Commentaire composé sur "la non demande en mariage" de Georges Brassens

Commentaire composé sur "la non demande en mariage" de Georges Brassens

Photo by Alyson McPhee on Unsplash
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Texte

Ma mie, de grâce, ne mettons

Pas sous la gorge à Cupidon

Sa propre flèche

Tant d'amoureux l'ont essayé

Qui, de leur bonheur, ont payé

Ce sacrilège... 

 

J'ai l'honneur de ne pas te demander ta main

Ne gravons pas nos noms au bas d'un parchemin

 

Laissons le champ libre à l'oiseau

Nous serons tous les deux priso-

Nniers sur parole

Au diable les maîtresses queux

Qui attachent les cœurs aux queues

Des casseroles! 

 

J'ai l'honneur de ne pas te demander ta main

Ne gravons pas nos noms au bas d'un parchemin

 

Vénus se fait vielle souvent

Elle perd son latin devant

La lèchefrite

A aucun prix, moi je ne veux

Effeuiller dans le pot-au-feu

La marguerite

 

J'ai l'honneur de ne pas te demander ta main

Ne gravons pas nos noms au bas d'un parchemin

 

On leur ôte bien des attraits

En dévoilant trop les secrets

De Mélusine

L'encre des billets doux pâlit

Vite entre les feuillets des li-

Vres de cuisine.

 

J'ai l'honneur de ne pas te demander ta main

Ne gravons pas nos noms au bas d'un parchemin

 

Il peut sembler de tout repos

De mettre à l'ombre, au fond d'un pot

De confiture

La jolie pomme défendue

Mais elle est cuite, elle a perdu

Son goût "nature"

 

J'ai l'honneur de ne pas te demander ta main

Ne gravons pas nos noms au bas d'un parchemin

 

De servante n'ai pas besoin

Et du ménage et de ses soins

Je te dispense

Qu'en éternelle fiancée

A la dame de mes pensées

Toujours je pense

 

J'ai l'honneur de ne pas te demander ta main

Ne gravons pas nos noms au bas d'un parchemin

 

 

Paroles de La non demande en mariage - Georges Brassens

Commentaire composé

I Une déclaration d’amour paradoxale

 

“J'ai l'honneur de ne pas te demander ta main

Ne gravons pas nos noms au bas d'un parchemin”: Ici, les phrases traditionnelles de la demande en mariage sont énoncées de façon négative. Cette formulation est surprenante car on comprend que c’est une déclaration d’amour mais qui refuse toutes les conventions sociales.

 

La métaphore entre l’oiseau et l’amour : “Laissons le champ libre à l'oiseau” exprime la nécessité de ne pas établir de règles dans l’amour.

 

“A aucun prix, moi je ne veux

Effeuiller dans le pot-au-feu

La marguerite” : L’humour présent dans ce passage permet d’exprimer son refus de laisser sa bien-aimée faire la cuisine, ce qui empêcherait le désir: “On leur ôte bien des attraits en dévoilant trop les secrets de Mélusine”.

 

“Il peut sembler de tout repos

De mettre à l'ombre, au fond d'un pot

De confiture

La jolie pomme défendue

Mais elle est cuite, elle a perdu

Son goût "nature"”: Le poète a une vision très érotisée de l’amour, il pense que l’entretien est très important.

 

“Qu'en éternelle fiancée

A la dame de mes pensées

Toujours je pense”: Le poète fait très clairement une déclaration d’amour éternel à sa bien-aimée. La fiancée est valorisée par rapport à la femme car elle n’a pas perdu ses charmes et mérite sans cesse qu’on la courtise puisqu’elle n’est pas acquise : “Ne gravons pas nos noms au bas d'un parchemin”.

 

 

II Une vision pessimiste du mariage

 

“Ma mie, de grâce, ne mettons

Pas sous la gorge à Cupidon

Sa propre flèche

Tant d'amoureux l'ont essayé

Qui, de leur bonheur, ont payé

Ce sacrilège…”: Le poète nous présente ici sa vision pessimiste du mariage avec humour, lorsqu’il reprend le thème du coup de foudre en le désacralisant: “ne mettons pas sous la gorge à Cupidon sa propre flèche”, il utilise le champ lexical du sacré: “Cupidon”, “sacrilège”, “de grâce” afin de montrer que le mariage est le meilleur moyen de tuer l’amour et qu’il faut donc désacraliser le mariage pour sauver l’amour qui lui est sacré.

 

“J'ai l'honneur de ne pas te demander ta main

Ne gravons pas nos noms au bas d'un parchemin”: On comprend que le poète considère le mariage comme une entrave, avec le mot “gravé”, comme sur un tombeau.

 

“Au diable les maîtresses queux

Qui attachent les cœurs aux queues

Des casseroles!”: Du moment où l’on se marie, le poète pense qu’il n’y a plus de passion.

 

“Vénus se fait vielle souvent

Elle perd son latin devant

La lèchefrite” : Pour le poète, les femmes qui cuisinent ne sont pas sexy.

 

 

III Une critique de la bourgeoisie

 

Laissons le champ libre à l'oiseau

Nous serons tous les deux priso-

Nniers sur parole

Au diable les maîtresses queux

Qui attachent les cœurs aux queues

Des casseroles! : Le mariage est perçu comme une prison pour la femme qui se retrouve enchaînée derrières ses fourneaux, qui se laisse aller et n’entretient plus le désir, “L'encre des billets doux pâlit

Vite entre les feuillets des li-

Vres de cuisine.”

 

“De servante n'ai pas besoin

Et du ménage et de ses soins

 

Je te dispense”: La femme mariée est considérée comme une servante soumise à son mari. C’est une situation que le poète trouve révoltante, il adresse un message aux femmes de ne plus accepter ça et aux hommes de ne plus le faire subir à leurs épouses. On dirait presque que les hommes s’achètent une femme de ménage grâce au mariage : “Ne gravons pas nos noms au bas d'un parchemin”.


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