ou nagent dans la mer,

De Paris au Pérou, du Japon jusqu’à Rome,

Le plus sot animal, à mon avis, c’est l’homme.

 

Quoi ! dira-t-on d’abord, un ver, une fourmi,

Un insecte rampant qui ne vit qu’à demi,

Un taureau qui rumine, une chèvre qui broute,

Ont l’esprit mieux tourné que n’a l’homme ? Oui, sans doute.

Ce discours te surprend, docteur, je l’aperçoi.

L’homme de la nature est le chef et le roi :

Bois, prés, champs, animaux, tout est pour son usage,

Et lui seul a, dis-tu, la raison en partage.

Il est vrai de tout temps, la raison fut son lot :

Mais de là je conclus que l’homme est le plus sot.

 

Ces propos, diras-tu, sont bons dans la satire,

Pour égayer d’abord un lecteur qui veut rire :

Mais il faut les prouver. En forme. — J’y consens.

Réponds-moi donc, docteur, et mets-moi sur les bancs.

 

Qu’est-ce que la sagesse ? une égalité d’âme

Que rien ne peut troubler, qu’aucun désir n’enflamme,

Qui marche en ses conseils à pas plus mesurés

Qu’un doyen au palais ne monte les degrés.

Or cette égalité dont se forme le sage,

Qui jamais moins que l’homme en a connu l’usage ?

La fourmi tous les ans traversant les guérets,

Grossit ses magasins des trésors de Cérès ;

Et dès que l’aquilon ramenant la froidure,

Vient de ses noirs frimas attrister la nature,

Cet animal, tapi dans son obscurité,

Jouit l’hiver des biens conquis durant l’été.

Mais on ne la voit point, d’une humeur inconstante,

Paresseuse au printemps, en hiver diligente,

Affronter en plein champ les fureurs de janvier,

Ou demeurer oisive au retour du bélier.

Mais l’homme, sans arrêt dans sa course insensée,

Voltige incessamment de pensée en pensée :

Son cœur, toujours flottant entre mille embarras,

Ne sait ni ce qu’il veut ni ce qu’il ne veut pas.

Ce qu’un jour il abhorre, en l’autre il le souhaite. [...]

Commentaire composé

I) Comment Boileau conçoit-il la sagesse ?

 

La sagesse est, pour Boileau, une stabilité mentale : “une égalité d’âme”,  le fait de penser à son avenir avant de penser aux loisirs, “La fourmi [...] Grossit ses magasins des trésors de Cérès”, travailler durant une période heureuse pour profiter des conséquences dans des périodes moins faciles : “Cet animal, [...] Jouit l’hiver des biens conquis durant l’été.” Le sage est une personne contraire à l’homme, qui ne fait pas comme l’homme, qui, comme la fourmi travaille durement pour son futur bonheur. Boileau utilise une allitération en [s] donne un effet de fluidité et de fuite, tout comme le succès fuit des mains de l’homme, à cause de son manque de sagesse: “sans arrêt dans sa course insensée, Voltige incessamment de pensée en pensée”. Les Humains, non sages, ne trouveront jamais le bonheurs à cause de leur erreur de vivre toujours sur le moment présent puis de rêver au bonheur sans y accéder, tout ça pour des loisirs, des besoins secondaires. “Ce qu’un jour il abhorre, en l’autre il le souhaite.”

 

II) Quelle image donne-t-il de l’être humain ?

 

Boileau donne une image pessimiste de l'être humain, un être qui ne sait pas raisonner, moins intelligent que certains animaux, sages, “Un insecte [...] Un taureau qui rumine, une chèvre qui broute, [...] Ont l’esprit mieux tourné que n’a l’homme ? Oui, sans doute.”  L’humain n’est pas sage et pense qu'à vivre sur le moment présent au lieu de penser au futur, aux conséquences de ses actes. “ je conclus que l’homme est le plus sot”. Les fourmis sont plus sages que les hommes, elles pensent à leur futur, c’est leur instinct, alors que les hommes, qui pensent qu'à leurs plaisirs, se retrouvent dans des situations moins plaisantes dans les moments difficiles, et regrettent leur manque de réaction. “Mais l’homme,[...] Ne sait ni ce qu’il veut ni ce qu’il ne veut pas. Ce qu’un jour il abhorre, en l’autre il le souhaite.”  Les savants ont tort et peuvent être contredits par n’importe qui, ne sont pas sages. “Ces propos, diras-tu, sont bons dans la satire, [...] docteur, et mets-moi sur les bancs”.

L’homme éprouve des difficultés à s’en sortir dans la vie à cause de son inconstance : “Ce qu’un jour il abhorre, en l’autre il le souhaite.”

 

III) En quoi la forme poétique appuie-t-elle son argumentation ?

 

Les rimes permettent de mieux comprendre le message que Boileau veut nous transmettre, elles donnent un air musical, qui aide le lecteur à retenir le poème, et d’y penser. La forme poétique, d’un air comique, nous fait penser sur ce que dit l’auteur du poème, on essaye de comprendre l’auteur, elle appuie son argumentation. Nicolas Boileau fait comme un dialogue avec soi-même tout en parlant à un savant, ce qui rapproche le poème d’une fable. L’auteur peut utiliser dans son discours des questions rhétoriques permettant de transmettre le message plus facilement. Boileau utilise une allitération en [r], qui évoque, appuie sur le fait que l’homme a des difficultés à s’en sortir dans la vie.  L'allitération en [s] donne un effet de fluidité et de fuite, tout comme le succès fuit des mains de l’homme, à cause de son manque de sagesse, ne jamais s’autocritiquer, raisonner, afin de faire, comme dit l’auteur, le même procédé que les fourmis, travailler pour profiter : “sans arrêt dans sa course insensée, Voltige incessamment de pensée en pensée”.


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Commentaires: 4
  • #1

    Loukia (mercredi, 06 novembre 2019 16:01)

    Bonjour,
    Quelle pourrait être la problématique de ce texte ???

  • #2

    moi (mardi, 23 février 2021 12:35)

    bien

  • #3

    prof de français (mercredi, 24 février 2021 14:01)

    En quoi les animaux sont-ils supérieur aux humains

  • #4

    Gabriel (lundi, 05 avril 2021 13:27)

    Bonjour ,
    Qui parle a qui dans ce texte s'il vous plaît ?