Commentaire composé de Soleils couchants de Victor Hugo dans les Feuilles d'automne

Commentaire composé de Soleils couchants de Victor Hugo dans les Feuilles d'automne

Photo by Todd Diemer on Unsplash
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Texte

Soleils couchants

 

 

 

Le soleil s'est couché ce soir dans les nuées ;

 

Demain viendra l'orage, et le soir, et la nuit ;

 

Puis l'aube, et ses clartés de vapeurs obstruées ;

 

Puis les nuits, puis les jours, pas du temps qui s'enfuit !

 

Tous ces jours passeront ; ils passeront en foule

 

Sur la face des mers, sur la face des monts,

 

Sur les fleuves d'argent, sur les forêts où roule

 

Comme un hymne confus des morts que nous aimons.

 

Et la face des eaux, et le front des montagnes,

 

Ridés et non vieillis, et les bois toujours verts

 

S'iront rajeunissant ; le fleuve des campagnes

 

Prendra sans cesse aux monts le flot qu'il donne aux mers.

 

Mais moi, sous chaque jour courbant plus bas ma tête,

 

Je passe, et, refroidi sous ce soleil joyeux,

 

Je m'en irai bientôt, au milieu de la fête,

 

Sans que rien manque au monde immense et radieux !

 

 

 

Victor Hugo, Les Feuilles d'Automne

 


Commentaire composé

 

 

  1. La souffrance du poète vieillissant

 

Rimes croisées qui évoquent une opposition, un conflit, une difficulté.

 

Alternance de rimes féminines [e] et masculine, (tous les autres sons) : idem.

 

v1 Le soleil s'est couché ce soir dans les nuées ; : allitération en [s] qui exprime la souffrance, le thème du soleil couchant évoque la vieillesse, voire la mort dès le premier vers.

 

v2 Demain viendra l'orage, et le soir, et la nuit ; : il sait qu’il va continuer à vieillir et qu’à terme il mourra

 

v3-v4 Puis les nuits, puis les jours, pas du temps qui s'enfuit ! : le point d’exclamation évoque une émotion forte de souffrance.

 

v5-6 enjambement pour donner l’impression que le temps est rallongé

 

v5 Tous ces jours passeront ; ils passeront en foule : chiasme avec allitération en  [s] pour insister sur la fatalité du temps qui passe.

 

Mais moi, sous chaque jour courbant plus bas ma tête,

 

Je passe, et, refroidi sous ce soleil joyeux,

Je m'en irai bientôt, au milieu de la fête,

Sans que rien manque au monde immense et radieux ! : mais moi détaché à gauche insiste sur l’opposition entre la situation du poète et la situation de la nature. Le rythme devient saccadé par opposition au rythme ample soutenu par les enjambements pour parler de la nature. Ici on ressent la respiration haletante du poète en fin de vie qui semble chercher son souffle. Il nous dit encore qu’il courbe la tête donc il vieillit, puis il s’identifie carrément à un mort “refroidi”. Il a conscience qu’il va mourir “bientôt” mais que la nature restera “en fête”, toujours radieuse et comme indifférente à son sort. Pourtant cette indifférence n’est pas vécue négativement car le poète s’intègre dans le projet divin.

 

 

2) La nature radieuse : une vision romantique de la nature

 

Poème écrit en alexandrins, vers noble et solennel pour témoigner du respect.

 

v3 Puis l'aube, et ses clartés de vapeurs obstruées ; : la nature est supérieure car après la mort du poète elle renaîtra tandis que lui disparaîtra.

 

v4 Puis les nuits, puis les jours, pas du temps qui s'enfuit ! : il évoque le cycle de l’éternel recommencement à travers la répétition de “puis

 

Tous ces jours passeront ; ils passeront en foule

 

Sur la face des mers, sur la face des monts,

 

Sur les fleuves d'argent, sur les forêts où roule

 

Comme un hymne confus des morts que nous aimons. : thème hyper romantique de la mélancolie liée à la tristesse d’être séparé des défunts que nous avons aimés mais qui sont toujours présents dans la nature

 

Et la face des eaux, et le front des montagnes,

 

Ridés et non vieillis, et les bois toujours verts

 

S'iront rajeunissant ; : personnification de la nature divinisée. Il distingue les rides qui sont des marques de sagesse symboliquement, de la vieillesse qui est un vieillissement de l’esprit. Donc là il nous dit qu’on peut vieillir sans rien perdre de ses facultés intellectuelles et au contraire devenir sage à l’image de la nature. Donc la nature (Dieu) nous permet de transcender notre condition humaine qui est de mourir, pour accéder à un plan supérieur de conscience en harmonie avec la nature et donc l’éternité.De plus la nature a la faculté de remonter le temps et de rajeunir.

 

le fleuve des campagnes

Prendra sans cesse aux monts le flot qu'il donne aux mers.: enjambement qui reprend l’idée du cycle et de l’éternel recommencement.

 

Sans que rien manque au monde immense et radieux ! : admiration romantique pour la Création parfaite et éternelle.

 


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